Vagues d'indignations

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Quelques jours après la terrible soirée, l’horreur du massacre à Ashlow s’est transformée en un véritable cirque médiatique. Les amis et camarades d’Addison, se sont retournés contre elle. Les rumeurs, les accusations ont envahi les réseaux sociaux, la tragédie s'est transformée en un torrent de haine. Des montages grossiers de photos d’Addison circulent sur toutes les plateformes, la montrant sous un jour sordide. Des images la représentent souriante à côté des corps ensanglantés de Sandy et Steeve. Des slogans cruels l'accusent d’être responsable de leur mort. Des hashtags comme #AddisonLaTueuse ou #SandyVengeance deviennent viraux, alimentés par une population lycéenne avide de sensationnel. Addison, encore fragile et profondément traumatisée par les événements, découvre cette déferlante de haine en se réveillant tous les matins. Son téléphone vibre sans arrêt, des notifications incessantes venant d’Instagram, TikTok, Twitter. Elle a peur de regarder, mais une part d’elle-même veut comprendre ce qui se passe. En ouvrant ses applications, elle est accueillie par une avalanche de commentaires cruels et de menaces.

"Pourquoi tu n’es pas morte à leur place ?"

"C’est toi qui les as attirés dans ta maison, tu es complice !"

"Tu es la prochaine sur la liste, profite bien de tes derniers jours…"

Les menaces de mort sont explicites, la frappe comme un coup de massue sur le crâne. Ses mots, ses images, amplifie sa douleur. Elle se dit que ce ne sont que des mots, que ce ne sont que des gens cachés derrière des écrans, mais l’impact est bien réel. Elle jette son téléphone sur le lit, le souffle coupé, des larmes brûlantes roulent sur ses joues. Sa chambre est devenue une prison étouffante. Elle se sent encerclée, piégée par la réalité et par le monde virtuel. L'angoisse monte en elle, ses mains tremblent. Elle tente de contrôler sa respiration, mais les images horribles et les mots vicieux lui collent à la peau.

— C’est ma putain de faute, se répète-t-elle en boucle. Si je n’avais pas organisé cette soirée…

Soudain, elle entend des pas lourds monter les escaliers. Lindsay entre dans la pièce, la mine fatiguée et inquiète. Elle a remarqué qu'Addison ne descend plus, ne mange plus, s'enferme de plus en plus dans le silence. Lindsay s'approche doucement pour briser cette bulle de souffrance dans laquelle Addison s’est enfermée.

— Addison ma chérie, il faut qu’on parle.

Addison, assise sur son lit, ne répond pas. Elle garde les yeux fixés sur le sol, ses bras serrés autour d’elle comme si elle tentait de se protéger du monde extérieur. Lindsay avance doucement et s'assoit à côté d'elle, posant une main réconfortante sur son épaule.

— Je sais que c’est difficile. Ce qui s'est passé… c'était un cauchemar, pour toi. Mais tu ne peux pas continuer à te laisser consumer par ça.

Addison reste silencieuse, ses larmes continuent de couler en silence. Lindsay soupire, elle sent la frustration et la peur monter en elle. Elle a déjà perdu son mari il y a des années, et maintenant elle voit sa fille sombrer. Elle refuse de rester impuissante.

— Tu dois te battre, Addie. C’est ce que Sandy et Steeve auraient voulu. Tu ne peux pas laisser ces idiots sur Internet te détruire.

Ces mots frappent Addison de plein fouet, une vague de colère monte en elle. Elle essuie brusquement ses larmes et se redresse, la rage prenant le dessus sur la tristesse.

— Tu crois que je m’en fiche de ce qu’ils auraient voulu ? crie-t-elle, sa voix tremblante. Ils sont morts, maman ! Mort à cause de moi ! Si je n’avais pas organisé cette foutue soirée, ils seraient encore en vie !

Lindsay recule légèrement, surprise par l’intensité de la réponse de sa fille. Mais elle refuse de la laisser sombrer dans la culpabilité.

— Non, Addison. Ce n’est pas ta faute. Le seul responsable, c’est TLK. Pas toi.

— Comment tu peux dire ça ? hurle Addison, ses poings se serrant si fort que ses jointures blanchissent. J’ai organisé cette soirée pour l'attirer, pour l'attraper... et il a tué Sandy et Steeve à cause de moi ! C’est moi qui les ai piégés dans cette maison. Je suis la seule responsable.

Lindsay secoue la tête, ses traits se crispant sous l’émotion.

— Addison, tu ne peux pas prendre cette responsabilité sur toi.

— C’est facile pour toi de dire ça ! crache Addison, sa voix cassée par les pleurs. Tu n’étais pas là quand il a... quand il les a tués juste sous mes yeux ! Je n’ai rien pu faire… Je… je l'ai juste regardé faire, comme une lâche.

Elle enfouit son visage dans ses mains, les larmes coulant de plus belle, son corps secoué par des sanglots incontrôlables. Lindsay tente de la prendre dans ses bras, mais Addison se débat.

— Laisse-moi tranquille, maman. Juste… laisse-moi.

Lindsay sent son cœur se briser. Elle a toujours été une figure forte dans la vie d’Addison, mais en cet instant, elle se sent impuissante, incapable de l’aider. Elle se redresse lentement, ses propres émotions débordant sous la surface.

— Je ne peux pas te laisser comme ça, Addie.

Addison, le visage rougi par les larmes, la fixe avec des yeux désespérés.

— Qu’est-ce que tu vas faire, hein ? Arrêter tous les idiots qui me harcèlent ? Effacer ces montages horribles sur moi ? Ou mieux, arrêter TLK comme tu n’as pas réussi à le faire depuis le début de cette affaire !

Le silence tombe dans la pièce comme un couperet. Lindsay se fige, blessée par les mots de sa fille, mais elle sait que c’est la douleur qui parle. Pourtant, cette accusation, aussi injuste soit-elle, l’affecte profondément.

— Je fais ce que je peux pour te protéger, Addison. Ce n’est pas facile pour moi non plus. Je suis ta mère, et te voir comme ça me détruit.

Addison détourne les yeux, trop épuisée pour continuer à crier, mais encore trop en colère pour accepter l’aide de sa mère.

— Alors fais quelque chose d’utile, murmure-t-elle, la voix brisée. Retrouve-le. Retrouve TLK avant qu’il ne revienne. Parce qu’il va revenir, je le sais.

Lindsay prend une profonde inspiration, son regard durci par la détermination. Elle sait que sa fille est terrifiée, acculée par la peur et la culpabilité. Et elle sait aussi qu'elle ne peut pas rester inactive. Elle doit agir.

— Je le trouverai, Addie, promet-elle d’une voix ferme. Je te le promets.

***

Les jours passent et Addison n'a toujours pas pointé le bout de son nez dehors. Encore une journée à rester cloîtrée dans sa maison. Mais une agitation persistante règne devant la maison des Moon. Depuis la tragédie, les journalistes ne cessent de camper devant la résidence, leurs caméras pointées en permanence sur la porte d’entrée, à l'affût du moindre mouvement. Des vans de chaînes locales sont stationnés le long du trottoir, leurs logos lumineux se détachent dans la lumière faiblissante. Les reporters, microphones en main, discutent entre eux en attendant leur prochaine prise. L’affaire de TLK et des meurtres brutaux de Sandy et Steeve ont attiré une attention nationale, et Addison est devenue, bien malgré elle, le centre de cette tragédie.

La jeune fille, depuis sa chambre, les observe à travers le rideau entrouvert, le visage marqué par la fatigue. Les commentaires haineux sur les réseaux sociaux, les montages cruels, et les menaces incessantes l'ont poussée au bord du gouffre. Mais malgré la douleur qui la ronge, une nouvelle émotion commence à émerger en elle : la rage. Elle en a assez de se cacher. Elle en a assez de rester passive, à subir les accusations et les jugements. Elle doit faire quelque chose.

En bas, sa mère, Lindsay, a strictement interdit tout contact avec la presse. Le shérif sait à quel point les médias peuvent être cruels et manipulateurs. Mais Addison n’en peut plus. Elle a besoin de parler, de s’exprimer, de dire au monde ce qu’elle ressent vraiment.

Elle sort discrètement de sa chambre, traverse le couloir en retenant son souffle pour ne pas alerter sa mère, qui est en bas, occupée à passer un appel important. Ses mains tremblent légèrement à l'idée de ce qu'elle s'apprête à faire, mais elle veut le faire. La gorge serrée, elle attrape la poignée de la porte d'entrée et l'ouvre doucement. Dès qu’elle franchit le seuil de la maison, les journalistes s’animent. Les caméras se tournent immédiatement vers elle, et des flashs crépitent dans l’air.

"Miss Moon ! Addison ! Un commentaire sur l’enquête ?!"

"Addison, que pouvez-vous nous dire à propos de TLK ?"

Les voix fusent de toutes parts, et Addison sent le poids de leur attention. Mais elle ne se laisse pas déstabiliser. Le visage fermé, elle descend les marches de la maison et avance vers les journalistes. Ils forment un cercle autour d’elle, les micros tendus, prêts à capter la moindre de ses paroles.

Elle inspire profondément. Son cœur bat à tout rompre, mais elle ne doit pas flancher.

— Je vais dire ce que j’ai à dire. Sa voix tremble légèrement, mais elle continue. Vous avez tous entendu les rumeurs, vous avez tous vu les horribles choses qu’on dit de moi. Mais je ne suis pas là pour me défendre.

Elle s’arrête un instant, cherche ses mots, puis continue.

— Je suis ici pour faire une promesse. Les caméras se rapprochent, et le silence se fait presque religieux autour d’elle. TLK a tué mes amis. Il a tué Megan, Cassie, et Sandy. Et je vous promets que je l’attraperai. Je rendrai justice à leurs familles, coûte que coûte. Je ne me cacherai plus. Et je ne me tairai plus."

Les journalistes murmurent entre eux, surpris par la détermination d’Addison. Ses mots sont empreints de colère, mais aussi d'une conviction inébranlable.

— TLK ne s’en tirera pas comme ça. conclut-elle, le visage dur, ses yeux brillants d'une rage contenue. J’en fais un devoir.

Mais avant qu’elle ne puisse ajouter quoi que ce soit, une voix perçante se fait entendre dans la foule.

— COMMENT OSES-TU !

Summer Price, la mère de Sandy, fend la foule avec une rage palpable. Son visage est ravagé par le chagrin et la colère. Elle est méconnaissable, ses yeux injectés de larmes et de fureur. Elle s’approche d’Addison avec une rapidité que personne n’avait anticipée.

— C’est toi qui l’as tuée ! hurle Summer, la voix brisée. C’est à cause de toi que ma fille est morte !

Les journalistes, toujours avides de drame, braquent immédiatement leurs caméras sur la scène. Addison, surprise et choquée, tente de reculer, mais Summer s'avance violemment vers elle, la main levée.

La gifle claque avec une force qui coupe l’air. Addison titube légèrement sous le choc, sa joue brûlante là où la main de Summer l’a frappée. Le souffle coupé, elle reste pétrifiée, incapable de répondre, les yeux remplis de larmes contenues.

— Tu l’as attirée dans cette fête, tu l’as exposée à ce monstre ! crie Summer, sa voix déchirante. Tu aurais dû mourir à sa place !

Le monde autour d’Addison vacille. Les mots de Summer la transpercent comme des lames, toutes ses accusations ravivent sa culpabilité. Elle ne sait pas quoi dire, comment se défendre. Elle ne sait même pas si elle le veut. Peut-être que Summer a raison. Peut-être que tout est de sa faute.

Mais avant que la situation ne puisse dégénérer davantage, une autre voix très furieuse se fait entendre. Lindsay Moon, qui a vu toute la scène depuis la porte de la maison, surgit, ses traits marqués par une colère glaciale.

— Summer ! Arrête tout de suite !

Lindsay s’approche d’un pas rapide et déterminé, sa main déjà sur ses menottes. Elle attrape fermement le bras de Summer avant qu’elle ne puisse réagir.

— Ça suffit. Je t’embarque !

Les journalistes, stupéfaits, filment l’altercation sans y laisser la moindre miettes. Lindsay, le visage fermé, claque les menottes autour des poignets de Summer sous le regard choqué de la foule.

— Summer Price, vous êtes en état d’arrestation pour coups et violences sur une mineure.

Summer, le visage défiguré par le chagrin, se débat légèrement, ses cris étouffés par des sanglots incontrôlables.

— Elle a tué ma fille… Elle l’a tuée… murmure-t-elle encore et encore, ses jambes faiblissent sous elle. Mais Lindsay reste inflexible.

— C’est fini. Sa voix est calme, mais ferme.

Elle entraîne Summer vers la voiture de police stationnée à l’écart, les caméras capturant chaque mouvement. Addison, toujours figée, porte une main tremblante à sa joue, là où la gifle l’a frappée. Elle regarde sa mère s'éloigner, menottant la mère de Sandy sous les regards curieux et les flashs des appareils photo. La porte de la voiture claque, et la scène retombe dans un silence pesant.

Addison, complètement ébranlée, reste plantée là, au milieu de la foule de journalistes. Elle veut disparaître, fuir cette situation, fuir ce monde qui semble s'effondrer autour d’elle. Elle repense à Timadie, à son absence. Elle l’a appelée des dizaines de fois ces derniers jours, mais chaque appel est resté sans réponse.

— Pourquoi tu ne répond pas Timadie ?

La seule personne qui pourrait comprendre ce qu’elle traverse l’a abandonnée. Solitude. C’est le mot qui tourne dans son esprit alors qu’elle sent les larmes couler de nouveau, sans pouvoir les arrêter.

***

Les jours qui suivent l'arrestation de Summer Price sont un véritable enfer pour Addison. Non seulement elle doit faire face à la perte de ses amis et au harcèlement des réseaux sociaux, mais maintenant, la rumeur enfle : Addison est peut-être complice de TLK. Les théories complotistes inondent les discussions au lycée, dans la ville d’Ashlow, et même sur les chaînes de télévision. Certains médias entretiennent l'idée que son insistance à organiser cette fête malgré le couvre-feu n'était pas innocente, qu'elle aurait agi de concert avec le tueur pour attirer des victimes. Les commentaires vicieux et les messages haineux ne font que se multiplier. Addison, autrefois victime de cette tragédie, est en train de devenir la coupable aux yeux de tous.

Elle sent le regard lourd des gens sur elle chaque fois qu'elle sort. Des murmures l'accompagnent dans la rue. Ses camarades d’école l’évitent comme la peste, les adultes la regardent avec une suspicion mal dissimulée. Timadie ne lui parle plus. Elle ignore toujours les appels d'Addison, et son silence est plus douloureux que tous les commentaires méprisants qu’elle reçoit. Même sa mère, Lindsay, est plus distante, plongée dans son rôle de shérif et préoccupée par l’enquête. Le fossé entre elles ne fait que s’agrandir de jour en jour. Addison passe la majorité de son temps enfermée dans sa chambre, où elle cherche à se couper du monde extérieur. Mais à chaque fois qu’elle tente de trouver un répit, une nouvelle vague de messages arrive, encore plus cruelle que la précédente. Elle a arrêté de consulter ses réseaux sociaux, mais cela n'empêche pas les rumeurs de la dévorer de l’intérieur.

C’est un soir, alors qu’elle est allongée dans son lit, les yeux rivés sur le plafond, qu’elle entend son téléphone vibrer. Elle soupire, persuadée que ce n’est qu’une énième notification toxique ou un message d’un numéro anonyme. Elle attrape son téléphone machinalement, prête à l’ignorer, jusqu’à ce qu’elle remarque quelque chose d’étrange.

Numéro masqué.

Son cœur rate un battement. Pendant quelques secondes, elle reste figée, le téléphone dans la main, elle hésite à répondre. Quelque chose en elle sent que cet appel n’a rien de normal. Pourtant, comme attirée par une force qu’elle ne comprend pas, elle glisse lentement son doigt sur l’écran pour décrocher.

— Allô ? Sa voix tremble légèrement, bien qu’elle tente de la rendre stable.

Un silence oppressant s’installe à l’autre bout du fil, un silence qui semble durer une éternité. Puis, une voix grave et déformée par un modulateur se fait enfin entendre. Une voix qui la glace jusqu'aux os.

— "Bonsoir, Addison."

Elle se redresse brusquement dans son lit, le souffle coupé. TLK. Il n’y a aucun doute possible. C’est lui. Elle serre le téléphone contre son oreille, l’esprit en ébullition. Elle se sent piégée, comme un animal acculé.

— Qu’est-ce que tu veux ? Sa voix est plus dure cette fois, mais à l’intérieur, la peur la ronge.

Un rire froid, mécanique, résonne dans l’écouteur, amplifiant l’horreur du moment.

— "Tu sais très bien ce que je veux. Sa voix est douce, presque amusée. Te voir souffrir ! Tu m’as tendu un piège, Addison. Une soirée d’anniversaire… rien que pour moi. Très ingénieux et flatté. Mais tu as échoué. Et maintenant, tout le monde pense que tu es de mon côté. Quelle ironie, tu ne trouves pas ?"

Addison serre les dents, la rage montant en elle. Elle ne peut pas le laisser la manipuler.

— Je ne suis pas comme toi.

Oh, mais si, Addison… tu l’es. Pourquoi crois-tu que je t’ai épargnée, cette nuit-là ? Pourquoi, à ton avis, je t’ai laissé en vie ? Nous avons plus en commun que tu ne veux l’admettre.

Ces mots la frappent comme une gifle. Son esprit se met à tourner, cherchant à comprendre la logique tordue du tueur. Pourquoi l’a-t-il laissée vivre ? Cette question, qu’elle s’était toujours posée, refait surface avec une violence inouïe.

— Tu n’es qu’un monstre.

Il y a une longue pause à l'autre bout du fil. Puis, sa voix revient, plus calme, plus sinistre.

"Peut-être. Mais je suis un monstre qui sait jouer. Et maintenant, Addison, tu fais partie du jeu. Tu as une mission à accomplir, même si tu refuses de le voir pour l’instant."

— Je ne ferai jamais partie de ton jeu. Je vais te faire souffrir et te tuer.

Le silence qui suit est encore plus oppressant que les mots. Addison sent son cœur battre dans sa poitrine, ses mains devenant moites autour de son téléphone. Elle se prépare à entendre une menace, quelque chose de terrible… mais ce qu’il dit ensuite la laisse complètement sans voix.

— "On se reverra très bientôt, Addison. Après tout, tout ça ne fait que commencer."

Puis, avant qu’elle ne puisse répondre, la ligne se coupe brusquement. Addison reste figée, l’écran de son téléphone affichant "Appel terminé". Ses mains tremblent. Addison laisse tomber le téléphone sur le lit. Sa gorge est sèche, son esprit est envahi par un mélange de terreur, d’incrédulité. TLK vient de la contacter. Mais elle ne peut pas en parler à sa mère. Lindsay la mettrait en quarantaine, la surveillerait constamment, ou pire encore, l’accuserait elle aussi d’être complice. Et si quelqu’un découvre cet appel, cela ne ferait que renforcer les rumeurs déjà présentes dans l’esprit de tout le monde : qu’Addison est en réalité liée au tueur, qu’elle est sa complice, voire son alliée.

Assise sur son lit, Addison regarde son téléphone, hésitant à l'allumer. Depuis l'appel du tueur, elle a coupé tout contact, refusant d'affronter les messages et notifications qui continuent de s'accumuler. Elle a l'impression d'être prise au piège, seule dans cette guerre qu'elle n’a jamais voulu mener. Elle repense à cette voix glaçante qui l’a tant perturbée. Malgré tout, elle ne peut pas ignorer le monde extérieur pour toujours. Addison prend une profonde inspiration, attrape la télécommande et allume la télévision, espérant se distraire avec des informations locales. Le journal télévisé apparaît à l'écran, le présentateur égrenant les nouvelles habituelles de la région. Addison laisse les mots défiler sans vraiment les écouter, encore trop perdue dans ses pensées. Mais soudain, un titre accroche son attention.

FLASH INFO : DISPARITION INQUIÉTANTE DE DEUX LYCÉENS D’ASHLOW.

Le visage d’Addison se fige. Elle se redresse, ses yeux sont fixés sur l’écran, incapable de détourner le regard.

"Nous venons d'apprendre la disparition préoccupante de deux jeunes lycéens, Thomas Washington et Jasmyn Hill," annonce le présentateur d’une voix grave. "Ils ont été vus pour la dernière fois lors de la soirée organisée par Addison Moon, juste avant les tragiques événements qui ont coûté la vie à Sandy Price et Steeve Cheng. Depuis, leurs familles sont sans nouvelles. Les autorités locales sont en alerte et appellent toute personne ayant des informations à les contacter immédiatement."

Une image de Thomas Washington et Jasmyn Hill apparaît à l’écran, souriant, pris en photo bien avant que cette nuit cauchemardesque ne change tout. Addison les reconnaît instantanément, et un frisson glacial traverse son corps. Ils ont disparu ? Depuis la soirée ? Comment est-ce possible ? Elle ferme les yeux, des fragments de souvenirs lui reviennent en tête : Thomas et Jasmyn, dans le jardin, se dispute à un moment, puis s’éloigne ensemble dans la foule. Mais après ça… elle ne se souvient de rien de précis.

Le journaliste continue de parler, mais Addison n’entend plus rien. Ses pensées tournent à toute vitesse. Ils sont partis juste avant le début de la soirée meurtre de Sandy et Steeve. Est-ce que TLK les aurait pris aussi ? Ou les aurait-il laissés partir pour les traquer ailleurs ? Et s’ils étaient déjà morts ? La peur la prend à la gorge, la même que lorsqu'elle avait entendu cette voix au téléphone. TLK. Il a mentionné que tout ne faisait que commencer. Est-ce que cela signifie qu'il a déjà frappé de nouveau ?

Elle s'effondre sur le lit, le souffle court. Elle essaie de se calmer, mais ses mains tremblent, et elle sent que le sol sous ses pieds est en train de s’effondrer. Elle a gardé ce premier contact secret, mais maintenant… que faire ? Elle devrait en parler à sa mère, mais Lindsay est déjà tellement prise par son travail, et leur relation est plus tendue que jamais. Après leur dernière dispute, l'idée même de parler à sa mère semble impossible. Elle ne comprendrait pas, et encore moins lui pardonnerait de ne pas avoir révélé l'appel plus tôt. Et si tout le monde apprenait qu’elle avait parlé à TLK ? Cela ne ferait que confirmer aux yeux du monde qu'elle est complice. Non, elle doit gérer ça seule. Des pensées noires s'emparent d'elle. Peut-être qu'elle aurait dû mourir cette nuit-là, à la place de Sandy et Steeve. Peut-être qu'en restant en vie, elle met encore plus de gens en danger. Sa culpabilité grandit à chaque nouvelle disparition.

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