45. Le show du Shérif

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Oriane

Je me réinstalle à côté de Rachel qui vient à peine de s’asseoir et siffle sa coupe de champagne d’une traite. Elle a les joues rouges et les yeux qui brillent, le sourire éclatant et même le souffle court. Je la devance lorsqu’elle récupère la bouteille de champagne et la sers en lui faisant les gros yeux.

— J’ai vu où tu as fourré ta main, Petite Coquine, épargne-nous ça, pitié, ris-je.

— Oh, tu as vu ça, toi ? Je croyais que tu étais trop occupée avec ton Hugo pour remarquer quoi que ce soit ! Franchement, il est pas mal, son colocataire ! Je me demande si je dois vraiment être sage ce soir ou pas…

— Rach, dis pas de conneries. Interdiction de fauter ! Je te connais, tu t’en voudras à mort après ça. Mariée ou pas, il me semble me souvenir que Mathieu considère la fidélité comme la base du couple. Et je ne faisais que discuter avec Hugo, rien de plus…

— Oh, mais arrête de faire ta raisonnable, voyons ! Moi, je n’ai pas vraiment envie de fauter, je fantasme, c’est tout. C’est fait pour ça un enterrement de vie de jeune fille, non ? Toi, par contre, tu as l’occasion rêvée de te lâcher, là ! Et de faire payer à ton mari tout ce qu’il te fait subir depuis quelques mois ! Il va te choisir, Hugo, c’est sûr, et tu serais conne de jouer à ta Miss Coincée ! Touche, profite, laisse-toi aller ! Ce qui se passe ici restera ici !

Je soupire et jette un coup d’œil à la scène encore vide. Le problème, c’est que je pense que si je commence à tripoter, je vais avoir envie de plus. Je n’ai pas attendu de le voir se déshabiller devant nous pour avoir envie de lui, après tout…

— Je ne peux pas me venger comme ça… En plus, il n’en saura rien, ce n’est pas de la vengeance. Me venger, ce serait mettre du laxatif dans sa nourriture, remplacer son shampoing par de l’huile ou je ne sais quoi encore. Tripoter un autre homme… Bon, ok, ça me tente bien, mais je ne le ferai pas pour me venger, seulement pour profiter.

— Tant que tu t’amuses, c’est ce qui compte. Ce soir, place au plaisir ! Et je te promets que si toi, tu n’y touches pas, moi je le ferai ! Il a un cul d’enfer, ton Lord !

— Pas touche, ris-je, c’est mon terrain de jeu ! Tu as déjà profité de David, faut pas pousser non plus ! Contente de ton weekend, alors, j’ai assuré ?

— Franchement, ma Chérie, c’est le top du top ! Et toutes les filles ont adoré et adorent ! Tu es la meilleure, Oriane !

Je souris en haussant les épaules. Je connais bien Rachel, je n’ai fait que proposer des choses qui lui plaisent. Il lui fallait des sensations fortes, des mecs et du temps à se faire bichonner, de la bonne bouffe, des cocktails et du champagne… Ce n’était pas bien compliqué !

Mon sourire se meurt en entendant la musique démarrer. La scène est dans le noir et les premières notes d’une musique lascive que je ne connais pas résonnent dans les enceintes. Je sens mon pouls s’accélérer à l’idée de voir Hugo faire le show à son tour, l’impatience me gagner. Ok, j’ai bien aimé Magic Mike, mais je ne pensais pas réagir comme ça en sachant qu’un homme qui me plaît va se retrouver nu sur scène devant un parterre de nanas aussi excitées que la grand-mère de Louis devant un spectacle de Franck Michael… Et quand on sait qu’elle est la première à lui balancer sa gaine en concert, c’est peu dire !

J’ai un léger sursaut lorsque le spot s’allume, nous offrant la vue de dos d’un homme habillé en cowboy. C’est Hugo, et je n’ai même pas besoin de le voir de face pour le savoir. Je reconnais ses épaules larges, et ce fichu postérieur que j’ai un peu trop souvent maté à l’agence, lorsque je le croisais dans un couloir ou alors qu’il était accoudé au bureau d’accueil de Fabienne… Oui, impossible de ne pas avoir les yeux qui traînent, avec lui dans les parages.

Hugo en cowboy… Merde, ça vaut le détour. Si au naturel, avec ses grandes lunettes, je le trouve déjà magnifique, avec un Stetson sur la tête, c’est encore un niveau au-dessus. Il porte un genre de gilet sans manche en cuir et un jean clair troué un peu partout, ainsi qu’un ceinturon sur lequel se trouvent un pistolet et… des menottes. Je comprends mieux pourquoi Rachel glousse et me donne des coups de coude peu discrets. Sauf que son regard intense et l’aura qu’il dégage ne me permettent absolument pas de le quitter des yeux pour la regarder, elle.

Difficile de détourner le regard de cet homme qui bouge en rythme avec la musique avec beaucoup de sensualité. Il est tout simplement hypnotisant et mon regard est attiré par lui comme un aimant… comme il l’a toujours été, depuis que je l’ai rencontré. Je pourrais me dire que c’est l’effet stripteaseur, que c’est parce qu’il est finalement peu vêtu, que sa peau luisante est plus qu’apparente sous son petit gilet, mais non, ce sont aussi ses yeux qui m’ont marquée dès la première fois qu’ils ont croisé les miens. Bon, j’avoue que le voir descendre de scène avec assurance et marcher dans notre direction m’oblige à ne pas uniquement regarder ses yeux… Yeux qui m’interrogent silencieusement, d’ailleurs. Mais comment refuser, sérieusement ? Je ne sais pas si j’irai jusqu’à la tripoter comme Rachel avec David, mais je compte bien profiter du spectacle de près.

Hugo se plante finalement devant et me tend la main sous les gloussements des autres filles. J’ai à peine le temps de me lever que Rachel me pousse en avant, me précipitant contre le stripteaser que je sens rire silencieusement. En un tour de main, je me retrouve soulevée de terre et ses mains glissent sous mes cuisses pour m’inciter à nouer mes jambes autour de lui. Hugo fait demi-tour et remonte sur l’estrade, dépose son Stetson sur ma tête avant de m’asseoir sur la fameuse chaise.

Je ne parviens pas à déterminer dans quel état d’esprit je me trouve, à cet instant. Mon cerveau est embrumé par l’appréhension de ce qui va suivre. D’un côté, l’envie de me lâcher est grande. De l’autre, je garde en tête que je ne suis pas seule, que nous avons des spectatrices et que je devrais me contrôler un peu. Pourtant, quand Hugo attrape mes mains pour les poser sur ses pectoraux bombés par la musculation, je ne peux retenir un sourire et fais courir mes mains sur sa peau, graissée par l’huile pour le corps dont il a dû se tartiner. Lui continue de bouger en rythme avec la musique, dans une danse lascive qui ne laisse que peu de place à l’imagination. Il recule ensuite d’un pas et tourne autour de la chaise, profite d’être dans mon dos pour poser ses mains sur mes épaules et en faire glisser une entre mes seins, par-dessus mon débardeur, jusqu’à la poser sur mon ventre. Je sens son souffle chaud dans mon cou, la chaleur de sa paume malgré le tissu… et mon épiderme qui frémit partout où il crée le contact.

Puis il repasse devant moi, me tourne le dos et s’assied sur mes cuisses sans laisser peser son poids sur moi. Il dénoue sa ceinture et la fait glisser jusqu’à ce qu’elle tombe au sol, puis attrape à nouveau mes mains et m’incite encore à le caresser. Je ne me suis même pas rendu compte qu’il avait enlevé son gilet, et j’ai sous mon nez les muscles bien dessinés de son dos qui roulent sous sa peau alors qu’il accompagne mes mains sur son ventre, les incite à descendre un peu plus bas, où je sens le bouton de son jean. Comprenant que c’est à moi d’agir, je l’ouvre à l’aveugle et me crispe légèrement en sentant son érection sous mes doigts. Mince… Que dis-je, merde !

Hugo fait encore aller et venir mes mains sur lui quelques secondes avant de se relever. Il se tourne à nouveau vers moi et mes yeux plongent dans les siens alors qu’il se penche et renverse la chaise en douceur, m’amenant au sol. Oh, bordel…

Par je ne sais quel miracle, la chaise disparaît et Hugo se retrouve à quatre pattes entre mes jambes. Je me sens rougir et je ris nerveusement sous son regard empli de désir. Est-ce que ça l’excite toujours autant, de danser comme ça tout près d’une femme ? De se donner en spectacle ? Égoïstement, j’ai envie de me convaincre que ça a un rapport avec moi… quand bien même j’imagine qu’il apprécie sentir les mains de n’importe quelle femme sur lui, leur envie bien visible de lui, d’assouvir ce fantasme…

Toujours est-il qu’à cet instant, je pourrais facilement transposer ce que j’ai sous les yeux à ce qui pourrait se passer dans un lit. Le visage d’Hugo se retrouve entre mes cuisses, sans contact autre que ses mains posées sur mes hanches, puis il remonte le long de mon corps. Il s’arrête au niveau de ma poitrine, dont les tétons déjà tendus sous le tissu ne peuvent qu’apprécier la sensation de son souffle malgré la présence du tissu, et le sourire qu’il m’adresse me dit clairement qu’il sait que j’apprécie.

En fait, j’alterne entre totale excitation et mélange de gêne et d’envie. Quand il se met à simuler l’acte en lui même, sa grande main empaumant ma cuisse pour la relever contre sa hanche, le petit soupçon de gêne qui me gagne est littéralement étouffé par mon envie de lui. Pas de pseudo danse, à cet instant, je sens clairement son sexe tendu contre mon intimité et je suis bien contente que la musique soit suffisamment forte pour qu’il soit le seul à entendre le gémissement qui m’échappe.

On appelle ça des préliminaires du feu de Dieu. J’ai à peine conscience qu’il me redresse et me réinstalle sur la chaise, qu’il repose son chapeau sur ma tête… Il se retrouve debout juste sous mes yeux, ses jambes de part et d’autre des miennes et pose mes mains sur ses fesses. En clair, j’ai la preuve de son excitation juste sous mon nez, bombant son jean. Et j’avoue que je profite largement de son autorisation à toucher son fessier. Et puis tout s’accélère, il s’éloigne et vire ses santiags avec classe, se défait de son jean qui, malheureusement, ne se “déchire” pas comme le pantalon de tout à l’heure, et se retrouve en string noir devant nous. Enfin, j’ai la vue de dos, et rien que celle-ci est plus qu’appétissante.

Il se retourne, le temps de m’inciter à me lever, puis m’attire pour me plaquer contre son dos après avoir récupéré son chapeau. Il bouge contre moi, retenant mes mains contre ses abdos, et me fait rougir comme une écrevisse lorsqu’il me fait comprendre que je dois finir de le dévêtir. Hugo me fait passer devant lui, et je me retrouve en un rien de temps accroupie devant lui, son Stetson sous le nez alors que j’ai fait glisser son string jusqu’à ses chevilles. Nom de Dieu, c’était torride.

Je ris lorsqu’il m’adresse un clin d’œil et fait demi-tour, offrant la vision de sa Lune à toute l’assemblée qui applaudit bruyamment. Il ramasse son jean au sol et remplace son chapeau qui se retrouve une nouvelle fois sur ma tête, puis retourne en coulisses, me laissant là, totalement en feu, excitée comme rarement je ne l’ai été. C’est à mon tour de m’enfiler ma coupe de champagne d’une traite lorsque je me laisse tomber sur le canapé à côté de Rachel, qui glousse comme jamais je ne l’ai entendue glousser et me tapote la cuisse avec un air satisfait.

— Rach, je vais mourir, soufflé-je avant d’éclater de rire. C’était chaud…

— Tu vas mourir de plaisir, oui ! Il t'a sorti le grand jeu, là ! C'est le top niveau du fantasme !

— J’ai oublié mon vibro à la maison, quelle conne… Bon, en même temps, c’est clairement pas du vibro dont j’ai envie, là, grimacé-je.

— Je crois que tu peux avoir le shérif et ses menottes sans soucis, plutôt qu'un simple jouet ! N'hésite surtout pas !

Je soupire et replace le Stetson correctement sur ma tête… Est-ce que j’ai envie de devenir le genre de femmes qui trompent leur mari ? D’un autre côté, ce mariage… Et Louis… Merde, j’ai envie de penser à moi, pour une fois. Ce qui se passe à Deauville reste à Deauville, non ? Pourquoi est-ce que je n’aurais pas droit d’être égoïste, moi aussi ?

J’ai envie de lâcher prise… Juste une nuit…

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