Seconde 53
- Rimbaud les a gobés -
Strasbourg sent le sapin cette semaine partout de
partout entre-quatrain de pavés,
grand cirque des regards impassés
Sur le parvis, on balade ton t-shirt bluesé partout de
partout ton œil froid et je n'y dors plus...
On était pourtant hier, étourdis du vaste ciel fendu
le soir, la voûte-forêt tailladée de part en
part Et nos dés jazzeux jetés Rimbaud les a gobés
car sur les berges de cette grotesque cité
la laisses-tu vraiment rompre l'échine du monde ?
Je t'aurai pas, l'Amoureux soufflé sur l'autre rive,
et y aura pas de corde à gratter, pas
la saveur exquise de l'été : Strasbourg cuve de drôles
d'amertumes le lundi. Je suis sobre et ivre tout
à la fois, toute de toi. Les sapins pullulent entre-quatrain
de pavés, tanguent, l'on prend la pierre… C'était hier pourtant
Nos corps mangés, veilleurs d'une rosée pulsatile
- elle scintillait au firmament -, on passait de scène
en scène, c'était tout proche notre histoire,
Tout frêle, rien qu'une affaire de blêmes
mots, l'Amoureux, ta dépouille et la mienne enlacées
C'était hier, Elle a gobé l'été
"Le monde n'a pas besoin de savoir qu'on veut le dévorer."
Pour R. et M.
[À peu près . Pomme]
[Si j'ai aimé. Jeremy Hababou]
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