4. Dragons
Saverg le terrible serpent ailé de Feu, depuis ses grottes sinistres, avait eu vent de l’édification de la cité des dragonniers, et son cœur mauvais craignait la naissance d’une armée puissante pouvant le combattre, et un jour sa crainte le tourmenta tellement qu'elle le poussa à agir.
Il fit venir grand nombre de ses forces aux portes de la cité de pierre et il défia le peuple des dragonniers. À quelques lieues des murailles se tenaient des bataillons de courts serpents ailés, des bataillons de viles créatures de chair se déplaçant sur deux jambes, parfois plus, et aussi y avait-il des cloportes grands comme des hommes, et des golems de roche plus petits que des dragonniers. Il y avait aussi des golems de lave mais en un bien plus petit nombre car ils craignaient l’eau et leur transport au-dessus de la Mer Intérieure depuis les continents de l’extrême sud n’étaient pas chose aisée, même pour Saverg. Des grands dragons y avait-il en grand nombre, et six d’entres eux portaient une bête brillante semblable à un mille-pattes, et cette bête était la créature la plus redoutable de Saverg. Plusieurs dragonniers postés sur les hauts murs regardaient cette armée maléfique s'aglutiner comme un nid d'insecte, mais la peur ne les troublait pas, ils s’étaient préparés depuis toujours à cette éventualité et ne craignaient ni la guerre ni Saverg car ils se sentaient forts et eux aussi étaient en grands nombres. Les réserves d’armes semblaient inépuisables et les dragonniers s’étaient entraînés durement pendant plus de cinq cent ans, depuis la mort de Garami. En fait, ils étaient presque content d'en découdre contre l'objet de leur vindication.
Mais Saverg durant ces cinq siècles avait lui aussi grossit son armée et façonné des armes terribles. Et la plus terrible de toutes fut une créature métallique infernale, démesurément grande, remplie de lave en fusion, et animée par les plus mauvais esprits du feu, et cette créature du chaos avait la forme d’un grand mille-pattes.
Les deux armées se toisa pendant trois jours. La cité en effervescence se préparait à recevoir le premier assaut tandis que les armées putrides grossissaient.
La ligne d'horizon était éclairée par un soleil à venir, un soleil aux rayons imprécis, rouge et rose, jaune incandescant sur les nuages les plus bas. Les gens de Saverg s'élancèrent.
Les archers dragonniers postés sur les murailles se tenaient prêts à bander leurs arcs. La vague rampante de vers et de serpents était encore hors de portée. Des êtres de chair décharnés poursuivait cette vague écœurante comme des surfeurs du malins. Rapidement, ils entrèrent dans le champ de tir.
Le combat qui débuta fut amer. Les dragonniers dans les tours tiraient sans relâche sur cette armée, et les rampants et les êtres de chair moururent en grand nombre sous les pluies de flèches. Des dizaines, peut-être des centaines de golems chargèrent. Ils courraient dans leurs lenteurs pesantes, mais les dragonniers s'imaginaient les dégâts qu'ils pourraient faire s'ils venaient à toucher les murs de cité. Mais ces colosses ne souffraient presque pas des jets de flèches, et bientôt ils se trouvèrent face à la grande porte de la cité, et de leurs mains de pierre, ils la martelèrent à tout rompre. Alors les dragonniers usèrent de leurs magies et jetèrent des blocs de rocs et des blocs de glaces sur les golems de roche et de lave qui fracassaient la porte, et certains de ces monstres périrent. Avec des rires lugubres, les golems les plus robustes balançaient les corps sans vie des leurs par-dessus les murailles et sous le poids et le chic, les toits des maisons les plus proches grinçaient jusqu'à céder.
Alors les dragonniers ordonnèrent aux femmes et aux enfants de se cacher dans le grand temple de Glafina au cœur de la cité.
Tant que porte tenait, la situation restait sous contrôle.
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