Chapitre 2
Je cours sans m'arrêter, je suis à bout de souffle mais je continue de courir,c'est le seul moyen de leur échapper, ils me poursuivent sans montrer le moindre signe de fatigue, me rattrapant un peu plus à chaque instant. Sur ma droite, une porte se rapproche, je décide d'essayer de l'ouvrir et de tenter le tout pour le tout. À mon plus grand soulagement elle s'ouvre immédiatement. Elle donne sur une ruelle vide et peu éclairée. Sans m'arrêter, je continue de courir dans l'espoir de trouver quelqu'un, n'importe qui, mais quelqu'un tout de même. Au bout de la rue, j'aperçois des ombres bouger, j'ai encore un espoir de m'en sortir. Je pense à El, je pense qu'elle ne désirait pas que cela arrive ; à cette pensée, je redouble d'effort pour arriver au bout. Encore un peu moins de cinquante mètres, j'ai à peine conscience de la douleur qui me comprime les côtes depuis déjà une certaine distance, je sens que je peut y arriver, que je peut leur échapper. Soudain, je sens une force me tirer en arrière et me couper le souffle, mes poursuivants m'ont projeté au sol et se sont mis autour de moi. j'ai soudain ressenti une vague de froid m'envahir, mes mains deviennent de plus en plus froide, je peut à peine bouger les doigts, le gel se répand dans mon organisme, je le sens qui se propage et se développe jusqu'à atteindre la zone du cœur et brusquement, tout s'arrête, le froid se transforme petit à petit en chaleur, la lumière revient et les monstres disparaissent. J'ouvre peu à peu les yeux et découvre au dessus de moi un homme, sans doute plus âgé que moi de quelques années, les cheveux marron clair, qui, quand il bouge, changent indéfinissablement de couleur. Les yeux bleu qui à chaque clignement d'œil changent également subtilement de couleur. J'ai l'impression que tout chez cet homme n'a pas de couleur précise, que tout son être oscille en fonction de sa position et de son environnement. Il a un grand sourire, je pense qu'il fait partit du même monde que ceux qu'il vient de faire déguerpir. Ce même monde dans lequel je viens d'arriver et auquel je ne comprend rien. Il me tend la main et m'aide à me relever, l'expérience que je viens de vivre m'a secoué, je regarde cet homme sans rien dire et le détaille de la tête aux pieds il porte un haut de forme sertis d'un large ruban vert et une veste noire par dessus une fine chemise blanche, quand à ses chaussures, je ne saurais dire en quoi elles sont faites, et je ne tiens pas particulièrement à le savoir. Lui attend sans doute que je décline mon identité ou que je le remercie mais je ne dis rien, je l'observe en me demandant pourquoi et comment il m'a sauvé. Il se met enfin à parler : «On vas continuer à s'observer comme ça longtemps ? » sa voix, comme le reste de son être, n'a pas de réelle tonalité, je lui répond en bégayant «Je ne sais pas, en fait, je ne sais rien excepté pourquoi je suis là, et encore, même cette information je ne suis pas très sûr de son exactitude.
-Et bien tu vois, on progresse on se parle au lieu de se dévisager, continuons, d'où viens tu ?
-De chez moi.
-C'est plutôt évasif comme réponse, plus précisément, c'est où chez toi ? »
Je décide de me mettre sur la défensive, maintenant que j'y pense, c'est peut être un psychopathe qui sais déjà tout de moi et qui veut vérifier je ne sais quelle théorie farfelue.
« Je n'ai pas à vous le dire, je ne sais pas qui vous êtes et il n'est pas sûr de raconter sa vie dans les rues ces temps-ci.
-Il est vrai que ce n'est pas très sûr mais dis moi l'ami, est-il plus sûr d'être poursuivi par des monstres au milieu de la nuit sans aucune aide possible ?
-il y avait de l'aide, la preuve ? Vous êtes là.
-bonne réponse, je sens que je vais bien t'aimer, ça se voit, tu est nouveau par ici, allez viens suis moi, je t'amène dans un endroit sûr.
-c'est quoi, cet endroit sûr ?
-chez toi, ils ne penseront sûrement pas à y aller, ils ne réfléchissent pas tant que ça, ils tuent, tout simplement. » Il sais donc bel et bien où j'habite, je ne sais pas quoi penser de lui, il m'inspire un peu confiance mais je me méfie tout de même, il est étonnant de croiser quelqu'un dans la rue qui, comme de par hasard, sais où se situe ta maison.
« Ce n'est pas un hasard.
-Pardon ?
-Tu disais que croiser quelqu'un dans la rue qui comme de par hasard sais où tu habite et bien je te préviens, ce n'est pas un hasard, rien n'est jamais joué au hasard.
-je ne l'ai pas dit.
-Oh, excuse moi, j'ai parois du mal à distinguer les pensées des paroles, surtout quand je suis devant la personne qui pense.
-Tu, tu lis dans les pensées ?
-Non, ce sont les pensées qui viennent à moi, en réalité, toutes les pensées se baladent entre les personnes mais seulement certaines peuvent les entendre. je ne les cherche pas, ce sont elles qui s'insinuent dans mon cerveau et me disent d'où elle viennent. Je n'ai jamais cherché à les entendre, c'est parfois un tel flot d'information que j'ai du mal à distinguer les pensées que se baladent de tête en tête des paroles que le gens me disent.
-Pour résumer, ce sont les pensées qui lisent en tout le monde et toi tu entend les pensées des pensées.
-Dis comme ça, c'est étrange, je l'avoue mais c'est pourtant ce qu'il se passe quotidiennement dans l'espace, le temps, et l'espace temps lui même, il est contrôlé par les pensées.
-Ça parait irréaliste mais bon, il se passe beaucoup de choses étranges ces temps-ci.
-Ça l'est. Je viens clairement de l'inventer sous tes yeux ébahis. Ne crois pas ce qu'on te dis si cela paraît irréel, c'est une des premières choses qu'il faut retenir de cette dimension.
-Tu me parle de dimension et de monstres alors que il y a encore quelques jours, je t'aurais pris pour un fou si tu avais tenu le même discours.
-tu comprend vite, nous ne sommes pas dans une autre dimension, c'est toujours la même que celle dans laquelle tu vivais il y a tout juste trois jours mais tu vois certaines choses que tu ne voyais pas avant. Les monstres eux, ont toujours été là, le seul problème c'est qu'il sont visibles aux yeux de seulement quelques personnes. Personnes qui ont été en lien avec d'autres qui pouvaient les voir mais qui sont malheureusement morts et ont laissé les monstres s'approcher d'un de leur proche.
-Il ne faut donc rien croire du tout de ce que me disent les gens comme toi ? » je n'ai pas envie de parler du sujet qu'il viens de mettre sur le tapis, c'est trop tôt, la douleur se tient prête a surgir à tout moment, elle se cache mais je la sens là, prête à me faire craquer au mauvais moment.
«Personne n'est comme moi, je suis le seul comme moi, tout comme tu est le seul comme toi. Mais je pense voir ce que tu veux dire, et c'est exactement ça, dès qu'un détail de la discussion te paraît louche, méfie toi, c'est pour le moment le seul conseil que je te donnerai, je verrai comment tu t'en sors seulement avec ça et je reviendrai ensuite si tu est encore en vie.
-Mais comm... » je venais a peine de commencer a parler qu'il se mit à accélérer tourna au coin de la rue et disparu de ma vue. Je regarde autour de moi et me rend compte que je suis devant chez moi. Je n'ose sortir ma clé et ouvrir la porte, j'ai trop peur de voir une photo d'El et de lâcher prise avec la réalité. Il m'a pourtant dit que ce serai le seul endroit où ils ne penseraient pas à me chercher, je n'ai pas confiance en cet homme mais je pense qu'en écoutant ce qu'il a dit, j'aurais une chance de survivre. Je sors donc mes clés et rentre dans le salon. En refermant le porte je regarde autour de moi, rien ne semble avoir changé depuis mon départ. Tout semble en ordre, cela fait deux nuit que je n'ai pas dormis, j'étais trop occupé à survivre, je me suis donc dirigé vers le canapé pour récupérer un peu. Allongé depuis une dizaine de minutes, le sommeil me rattrape et je pars dans une nuit noire, une nuit sans rêve. Au bout d'un moment qui m'a paru durer seulement quelques minutes, une vois me réveille en sursaut, c'est SA voie, celle que je pensais ne plus jamais entendre. Je saute sur mes pieds et me met à chercher d'où elle peut venir, je ne comprend pas ce qu'elle dit, n'en trouvant pas l'origine j'essaie de me concentrer pour mieux entendre mais plus je cherche moins je l'entend elle finit par disparaître totalement. Je suis désespéré, et je me sens idiot ; idiot d'avoir pu croire qu'El était revenue, en réfléchissant à cela, je me dit que l'homme de tout à l'heure m'a dit de ne pas croire ce qui me paraît louche, j'essaie donc de sortir cette histoire de ma tête pour éviter de tenter les monstres, ils pourraient bien me trouver si je me met à crier son nom en espérant la voir surgir de je ne sais où. Alors je me tais, je reste là, sur le canapé, je ne sais pas ce que j'attends. Je n'entends que le tic-tac régulier de l'horloge qui me fait me perdre dans mes pensées quand soudain, il se stoppa. Un grand bruit se fit entendre dans la cuisine et j'entendis quelqu'un se mettre à marcher. Un couteau avait été abandonné sur la table devant moi je m'en saisis et le tint devant moi en espérant que c'était un chat ou autre chose d'inoffensif. Au bruit que cela fait, ce n'est sûrement pas un chat, de nouveau un grand bruit, quelques instants de silence, puis celui qui était dans la cuisine me confirma que ce n'était pas un chat.
« Bon au lieu de brandir un couteau qui est incapable de couper seulement du fromage, tu pourrais venir m'aider, ta cuisine c'est un vrai bazar ambulant ! » je ne comprenais plus, que faisait-il là, comment savait-il que j'avais un couteau dans les mains, comment était-il entré, et pourquoi jugeait-il mon organisation.
« Arrête de te poser des questions et viens m'aider ! »
je gardais le couteau à la main et m'approchais de la cuisine, il était là, assis par terre empêtré dans le fil du grille pain, je lui tendais la main pour l'aider à se relever mais ne disait rien, j'avais toujours le couteau dans les mains quand il reposa le grille pain sur le meuble et me tenta de me pousser pour avancer. Je ne bougeais pas, il n'avait pas intérêt à forcer, je voulais des réponses et il allait me les donner.
« oui je vais répondre à tes questions, mais là, nous n'avons pas le temps, nous devons partir au plus vite, ce n'est plus très sûr ici. » je ne lui répondait pas, si il pouvait lire dans les pensées, je n'avait pas besoin de gaspiller ma salive.
« Et bien, tu répond ? Depuis que je t'ai rencontré tu as toujours quelque chose à dire.
-Premièrement, non. Je ne répond jamais puisque à chaque fois tu dis ce que je pense avant que je le dises. Deuxièmement, non, si tu entend ce que je pense à quoi bon l'exprimer à voix haute.
-Je ne lis pas dans les pensées, c'est juste que c'est évident, j'observe et je déduis, c'est tout.
-A ouais, comme dans Sherlock ?
-Non, Sherlock Holmes ne déduit pas c'est un scientifique et un détective privé, je ne l'ai pas rencontré souvent mais je sais qu'il ne déduit rien, il prouve.
-Ah, je crois que nous ne parlons pas de la même chose mais bon, passons. Pourquoi devrais-je te suivre, je ne sais ni qui tu est, ni comment tu sais où j'habite, ni comment tu sais que cet endroit n'est plus sûr.
-C'est simple, je sais où tu habite car c'est écrit sur la boite au lettres et tu m'a guidé sans le réaliser avec les micro expressions que te faisais je devinais qu'il fallait aller à droite, à gauche ou tout droit ; pour ce qui est de qui je suis, je ne peut le dire ici, c'est trop risqué, ils pourraient entendre.
-et la plus importante des trois questions ?
-je ne peut pas le dire ici également, si on en parle, ils le sauront et viendront en quatrième vitesse pour nous tuer et faire disparaître les preuves.
-et pourquoi peut tu dire cela ?
-cela a été programmé pour réagir seulement à certains mots et je sais que je ne les prononce pas, je te l'expliquerai aussi après.
-Bon, c'est d'accord, je te suis mais au moindre pas de travers je pars en courant vers l'opposé de la ville.
-Soit. Mais lâche ce couteau à beurre avant, ça ne fais pas très sérieux. »
Je venais de me rendre compte que j'avais encore le couteau à la main, effectivement, ce n'était pas très efficace comme couteau. Je le suivait sans fermer la porte à clé, encore un des mystères qu'il m'avait dit d'exécuter sans raison. Nous nous dirigeâmes vers la vieille ville, il regardait fréquemment autour de lui, il devait avoir peur d'être suivi par je ne sais quoi. On s'arrêta devant un vieil appartement miteux, il poussa la porte prudemment, avança jusqu'au bout du couloir en scrutant derrière les portes de chaque coté du couloir. Il me fit signe d'avancer mais quelque chose me retenait planté là, à le regarder me faire de grands gestes. Il se retourna de nouveau vers le fond du couloir et c'est là que j'ai senti le froid revenir, je me suis mis à crier mais aucuns sons ne voulut sortir de ma bouche.pour le faire se retourner, je me suis débattu mentalement pour bouger et grâce à un effort intense, je réussit à taper du pied. Il fit volte face juste à temps et je sentis enfin la chaleur revenir dans mon corps. Il se mit alors à courir vers moi m'attrapa pars le bras et m'entraîna vers la porte à gauche au fond du couloir. Il l'ouvrit à la volée se précipita dans la pièce en me tenant toujours par le bras puis, sans refermer la porte il se mis à courir vers le mur du fond et lorsque nous arrivions à seulement dix centimètres du mur, je pris peur car nous n'avions toujours pas ralenti. Soudain, une porte se matérialisa en face de nous. Nous la traversâmes puis l'espace de quelques instants ce fut le vide autours de nous, mon cœur battait à tout rompre quand une pièce apparue soudainement autour de nous. Il me lâcha le bras puis se retourna vers moi avec dans le regard un mélange de peur et de colère, il se mit tout à coup à crier «espèce d'imbécile ! Que-ce qui t'a pris ! T'est idiot ou quoi ? À cause de toi on à faillit mourir congelé ! Il suffit que je me retourne deux secondes pour que tu fasse n'importe quoi, c'est pas possible de vivre avec des gens comme ça ! » tant son attaque verbale était violente, durant quelques instants je ne sus quoi répondre mais me repris rapidement. « que-ce que tu voulais que je fasse ! Crier ? Je ne pouvais pas. Bouger ? Je ne pouvais pas non plus. Premièrement tu me faisais des gestes que j'étais incapable de comprendre, deuxièmement je ne pouvais pas te rejoindre pour mieux comprendre, j'étais mystérieusement bloqué sur place sans même pouvoir appeler à l'aide ! Alors tes remontrances, tu te les garde pour toi, j'ai déjà eu ma dose question peur et reproches ces derniers jours ! » À la fin de ma tirade, j'ai sentis la tristesse réapparaître, je commençais réellement à me rendre compte que jamais je ne la reverrai, que je n'entendrais plus jamais sa voix me dire quoi faire face à toute ces choses étranges, elle étais partie et j'allais devoir m'y faire, repartir de zéro tout en essayant de survivre; et ; peut être qu'un jour ma vie redeviendra un tantinet normale.
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