Il se lève et tourne en rond dans la pièce, nerveux.

- MAIS JE SUIS GENTIL ! Non mais sérieux, t'es une jolie fille, mais alors t'es complètement folle !Tu me prend pour un mec du genre...profiteur ?! Tu m'as bien regardé?

Difficile de faire autrement. C'est clair qu'il a pas besoin de ça. Il peut avoir toutes les nanas qu'il veux, j'en suis sûre. Et ceux sans se faire prier. Il n'y a qu'à voir son corps athlétique pour s'en convaincre.

- Ah oui, mais alors c'est bizarre, car je n'ai pas pu atterrir dans ce lit qui est sûrement le tiens, sans fringues, toute seule ! Je te rappelle que j'étais inconsciente et que je viens tout juste de me réveiller !
Je le regarde d'un air accusateur.

- Effectivement je t'ai amené ici, et effectivement je t'ai déshabillé, et franchement ce n'était pas désagréable. Il me fait un petit clin d'œil. Mais je me répète ou pas, je voulais t'aider. C'est pour ça que j'ai soigné tes pieds, passé de la pommade sur tes hématomes, et posé des cachets anti-douleur sur la table de nuit pendant que t'étais à l'ouest. T'aurais préféré que les flics te cuisinent et te transfèrent à l'hôpital ? Valait mieux que ça soit moi non? se désigne-t-il.

J'observe les cachets à ma gauche puis souffle en essayant de rationaliser.

- Oui, sûrement.

Je reste quand même affreusement gênée qu'il m'ait déshabillé alors que je ne le connais que depuis quelques minutes. Je me sens obligée de resserrer un peu plus la couverture autour de moi.

Il se rassoit près de moi et me parle calmement. Il attrape mes mains et les caresses du bout des pouces.

- Écoute, je ne suis pas ravi de t'avoir découvert si abîmée, mais je suis content que le destin t'ait mis sur ma route.

Son regard est tendre et semble sincère.

- C'est comment ton nom déjà ?

- Alors comme ça tu me crois enfin ?!

- Je suppose! Tu me laisses pas vraiment le choix là.

Je souris.

Il me prend dans ses bras comme s'il se sentait soulagé d'un poids.

- Tu peux m'appeler Chris.

Je laisse planer un temps mort pour relâcher la pression mais je réfléchis trop. Au bout de quelques minutes il ne m'a toujours pas lâché et son étreinte me perturbe. Sentir son corps et son souffle aussi près me perturbe. Il a un effet apaisant et stimulant qui semble agir sur moi sans prévenir. Pour rappel, je n'ai qu'une couverture sur moi et après ce que je viens de traverser, je ne sais pas si ressentir les papillons que j'ai dans le ventre soit une bonne chose ou pas. Bien que jamais vécu, je sais ce que ça signifie : de l'attirance. En tout cas, ce qui est sûr c'est que pour la première fois, ça m'arrive à moi. Mais si on revient à la logique, ce n'est pas ce qui devrait se produire. C'est impossible. Faut que je me fasse une raison, mon corps doit être plus déglingué que ce que je croyais après l'épisode papa.

Je le repousse un peu, histoire de pouvoir le regarder de nouveau. Je suis un peu intimidée par lui. Ce mec m'a quand même dit qu'il me trouvait à son goût et s'est montré plutôt cool. Peut-être devrais-je lui laisser cette chance de me montrer que tous les mecs ne sont pas des connards, bien que j'aie du mal à y croire.

- Enchanté...Chris. Mais s'il te plaît, pas de questions. Je ne suis pas prête.

- Ok, mais quand tu le sentiras, tu sais où me trouver.

- Ok, je crois que j'ai saisi.

- OK, bien. En attendant, j'ai une idée pour passer à autre chose... Permet-moi de te présenter le campus.

Il se lève et va vers son bureau pour en retirer un plan dans son tiroir et une brochure. Il ne le sait sûrement pas mais je les connais déjà par cœur. C'est ce qui me faisais rêver à l'époque et m'aider à m'éloigner de ma dure réalité.

- Bienvenue à l'Université de Washington, un concentré de mecs et de filles en chaleur, avec ses fêtes, et tu l'as sûrement remarqué via ma tenue, une superbe équipe de football, les Strapelpises, dont je suis le capitaine depuis l'année passée.

Il a une façon bien à lui de décrire les lieux ce qui me fait rire. Effectivement, je me doutais qu'il faisait du sport, mais delà à être celui qui dirige, il m'étonne.

Il continue à me parler de tout et de rien, longtemps, et je me sens de plus en plus détendue. Les genoux remontés contre la poitrine, je ne peux m'empêcher de l'écouter jusqu'à en perdre le fil parceque plongée dans mes propres pensées. Je suis bien calée au fond de son lit et aucune envie d'en sortir. Je le reluque pendant qu'il déambule dans son espace personnel. Et sa manière de passer sa main dans ses cheveux bruns me donne l'envie de les torturer moi-même. C'est carrément un sentiment nouveau pour moi. Je mordille ma lèvre et arrive presque à oublier mes problèmes. Sauf que ma vraie vie n'est jamais loin et j'ai soudain comme des illuminations qui sortent de je ne sais où et c'est la panique à bord.

- MERDE !!! Ma robe ! J'ai pas d'autres fringues comment je vais faire ? J'ai même pas une tune pour en acheter et même, je vais pas sortir à poil ! Merde, merde,merde !

Il s'arrête et me regarde surpris de cette interruption soudaine et me fait signe d'inspirer et d'expirer mais je n'y arrive pas. Je commence à hyperventiler et à me tirer les cheveux de frustration. Il me saisit le visage de ses deux mains.

- Je confirme tu es folle. Respire putain. Tu vas finir encore évanouie.

Quelque frappe à la porte et rentre sans prévenir.

- Mec, qu'est-ce que tu branles? On t'attend nous!

Il nous voit. Moi là, et Chris tout proche.

- Oups, désolé.

Chris sert les points et tourne la tête vers l'intrus.

- Merde, Aïd, tu fais chier. Qu'est-ce tu fous ici ?

- Désolé, on s'impatientait, je venais te chercher. Hé, mais c'est la nana vampiro ! Je tressaille à ce surnom. Tu fais fort mec, pour un premier jour ! Et elle aussi d'ailleurs !

Chris lui balance un oreiller.

- Barre-toi, je suis occupé. Dit au coach que je me rattraperai.

- Occupé ! Ça je n'en doute pas .Mais tu n'as pas le droit, il va nous assassiner !

- Si tu fourres pas ton cul ailleurs que dans ma chambre, c'est toi que je vais assassiner ! Tu sais bien que t'as rien à foutre là. Ici c'est no visit. Je pensais avoir été très clair avec tout le monde. Toi y compris.

- OK. OK. Mais la prochaine fois,préviens alors que tu n'es pas dispo mec. Parce que ça fait vraiment trois plombes qu'on est en bas.

Il me lance un regard en biais, la main toujours sur la poignée.

- Je vous laisse. Content de t'avoir croisé vampiro.

Je tressaille à nouveau et vois Chris se tendre un peu plus. S'il ne sen va pas, j'ai bien peur qu'il ne se lève et ne lui mette un pain dans les secondes qui suivent. Je préfère rester murée dans mon silence et baisser la tête attendant la fin de cet échange.

La porte se referme.

Je suis blessée par ce surnom qui met donné, parceque je sais pourquoi. Les yeux fermés, une larme roule sur ma joue. Je crois que je suis fatiguée de cet ascenseur émotionnel. J'ai trop subi aujourd'hui. Il l'essuie.

- Regarde-moi.

Je secoue la tête.

- S'il te plaît regarde moi.

Je m'exécute et me noies en lui.

- C'est qu'un con. Ne l'écoute pas.