Prologue
Au volant de la voiture, j'avançais sur la route; ce n'était pas une route très utilisée, c'était plutôt le genre de route où personne ne passe; le genre de route où les arbres se succèdent et empêchent de voir les petits chemins qui rejoignent cette route; le genre de route rectiligne qui ne semble pas avoir de fin; le genre de route ou les gens ne font pas attention à la vitesse à laquelle ils roulent.
À ce moment là, je faisais partis de ce genre de personne, ceci est arrivé il y seulement quelques heures, du moins, c'est l'impression que j'ai.
Comme je le disais précédemment, je ne faisais pas attention, j'avançais et c'est là que je l'ai vu. À une vingtaine de mètres de moi, se trouvait une petite route rejoignant la mienne. Le problème ce n'était pas cette petite route mais plutôt le trente tonnes dont le chauffeur semblait avoir décidé de tourner avant que j'arrive à sa hauteur. Si on suit la logique des choses, il ne doit pas avoir eu le temps de tourner ; et il ne l'a pas eu puisque une vingtaine de mètres ne suffisent pas à arrêter une voiture en plein élan et aussi tout simplement car je n'ai rien fait pour l'éviter, je l'ai vu arriver mais je n'ai rien fait.
Il était arrivé à la moitié de sa manœuvre quand je l'ai percuté, l'avant de la voiture l'a frappé avec violence, je n'ai presque pas senti le choc mais je l'ai vu comme au ralenti, l'avant de ma voiture s'est plié comme une feuille de papier dans un bruit de tôle froissée, ma tête est allée se cogner violemment contre le pare-brise avant que celui-ci ne se brise à cause de la violence du choc, les vitres elles aussi ont explosé, la ceinture me comprimait le thorax en me brisant les côtes, je n'ai pas eu mal, ou alors très brièvement. Après cela, c'est le noir total, je ne sentais plus mes membres, j'entendais juste faiblement les bruits autour. Au début, juste après le choc, je ne souvenais pas ce qu'il venait de se passer, je n'entendais ni ne ressentais rien, même mes paupières ne voulaient pas réagir.
Après un court instant qui à sans doute duré plus de quelques minutes, j'ai entendu le bruit des sirènes des ambulances, je savais qu'il y avait des gens autour de moi mais je ne pouvais rien faire, ni ouvrir les yeux ni bouger, je ne sentais plus rien, même pas l'air entrer dans mes poumons, je ne sentais même plus la petite étincelle de vie que j'avais eu à la naissance, son souffle venais de s'éteindre, la vie venait de me quitter. Petit à petit, le bruit des gens s'est estompé, je savais qu'ils n'étaient pas partis, je ne les entendais plus, c'est tout. Les personnes que je savais être à mes cotés commençaient à n'être plus que des présences inutiles. La dernière pensée que j'ai eue avant de quitter mon corps pour de bon fut pour la personne que je laissait seul, en danger face aux monstres que j'ai laissé derrière moi et qui sont sans doute maintenant à ses trousses.
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