Seconde 57 : averse de rêveries
Il existe des jours de rêveries où je ne sors aucunement de ma tête.
L'averse ruisselle dans la plomberie et j'écoute son parler aigu, sa voix de crécelle. Je suis le fleuve qui n'a jamais parcouru le flanc d'une montagne. Sans fuir, tout est si loin que je m'écoule dans l'errance et l'absurde et l'absence de soi. Je suis le fleuve dont les berges s'endorment contre la ville, rien qu'un petit océan urbain sans saveur et qui n'emporte presque rien, à peine quelques touffes brûlées quand l'écho déborde.
Le ronronnement du réfrigérateur m'emmène dans une valse endiablée au cœur de l'orage.
Le bois travaille et j'écoute, je suis l'aubépine dont on a décapité les sœurs et je m'incline bas, tout contre le sol, j'écoute la terre. Elle murmure, se soulève, enlace mon tronc et goûte ma sève. Son baiser est ardent, mes feuilles en rougissent et mes fleurs exhalent une fragrance suiffeuse comme des bougies de campagne.
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