007 Puits III
Le moment où elle réalisa que Chogan avait réellement perdu la vie durant leur dernière rencontre, l’homme se dissipa comme de la brume.
Cherche dans la pénombre ce qui vaut de l’or dans ton coeur
Ne croise pas le regard du dernier sommeil et ainsi
ton rêve demeurera de chair et de sang.
Namid sentit le sol se dérober sous son poids. Un cri s’échappa de ses lèvres jusqu’à sa chute sur un tas de plumes. Elle cligna des yeux, surprise de ne pas s’être fait mal, puis elle se hâta pour se redresser. L’enfant observa son nouvel environnement avec appréhension. Elle se trouvait dans une grande caverne illuminée par des baies luisantes. Il y avait des lianes qui pendaient aux murs et au plafond, des fleurs sporifères suspendues à des cordes végétales et une sorte de système sur lequel reposaient des rideaux de feuilles. Elle aperçut quatre passages où des minerais étincelaient dans un ballet de couleurs majestueux.
Les paroles résonnaient dans son crâne alors qu’elle marchait dans la direction d’un de ces couloirs. Elle errait longuement, trébuchant sur des pierres précieuses et attendait le bon moment pour saisir le trésor de son cœur. Il lui fallut quelques heures dans l’immensité de la pénombre pour trouver ce qui l’inspirait le plus.
La pierre dans la poche, Namid pût quitter le sanctuaire retrouvant son fidèle compagnon l’attendant devant la porte. Elle ramassa ses affaires et reprit le chemin avec Anubis. Ils marchèrent appréciant la quiétude de la nuit. Ils descendirent de la montagne prenant la route du sud. Et à la première heure de l’aube, la jeune fille arriva au camp de sa future maître d’apprentissage. Sans un mot, Namid s’écroula dans les bras de la femme. Les paroles de celle-ci s’évaporèrent dans l’air :
— Que ton peuple soit honoré, ma chère enfant, d’avoir vu naître un Puits bien courageux. Tu ne possèdes peut-être pas encore la connaissance nécessaire pour transmettre aux générations suivantes mais ton choix m’inspire à t’aider à hisser le plus haut mont de ce monde. Ainsi, ton rêve commence son long voyage. Il rayonne déjà par ta pierre joliment choisie. Je te prends en apprenti, jeune enfant, et tu deviendras plus tard… une Gardienne des lieux comme le sont les autres individus que j’ai aidé à faire grandir.
*
Le passé s’effaçait à l’aube naissant d’une lumière exquise. Namid, dorénavant une jeune adulte de vingt-deux ans, s’apprêtait à rejoindre les siens.
« Tes frères et tes sœurs me surnomment la Doyenne. Mon nom de naissance n’a plus aucune importance dans un monde qui a bien changé. En ces temps, je m’appelle Freyat. »
Voilà bien neuf ans que Namid avait rencontré Freyat afin d’exaucer son plus grand rêve. Ces années avaient été si enrichissantes et décorées de fabuleux voyages au cœur de paysages exceptionnels, que Namid relatait dans son journal de bord. La jeune femme commençait à peine à partir à nouveau seule, soutenue par ses adelphes, les Gardiens, toutefois, sa famille lui manquait terriblement. Ainsi, elle avait décidé de les voir avant de débuter son tour du monde.
Freyat demeurait libre comme l’air. L’immortelle ne se lassait d’un monde aussi mystérieux. Namid n’avait pas eu l’opportunité de connaître réellement sa maître d’apprentissage dont la souffrance reflétait ses yeux. Freyat aurait voulu mourir comme les siens l’avaient fait auparavant, toutefois, seule son identité avait disparu avec l’ancienne civilisation. Freyat continuait son long voyage au travers des siècles et formait parfois quelques formidables individus pour maintenir le savoir.
Il ne fallait pas que les peuples d’aujourd’hui oublient l’époque d’antan.
Annotations
Versions