Chapitre 02
Après quelques heures de vol en première classe (la totale...), nous voilà donc arrivés à destination. Le Cap-Vert, une île paradisiaque dont je ne garde que des souvenirs merveilleux. Durant tout le trajet, mon mari a été extrêmement attentionné. J’ai cru reconnaître le jeune homme que j’avais connu à la sortie de l’université. Il s’inquiétait de mon bien-être, me proposait toutes sortes de choses. Il m’a surprise.
En arrivant à l’hôtel, la beauté des bâtisses me coupe le souffle. Quel dépaysement ! L’édifice se dresse fièrement dans un style un peu oriental au milieu de ce qui ressemble à une forêt de palmiers, tous plus majestueux les uns que les autres. J’ai l’impression d’admirer un véritable palais. Rien à voir avec le modeste établissement dans lequel nous avions séjourné durant notre jeunesse ! Les fleurs exotiques ressemblent à des tâches de peinture éclatantes et pleines de vie dans ce tableau déjà sublime. Il a donc fait cet effort pour moi ? Je regarde son profil que je pensais connaître par cœur. La chaleur tropicale de l'île nous enveloppe doucement. Il est toujours aussi beau. Il se tourne alors vers moi en souriant et ses yeux brillent d’une fierté qui lui va bien.
- Cet hôtel est le plus beau que j’aie trouvé à t’offrir. Tu es la plus belle personne qui m’ait été donné de connaître dans ma vie. Tes vacances te plaisent-elles pour l’instant ?
- Tout est magnifique ! lui dis-je pour répondre à son sourire.
J’ai l’impression qu’il s’est donné beaucoup de mal pour nous organiser cette escapade en amoureux. Il me prend la main et m’entraîne vers l’accueil. Nous n'avions pas eu ce geste l'un pour l'autre depuis une éternité. Le hall entièrement recouvert de mosaïque à influence orientale me paraît tout aussi gigantesque que le bâtiment en lui-même. L’espace immense est agencé de façon intelligente. Des fauteuils y sont dispersés, le comptoir de l’accueil s’étend sur presque toute la longueur de l’entrée, des palmiers donnent de la hauteur à l’ensemble, ça et là. De grands tableaux aux motifs marins complètent cette harmonie. Je découvre ce faste exotique les yeux écarquillés malgré moi.
Mon mari revient rapidement vers moi, toujours aussi fier et gai.
- Je t'ai réservé un massage au spa de l'hôtel. Tu peux y aller directement : tout est déjà prêt ! Je t'attendrai dans l'autre partie du centre, me dit-il en m'embrassant tendrement sur la joue.
Je n'ai pas le temps de réaliser ce que je viens d'entendre car une charmante hôtesse aux yeux en amande s'approche et propose de m'accompagner à la salle de massage. Je la suis sans mot dire, en apercevant mon homme du coin de l'œil se rendre d'un pas guilleret à l'espace détente qu'il s'est choisi. Quand je pénètre dans la pièce que l'hôtesse m'indique, je me retrouve littéralement immergée dans un nuage de vanille et de coco. Mes parfums favoris... Tout est en bois exotique, et quelques fleurs se prélassent dans cet espace confiné et douillet. Tout ici appelle à la zénitude. Je suis à la fois étonnée et ravie de savoir ce qui m'attend. Mais, allongée sur la table de massage, nue sous une serviette qui me semble trop petite pour moi, je ne parviens pourtant pas à me relaxer. Je n'ai pas pris soin de moi depuis des années, et me retrouver dans le plus simple appareil devant une parfaite inconnue me gêne tout à coup. Toutefois, quelques minutes après, sous les mains expertes d'une jeune femme à la voix douce, mon corps relâche peu à peu les tensions accumulées, et je me surprends à sourire plus naturellement qu'auparavant. Je me dis alors que ces vacances commencent plutôt bien...
Mon massage étant (déjà) terminé, j'enfile en vitesse mon maillot (mais comment s'est-il retrouvé ici ?!), un peignoir, et emboîte le pas à la même hôtesse qui m'ouvre la porte sur un coin en extérieur où attend mon mari, confortablement installé dans un bain à remous privatif encadré par deux murs en pierres taillées, sans aucun vis-à-vis...
- Alors, ce massage ? me demande-t-il.
Je me souviens soudain qu'il en est à l'origine.
- Oh, c'était délicieux, merci beaucoup ! lui dis-je, plus détendue.
- Super ! Rejoins-moi dans ces bulles, maintenant !
Je le regarde un instant, et fais rapidement glisser mon peignoir pour disparaître dans ce bain à ses côtés. Ce massage m'a fait reprendre conscience de l'existence de mon corps, et c'est encore trop récent pour que je lâche prise complètement. Je prends volontiers la coupe de champagne qu'il me tend, et en bois une gorgée. Il m'enlace doucement, et nous restons ainsi sans mot dire quelques minutes. Puis il passe doucement son nez dans mes cheveux. Je me laisse faire. Je dois faire un effort pour lui.
- Je te trouve très belle, me chuchote-t-il.
- Tu ne me l'avais pas dit depuis longtemps, lui dis-je calmement.
- Je sais. Je suis désolé. Je me suis dit que revenir sur cette île nous ramenerait des souvenirs heureux et insouciants qu'on avait peut-être oubliés. Nous nous sommes mariés, trois beaux enfants sont arrivés et la vie quotidienne a pris le dessus. Nous nous sommes oubliés et j'avais moi aussi besoin de prendre l'air.
- Tu as bien fait. C'est magnifique. Et ce massage était divin.
- Tu le mérites bien.
Quelques minutes s'écoulent encore en silence quand, délicatement, il me caresse la joue et m'embrasse avec timidité. Je crois qu'il a peur que je le repousse. Et j'en ressens un pincement au cœur. Front contre front, il plonge ses yeux foncés dans les miens.
- Tu es d'accord pour que nous considérions ce séjour comme une seconde lune de miel ?
Je ne peux pas le lui refuser. Je hoche alors la tête, lui souris, et l'embrasse doucement. Je sens son corps se détendre.
- Bien. Si ça te dit, nous pouvons nous habiller en vitesse et aller manger sur le pouce au bord de la plage ?
- Avec plaisir.
C'est ainsi que nous nous retrouvons encore main dans la main à parcourir le bord de l'eau en mangeant de la street food locale. Les pieds dans le sable, j'adore ce moment. Quelques pêcheurs déposent leurs barques après une grosse matinée de travail. Tout respire la vie tranquille ici. Mon mari me passe la main dans le dos et reste toujours aussi attentionné. Il commence à m'attendrir.
De retour à l'hôtel, je découvre qu'il me réserve encore des surprises. La chambre qu'il a choisie est en réalité une suite, tout confort. L'atmosphère générale y règne dans des tons chauds, bruns et douillets. Le centre de la chambre est magnifié par une suspension ouvragée en fer forgé. Sublime. Le lit est immense, parsemé de pétales de fleurs, et la baie vitrée surmontée de grands rideaux aux motifs ethniques nous offre une vue imprenable sur la plage turquoise et ses palmiers. La salle de bain pourrait accueillir notre famille toute entière, et le salon ressemble presque à un cabinet de ministre. Je repose les yeux sur mon homme. Son regard brille d'une lueur que je n'avais pas reconnue depuis une éternité. Voyant mon étonnement, il me sourit, s'approche de moi et m'enlace tendrement. Toute l'appréhension et le stress de cette situation s'évanouissent soudain de mon corps. Il a organisé tout ce voyage pour moi. Pour nous. Je ressens tout à coup le besoin de dormir un peu... avec lui, peut-être ?
- Tout ceci est merveilleux, lui dis-je. Que dirais-tu de faire une sieste pour profiter encore plus intensément du reste de la journée?
- Tout ce que tu voudras, ma chérie, me chuchote-t-il.
Alors il me prend la main et, allongés tous les deux, m'entoure de ses bras forts et passe le nez dans mes cheveux. Pour la première fois depuis longtemps, il me rassure. Je recommence à me sentir en sécurité en sa compagnie.
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