Chapitre 17 - Tu ne m'écoutes pas (1)
Le train secouait les passants d'un rythme ballant et monotone. C'était un samedi, certaines personnes rentraient du travail, d'autres allaient passer le week end chez des amis.
Akira était de ce cas de figure ; Momo l'avait invité chez elle, ainsi que la plupart des gens de la classe (seuls Yuga, Sato, Koda, Todoroki et très probablement Bakugo avaient refusé, et Minoru avait été refusé, jugé trop toxique) pour une soirée posée. Comme les entraînements avaient beaucoup augmenté en intensité, les élèves avaient besoin de décompresser.
Aux infos, on ne parlait que de la criminalité qui avait presque dépassé les 20%, mais les héros comme Endeavor, Hawks, Best Jeanist, Mirko et compagnie avaient rapidement et admirablement repris la situation en main. Certes, le Symbole de la Paix n'était plus. Mais il n'y avait pas qu'All Might... et heureusement d'ailleurs.
Le jeune homme reçut un message de son ami qui s'inquiétait de ne pas le voir arriver. Après avoir écrit que son train avait pris un peu de retard à cause d'un chat qui s'était endormi sur les rails, il rangea son téléphone et regarda la ville depuis le train surélevé.
Voilà déjà presque un an qu'il se trouvait dans cette ville. L'air avait le même goût que celui de Toulouse. Les gens parlaient japonais, mais ils avaient les mêmes problèmes : boulot, argent, boulot, famille, boulot... Ils courraient partout, sans se soucier des ombres infinies qui s'étendaient de part et d'autre de l'univers, si proche et si lointain.
Il pensa à Ugo. Bien sûr qu'Akira se doutait que la Réponse et son ancien ami n'étaient qu'une seule et même personne. All Might était un concentré de puissance pure, de charisme et de courage. Ugo ? Un monstre inexorable, dévorant toute chose sur son passage. Car tel était le destin tragique des Porteurs de Vérité : être au plus haut, au dessus de tout le monde, mais ça voulait dire qu'on les écrasait sans vraiment y prêter attention.
Mais comment avait-il fait pour conserver ses pouvoirs, là où Akira avait perdu l'usage de la magie ? Mystères et boules de gomme...
Le train arriva à la gare Kuwagonujin, et Akira descendit. Il tomba nez à nez avec Momo, un air étrange qui n'était pas sans rappeler ceux qu'elle prenait lorsqu'il parlait de la "porte dérobée".
- Salut, dit-il avec un ton enjoué. Comment ça va ?
-...Bien.
La distance, bien sûr. Akira n'était pas assez introverti pour lui laisser de l'espace. C'était pas son genre, contrairement à Yannis qui passait plus de temps à analyser les autres qu'à leur parler ou les écouter. Akira prit donc les devants.
- Quelque chose ne va pas ? Je n'ai pas été très présent ces derniers temps, et je ne serais pas étonné que tu m'ai invité à la fête juste par politesse.
Momo serra sa lèvre inférieure, et fit un signe de tête au jeune homme pour lui demander de le suivre. Elle est vexée, superbement joué... C'était Synnaï qui savait jouer avec le cœur des gens. Akira, lui, arrivait à peine à refermer leurs blessures.
Ils arrivèrent au domaine Yaoyorozu, où on entendait déjà des voix familières depuis la baie vitrée ouverte. Soudain, la porte s'ouvrit en grand sur la mère de son amie (ce seul mot pouvait-il encore fonctionner ?), visiblement pressée de partir. À la vue de sa fille et d'Akira, elle eut un large sourire.
- Ah, Momo, tu as pu aller chercher Akira ! Comment ça va, mon petit chef cuistot favori ? Le lycée Yuei arrive à suivre tes formidables prouesses
- Très bien, Mme Yaoyorozu, répondit Akira, non sans mentir. Et pour le lycée, c'est moi qui doit faire des efforts pour y rester !
- Toujours aussi modeste, mais un peu trop de modestie n'est pas très bon ! la somma la jeune femme en embrassant sa fille sur la joue. Je reviens demain, trésor. Tente de réfréner les hormones masculines de tes amis, sinon je sens qu'ils vont tout casser !
- Ne t'inquiète pas, Iida est là, ils devraient se tenir à carreau.
Sa mère leur dit au revoir de la main avant de sauter dans sa voiture. Qu'est-ce qui était si urgent à faire le samedi ? Akira se demandait bien pourquoi elle avait l'air si pressée... Mais en regardant Momo, il comprit que cette dernière y était peut-être pour quelque chose.
Cette dernière se tourna vers Akira, fronça ses sourcils d'interrogation. Akira ne sut quoi répondre, lui qui pourtant maîtrisait si bien la répartie. Il haussa les épaules, et Momo roula ses yeux avant de lui faire un autre signe de tête, cette fois clairement agressif, pour lui ordonner de rentrer dans sa maison, "ou sinon conséquences", comme le disait si bien son amie Béryl.
Il pénétra dans la demeure où il avait vécu durant un mois. N'ayant pas perdu l'habitude de la maison, il retira ses chaussures et les cala dans un compartiment près de l'entrée prévue à cet effet, rangea son manteau sur un cintre et pria un instant devant la statue shinto que la mère Yaoyorozu affectionnait particulièrement, stipulant qu'elle chassait les mauvais esprits.
Si elle avait vraiment ce pouvoir, se dit amèrement Akira, alors elle aurait chassé cette saleté de Tadashi...
Alors qu'il faisait chaud pour cette fin de matinée de printemps, l'air ici était frais, agréable. La même odeur légère d'encre, mêlée à de l'eucalyptus et un soupçon de ginseng, chatouilla ses narines. Il éternua. Et merde.
Ici, au japon, on ne dit pas "à tes souhaits". C'est une honte d'éternuer, encore plus dans la maison de quelqu'un. Mais était-ce sa faute si on lui avait créé un corps aussi sensible du nez ? Non ! Et il en payait les frais maintenant...
- Les autres sont dans le salon, indiqua Momo comme si elle n'avait rien entendu. Je vais aller préparer du thé.
- Je peux t'aider !
- Va. Avec. Les autres.
Devant ce regard qui indiquait clairement que si il faisait un pas de plus vers la cuisine, il allait prendre cher. Sans demander de restes, il se précipita dans le salon.
Tout le monde était déjà là : Iida, Kyoka, Tsuyu, Ashido, Toru, Uraraka, Sero, Fumikage, Kirishima, Izuku et même Denki !
...Et Bakugo...!?
Quand il arriva un peu trop vite dans le salon, tout le monde se tourna vers lui. Entre le signe de main amical et le sourire d'Izuku, celui accueillant d'Iida, le regard inexplicablement compréhensif de Fumikage et les visages gênés de Sero et Denki, l'ambiance ressemblait à l'Alter de Todoroki : très froid et en même temps chaleureuse.
- Bienvenue, Akira, fit Iida, ignorant peut-être inintentionnellement l'atmosphère pour détendre l'attention. Je n'ai pas eu trop l'occasion de discuter avec le senpai de la classe, on va pouvoir faire plus ample connaissance dans un cadre qui se prête mieux à ce genre d'activité.
- Ravi de voir que notre délégué est toujours en harmonie avec son rôle, sourit Akira, avant qu'Iida soit poussée par Ashido :
- Je suis Mina ! C'est super cool d'avoir quelqu'un de plus vieux dans notre classe ! T'as déjà bu du saké ?
- Je suis trop jeune pour ça, je n'ai que 18 ans...
- T'as l'âge pour aller seul en boîte de nuit, super cool ! (les yeux de la jeune fille rose s'illuminèrent) Tu sais danser ? Tu veux danser ?
Devant un tel enthousiasme, c'était difficile de répondre.
- Arrête de le pousser à bout, Mina, fit Kirishima en s'approchant. Les hommes, les vrais, ça fait des trucs de mec !
- Comme quoi ? demanda Mina avec suffisance, un sourire narquois aux lèvres. Vous habiller en pêcheurs et faire le Soran Bushi ?
Tout le monde pouffa de rire, puis les filles explosèrent d'hilarité. Kirishima rougit avant de marmonner :
- Je l'ai fait qu'une fois, c'était pour la fête du collège...
- Il est des choses qu'il faut laisser dormir dans les ombres, énonça Tokoyami, en hochant la tête, puis la tourna vers Akira : Ravi que tu ais pu trouver le temps de venir.
- Ravi de voir que tu as quitté ton nid, répondit sans y penser Akira, mais devant les visages tordus par l'amusement de ses camarades, et Tokoyami qui tentait de garder un calme olympien, Akira se confondit en excuses.
- Moi je suis Tsuyu, croâ... Tu as fait ta petite impression en entrant dans la classe 1A.
Après des rapides présentations, on le fit s'assoeir à côté de Kyoka. Cette dernière ne le capta pas trop, préférant discuter avec ses amies plutôt qu'avec un type qu'elle ne connaissait pas vraiment. Cela permis à Akira de l'observer. Même quand elle parlait avec ses amies, elle gardait ce petit air blasé qui n'était pas sans rappeler celui d'Alinaë, dans son ancien monde... Ses yeux onyx tranchaient avec cette attitude ; acérés, à l'affût. Quand elle tournait la tête, ses cheveux indigo s'envolaient telles des ailes d'un oiseau rare et fier. Sa petite bouche fine, avec ses lèvres qui...
- Eh ! T'as quelque chose à me dire ?
Kyoka s'était arrêtée de parler, remarquant qu'Akira l'observait du coin de l'œil. Ce dernier se rendit compte qu'il avait mit plusieurs secondes à rattraper son cerveau, perdu dans la contemplation.
Il lui fallait une excuse, vite. Déjà les amies de Kyoka l'observeraient avec un interrogation qui pouvait très rapidement tourner au vinaigre. Puis il les vit.
- Tes doigts, fit Akira avec une voix un peu trop rêche à son goût, au point il se l'éclaircit.
- Hein ?
- Tu fais de la guitare, non ? remarqua-t-il en désignant les doigts de la jeune filles. Tes doigts sont tous rugueux.
Kyoka fronça les sourcils, tandis que Mina avait l'air d'avoir découvert un coffre rempli d'or.
- Tu sais faire de la musique ? Mais tu m'avais jamais dit ça !
- Je comptais le faire, lâcha-t-elle en lançant un regard noir de reproches à Akira. Mais apparemment, quelqu'un ne saisit pas le concept du tact.
Ah oui, le honne et le tatemae... Synnaï s'était bien retenu de lui donner toutes les informations nécessaires sur le Japon, mais d'après Akira, la dernière fois qu'il y était allé, c'était durant l'ère d'Edo.
- Voilà le thé ! annonça Momo qui arriva à temps pour dissiper le malaise. Rappelle-toi de prier tous les dieux du monde pour la couvrir de chance et de forturne ! s'ordonna le jeune homme.
Pour une raison qu'il ignorait, la réaction de Kyoka l'avait profondément blessé. Son regard et son visage belliqueux... Quand il y pensa une nouvelle fois, il coula un regard à la jeune fille. Cette dernière ne parlait plus avec ses amis, préférant boire son thé avec un visage imperméable à toute forme d'émotion. Qu'est-ce qui avait de mal à jouer de la guitare ?
L'après-midi se confondit en discussions, jeux de sociétés et autres trucs que les gens font quand ils peuvent pas boire d'alcool ou fumer de bons vieux roulés. Non pas que ça dérangeait Akira, mais il se sentait mal à l'aise.
D'un côté, il y avait Kyoka dont l'aura s'était clairement assombrie (et ça n'était pas une façon de parler ; l'Aura animique de la jeune femme irradiait de mécontentement), avec Denki et Sero qui ne lui adressaient pas la parole, mais sans cesse coulant des regards dans sa direction. Que cherchaient-ils ? Voulaient-ils le blâmer d'un crime qu'il n'avait pas commis, ou s'excuser de ne pas avoir fait attention au goût de l'eau du robinet ? Que ce soit l'un ou l'autre, les deux scénarios n'avaient aucun fondement valide : Akira n'était pas responsable du fait qu'Ugo soit un dégénéré du bulbe, et la Liqueur de Vérité n'avait aucun goût quand on la versait dans un liquide.
De l'autre ? Bakugo avait l'air d'être un loup dans une bergerie. Il s'était assis devant la fenêtre, et ne se retournait que pour faire des commentaires acerbes ou remercier quelqu'un pour le thé (en l'insultant copieusement, une forme de communication comme une autre). Mais là, Akira sentait que le blond explosif n'était pas ici pour s'amuser ou avait été forcé ; Bakugo attendait quelque chose.
Soudain, Mina proposa à tout le monde de mettre de la musique et de danser. Bien que Momo et Iida furent réticents, le reste du groupe avait l'air d'être enjoué par l'idée. Après avoir cherché l'une des ses très nombreuses playlists, Mina décida de mettre du style funky/hip-hop, et invita tout le monde à se trémousser dans l'espace vide du salon, beaucoup trop grand de toute façon.
- Allez, montre-nous ce que tu as dans le ventre ! intima la fille à antennes à Akira, tandis que celui-ci bougeait tranquillement.
- D'accord, mais je danse que sur certaines musiques, lui assura Akira.
Il lui indiqua quelle musique mettre, mais son regard malicieux présageait autre chose. Soudain, elle cria :
- BATTLE DE DANCE ! Show' your moves, baby !
Mise à part cette entrée en matière assez crispante, le jeu avait été lancé, et ses camarades s'étaient rassemblés en pour assister au spectacle, avec des commentaires du genre :
- Ne vous blessez pas trop quand même ! tenta de lancer Izuku, suivit de près par Iida qui rappelait nombre de consignes de sécurité et que fallait-il faire en cas de foulure de cheville.
- Montre lui ce que vaut un homme, Akira ! asséna Kirishima, en gonflant ses muscles avec un pouce en l'air, encouragé par la gente masculine.
- Les ténèbres et la lumière s'affrontent, fit Tokoyami, toujours aussi étrange dans sa conceptualisation du monde réel.
- Défonce-le, Mina, fit Kyoka avec un ton sans détour, sous le concert des autres filles.
Le manichéisme des sexes, quelle histoire formidable... pensa Akira en observant ses camarades tous plus excités les uns que les autres.
La musique se lança.
C'était Mina qui commençait. Une entrée en matière simple, pas de mouvements trop classes qui l'auraient épuisé pour le grand final, mais on voyait bien qu'elle s'y connaissait. Son agilité et sa coordination n'avait rien à envier aux plus grands acrobates, et à la fin de la musique, elle se réceptionna sous les applaudissements des filles et d'Izuku, et sous les huées de Kirishima et Denki. Elle regarda Akira avec un sourire en coin, l'invitant avec un geste de la main façon Matrix que c'était à lui de jouer.
C'était mal connaître ses capacités.
Entrer en force dès le début était largement possible, réfléchit-il tandis que la musique se lançait. Il avait l'endurance pour danser une semaine non-stop, mais là il fallait impressionner la galerie, pas faire un record. Aussi adopta-t-il la même tactique : en montrer assez, mais pas trop non plus.
Des mouvements gracieux et flexibles, une puissance maîtrisée. Voilà le style de combat, et donc de danse, qu'Akira avait acquis durant ses années où il était Le Mage.
Le regard de Mina, à la fin de sa prestation, devint plus sérieux ; elle avait manifestement saisi qu'il n'était pas un quelconque idiot qui savait à peine danser. Sous les acclamations et les applaudissements, elle passa à la suite.
Et ce pendant une demi-heure.
La grande finale était désormais arrivée. Après la performance très appréciée d'Akira, il se doutait que Mina allait sortir sa botte secrète.
Elle l'étonna.
Ses cascades étaient si bien calculés que si un novice les avaient tenté, il se serait probablement fracturé les cervicales, ou bien un bras et une jambe. Pour un profane, c'était impressionnant. Pour Akira, c'était agréable de voir quelqu'un de talentueux dans un autre domaine que l'héroïsme et les matières scolaires dans sa classe.
Si agréable qu'il se remémora un bref instant le temps où il dansait dans la cour du Roi Merlwyn, seigneur des contrées d'Ar'Kan'Tar. On n'y dansait que pour les fêtes de naissances, qui arrivaient tous les cinq milles ans. Et dieu ce que les vampires dansaient avec grâce et fluidité ! Mais c'était surtout parce qu'ils pouvaient maîtriser leurs corps à un degré inhumain...
Quand la musique s'arrêta, tout le monde applaudit Mina avec force, cette dernière couverte d'une fine pellicule de sueur, souriante comme le soleil.
- C'était un véritable tour de force ! fit Iida en applaudissant comme un spectateur attentif.
- Oui ! J'étais étonné de voir que tu possédais autant d'agilité sur le terrain, ajouta Midoriya. Maintenant, tout devient clair !
- T'avais une pêche d'enfer ! s'exclama Uraraka en tentant d'imiter Mina.
- Merci pour ce beau moment, Mina, avoua Momo avec des yeux brillants. Est-ce que tu pourras m'apprendre ?
- Héhé ! Bien sûr ! répondit-elle, puis prit un air sérieux : Il te faudra surmonter de lourds obstacles, jeune Padawan !
-...Padawan ? s'enquit Momo, indécise. C'est du jargon de danseur ?
Après la rapide explication de Denki sur ce qu'était la fameuse licence, tous les camarades de classe se tournèrent vers le jeune brun.
- Maintenant, à Akira, dit Mina en buvant un gros verre d'eau offert par Momo.
C'est mon moment.
Sous les regards époustouflés, il comprit immédiatement que la dance swing n'était pas vraiment commune dans le japon, contrairement aux danses calés sur la pop. Et, mieux encore, Kyoka l'observait avec un air ahuri, ni néfaste, ni admiratif. Juste la surprise.
Et devant ce visage épuré, il s'étala par terre.
Les autres accoururent pour voir si il n'avait rien de cassé, mais Akira leur assura que non. Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Il vit ses mains trembler, son cœur battant à la chamade. Il sentait le sang battre à ses oreilles, pourtant il ne ressentait aucune sensation de danger, aucun malaise. Juste une sorte de sensation bizarre au creux de son ventre, et l'impression déroutante que son âme avait été retournée dans tous les sens.
- Akira, tu n'as pas l'air d'aller bien, s"inquiéta Iida. Tu veux que j'aille chercher une asp...
- VOUS ME LES BRISEZ TOUS, AVEC VOS CONNERIES !
Croyez le ou non, mais ce fut Bakugo qui ramena Akira à la réalité. Sa colère était si intense qu'elle en était palpable, l'adolescent n'ayant pas parlé de la soirée, s'était levé de son fauteuil, les yeux rougeoyants, les traits déformés par la rage.
- Vous arrêtez pas de vous amuser, marmonna-t-il, alors que dehors, y a des vilains qui n'attendent que l'occasion de s'introduire dans des maisons pour foutre le bordel.
- Mais Kacchan, on doit se reposer pour s'entraîner avec plus de... répondit Izuku avant de se faire interrompre.
- La ferme, maudit nerd ! rétorqua violemment le perturbateur. Vous foutez la gerbe, tous autant que vous êtes, continua-t-il en observant tour à tour les élèves de la classe 1A, puis s'arrêta sur Akira, ses yeux se plissant :
- Et toi, t'es le pire de tous !
- Calme-toi, Bakugo, fit Iida en s'approchant de lui. Tu ne sais pas ce que tu dis. Akira est tout aussi honorable que n'importe lequel d'entre nous !
- HONORABLE ?
Non.
- Ce type, cracha le blond en le désignant d'un doigt tremblant. C'est le pire d'entre vous... (il se retourna vers Akira) D'où tu décides de nous révéler ton putain de secret en pensant qu'on va le garder bien sagement, hein ?
- Qu'est-ce qu'il veut dire ? demanda Denki, curieux.
L'ambiance avait rapidement tourné au convivial à la froideur extrême et au malaise.
- Kacchan, tu ne devrais pas...
- Ta gueule...
Soudain, les élèves reculèrent devant l'impensable : Bakugo, en tentant de se contrôler pour ne pas serrer ses poings, avait les yeux humides. Des sentiments contradictoires se mêlaient au fond de ses yeux.
- Toi et tes putains de problèmes... Je suis pas une balance, mais là t'es allé trop loin, putain de vioq' !
Arrête...
- Vous voulez savoir, hein ? fit Bakugo en éclatant d'un rire presque maniaque. Mais moi je veux savoir pourquoi vous faites confiance à l'ancien ami de la Réponse !
Le silence qui suivit traduisit bien le choc que ressentirent les élèves. Sero se tourna vers Akira, l'air à la fois hésitant, et... effrayé.
- C...C'est une blague, hein, Akira ?
La première fois qu'il lui parlait depuis le Simulateur, et c'était ça. Akira trembla, ses jointures blanchirent tandis qu'il était agenouillé sur le sol.
- Comme ils disent dans les mariages, "le silence est un assentiment", déclara Iida avec un ton impossible à cerner. Tu as quelque chose à nous dire, Akira ?
À vous dire ?
Il éclata de rire.
Qu'avait-il à dire ? Qu'il venait d'une dimension parallèle et combattait des ennemis galactiques qui menaçaient le multivers entier ? Qu'il possédait des pouvoirs inimaginables pour le commun des mortels, à côté desquels les Alters faisaient pâle figure ? Qu'il côtoyait des vampires, des dragons, des licornes et d'autres créatures bien plus fantasmagoriques ?
Qu'il était Synnaï, le Vindicateur, celui qui avait massacré une planète entière ou avait réduit en esclavage la population de Dal'Agard ? Ou bien Laura, la Nécromancienne, Suprême cheffe de l'ordre d'Abraxas, le corps religieux le plus fanatique de l'histoire ? Ou encore Yannis, un simple humain d'apparence, qui possédait le pouvoir d'annihiler l'univers entier d'un simple claquement de doigts ?
Ou bien Akira, une personne qui n'était personne ?
Son rire fut le déclencheur que Bakugo attendait : il utilisa sa vitesse explosive pour l'attraper au vol et le balancer dans la grande cour de la maison.
Akira se laissa faire, dénué de toute envie de continuer à se défendre. Il en avait assez. Assez de d'être cet éternel personnage que personne n'atteignait, seul sur son piédestal doré, alors que tout le monde tentait de l'en détrôner.
- C'est aussi pour ça que je suis venu, fit Bakugo tandis que les autres s'approchaient pour les arrêter. ET VOUS, RECULEZ ! Si vous approchez... (il fit claquer ses paumes) Je vous tabasserais jusqu'à que vous puissiez plus bouger.
- Tu vas trop loin ! cria Momo. J'appelle la police.
- Tu n'oseras pas, éluda Bakugo en se tournant légèrement. Tu crois qu'une fille de bonne famille serait épargnée par les médias après ?
Momo se rétracta. Bakugo avait raison, mais en partie seulement : c'était surtout à cause de son père qu'elle ne voulait pas faire appel à la police. Et puis...
- Laissez-le, fit Momo.
- Quoi ? s'exclamèrent les élèves, mais un regard de Momo les fit comprendre qu'il n'y avait rien à craindre. Néanmoins, elle demanda :
- Tu ne dois pas le blesser, c'est compris ?
- Compte sur moi pour lui montrer qui est le meilleur... gronda Bakugo avec un sourire satisfait.
C'était ça... Pendant son exposition au pouvoir de la Vérité, Bakugo était resté conscient. Et le fait d'avoir été battu par Akira lui avait laissé un goût amer dans la bouche. Voilà pourquoi il voulait une "revanche". Mais c'était trop tard pour lui : toute combattivité avait quitté le corps du jeune brun.
תְהוּדָה
- Tu ne seras jamais le meilleur.
Le regard que lui lança Akira n'était pas le sien. Le son qui sortit de sa bouche était le même, pourtant l'intonation fit frissonner les élèves. Quand il se releva, même sa posture avait changé, amplifiant sa présence avec une intensité telle qu'on aurait cru que la gravitation avait triplé en puissance. Et son regard se fit froid, calculateur.
Meurtrier.
- Alors tu montres ton vrai visage, commenta Bakugo, non sans reculer d'un pas. Mais ça veut dire que tu vas te donner à 100%, donc c'est bien mieux ainsi...
Synnaï pérora :
- Si j'étais à 100%, humain, il n'y aurait plus de ville.
Le combat avait commencé. Le combat était à sens unique. Le combat était à l'issue certaine.
On ne dérange pas un dieu endormi.
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