Seconde 55
- extrait d'une errance dans les rues de Strasbourg, mi-partiel -
Ce soir, le ciel portait en étendard le silence sensuel des prémices de l'été. Je marchais d'un pas si lent et la tête pleine de langueur que le lierre poussait au devant de moi, et les gouttières se métamorphosaient en serpent ou en lianes sans se presser. À ma gauche, le grillage d'un chantier jamais abouti, chimère grotesque et balbutiante d'une ville qui se voulait mouvante, au gré des caprices d'un alchimiste indécis. Il était aisé de me rattraper.
En passant sous les fenêtres basses d'un vieil immeuble, j'espérai qu'un visage sorte de l'ombre et m'adresse ces mots : "ce n'est qu'une histoire de soleil". Alors, je m'imaginai tendre la main et tracer des formes abstraites du bout de l'ongle, comme un rempart contre l'éphémère de cette rencontre.
Mais le ciel portait le silence sensuel des prémices d'un "était" et je marchais d'un pas trop lent pour qu'aucune silhouette n'accoste les bulles de mes pensées.
Je n'ai jamais ressemblé à un personnage de bande dessinée, tout n'est qu'une histoire de soleil et le magnétoscope a brûlé.
[cicatrices - Khaled Mouzanar]
[le début du bonheur - Daprinski]
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