49. Matin câlins
Oriane
J’ai chaud… Mon Dieu, que j’ai chaud !
Je tente de m’extraire de ces deux bras qui m’enlacent, mais Hugo me ramène à lui avec fermeté, passe ma jambe sur sa hanche et presse son sexe à demi-bandé contre le mien. Je frémis alors que ses mains caressent mon dos, que l’une d’elle descend sur mes fesses alors qu’il plonge dans mon cou pour faire courir ses lèvres sur ma peau. Si j’ai eu un moment de stress intense en me réveillant, mon amant s’attèle déjà à éteindre de nouveau mon cerveau alors qu'il semble encore à moitié endormi.
Le retrouver dans ce couloir, au beau milieu de la nuit, a été comme un électrochoc pour moi. Une occasion à ne pas manquer. Il était si beau, les cheveux en bataille, sans ses lunettes, comme s’il sautait tout juste du lit… Et je me sentais si seule, dans cette chambre d’hôtel après ma discussion avec Rachel. Après son stress et l’expression de sa peur de se planter, elle a passé un long moment à me dire combien elle aimait Mathieu, combien c’était passionnel entre eux deux… De quoi me rappeler douloureusement que ma relation avec Louis ne l’a jamais été, elle.
Le sexe avec Hugo… Mon Dieu, c’était tellement chaud ! Sa façon de me regarder, de m’embrasser, de me toucher, ça m’a rendue dingue ! Je me suis sentie désirée comme jamais, et j’ai adoré caresser sa peau, sentir son corps sur le mien, être envahie par son sexe bandé et de bonne taille. Oui, j’ai adoré faire l’amour avec Hugo. Ou baiser ? Je n’en sais trop rien, c’était vraiment intense, et mon orgasme a été puissant.
Je me reconnecte avec la réalité en sentant la main du beau brun glisser entre nous. Je couine quand il insère deux doigts en moi avec une facilité déconcertante qui le fait grogner. Je quitte le lit en vitesse et fouille dans mon sac à main avec fébrilité. Il faudra que je pense à remercier Rachel d’avoir glissé des capotes dedans avant que je quitte le Lotus Club, hier soir.
Quand je me retourne, Hugo est adossé contre la tête de lit, et il m’observe avec un sourire en coin. Je ne saurais dire ce qui est le plus appétissant, à cet instant. Cet effet saut du lit ? Ce sourire aguicheur ? Ces pectoraux bombés ? Ces tablettes de chocolat qui me donnent envie d’en dessiner les contours de ma langue ? Ou son érection fièrement dressée ? Merde, le tableau est absolument divin et je ne me fais pas prier pour remonter sur le lit. Je m’installe à califourchon sur lui et presse mes lèvres contre les siennes. Ses mains viennent immédiatement parcourir ma peau. Il empoigne mes cuisses, remonte sur mes hanches, bifurque sur mes fesses, passe sur mon ventre, ma poitrine, glisse dans mon dos… J’ai l’impression qu’il vénère chaque partie de mon corps qui lui est accessible tandis que nos langues se taquinent, que nos souffles se mêlent et que la tension sexuelle grimpe à nouveau fortement.
Je finis par reculer suffisamment pour parer sa hampe tendue de latex, avide de le sentir à nouveau en moi, et me laisse glisser sur lui, étouffant mon gémissement contre sa bouche. Je m’immobilise sur lui alors qu’il passe sa main dans mes cheveux et incline ma tête en arrière, dévorant mon cou. Je sens sa bouche tracer un chemin humide jusqu’à l’un de mes tétons, sa barbe frotter délicieusement contre ma peau, et je ne tiens pas bien longtemps avant de me mettre en mouvement. Lentement, je monte et descends sur sa hampe, savoure de le sentir m’envahir encore et encore. Langoureusement, j’ondule sur lui, capture à nouveau sa bouche alors qu’il empoigne mes fesses pour m’inciter à accélérer la cadence en grognant d’impatience. Bon sang, ce qu’il m’excite !
J’ai envie que cette étreinte dure une éternité, pourtant, je m’exécute, désireuse de trouver la délivrance, de connaître un nouvel orgasme avec cet homme qui me chamboule depuis bien trop longtemps. Le rythme s’intensifie, mes gémissements s’accentuent, nos corps se frictionnent, se caressent, entrent en collision. Chacun cherche la jouissance sans vouloir se laisser aller alors que l’autre n’est pas parvenu à l’atteindre. Je crois n’avoir jamais connu de moment aussi intense. Aucun mot n’est nécessaire, nos corps se parlent et se répondent, communiquent comme nos yeux le font. Je me sens basculer brutalement quand son pouce vient titiller mon clitoris, et je jouis bruyamment en tentant de garder une bonne cadence pour permettre à Hugo de jouir également, ce qu’il ne tarde pas à faire alors que mon intimité se contracte toujours autour de lui.
Essoufflée, je niche mon visage dans son cou et peine à reprendre ma respiration. Il va vraiment falloir que je reprenne le sport, mon endurance laisse à désirer…
— Voilà une façon très agréable de se dire bonjour, chuchoté-je, le sourire aux lèvres.
— Je confirme. C’était… juste wow, quoi !
Je glousse en me laissant tomber à ses côtés et soupire de contentement. C’est vrai, et encore, “wow” semble bien en-deçà de ce que j’aurais pu espérer avec cet homme. Je crois qu’après ça, ma vie va me sembler bien fade.
J’observe Hugo se lever et filer à la salle de bain pour se débarrasser de la capote, et je ne peux m’empêcher de le dévorer des yeux lorsqu’il revient s’asseoir sur le rebord du lit. Sa main se promène paresseusement sur mon ventre, ses doigts frôlent ma poitrine alors qu’il m’observe en silence.
— Alors, soufflé-je, tu regrettes déjà ?
— Il n’y a rien à regretter, Oriane. Tu es parfaite et avec toi, j’ai connu le Nirvana. Personne ne peut regretter ça… J’espère que toi aussi, tu en es convaincue.
Je souris et me redresse pour déposer un baiser sur son épaule. Comment regretter cette nuit alors que mon cerveau est encore embrumé par l’orgasme ? J’aurai bien le temps d’avoir honte à l’idée d’avoir fauté, pour le moment, je suis encore dans une phase euphorique.
— Difficile de regretter un moment pareil, honnêtement.
— Je crois qu’il va falloir remercier David de m’avoir fait revenir, alors. Il a réussi là où toi tu avais échoué. Pas trop fâchée contre moi ? me demande-t-il en continuant ses caresses dont il ne semble pas pouvoir se lasser.
— Non, bien sûr que non. Je crois qu’à ta place, je me serais agacée bien plus tôt que ça… Je m’en veux surtout de t’avoir repoussé. Je ne voulais vraiment pas te blesser.
— N’en parlons plus, tout ça, c’est déjà oublié… Tout a été magique dès que nous nous sommes embrassés, c’est fou.
Hugo caresse mon corps de son regard et je me rends compte que c’est le premier homme à me voir nue en dix ans, hormis mon mari. J’essaie de ne pas trop perdre de mon assurance pour ne pas sauter du lit et me rhabiller dans la seconde, et sursaute brusquement quand on frappe à la porte.
— Petit déj dans vingt minutes, il paraît ! tonne la voix de Rachel dans le couloir.
Je grimace et me redresse pour retrouver la chaleur du corps de Hugo. Je me retrouve rapidement à cheval sur ses cuisses et soupire en passant ma main dans ses cheveux broussailleux.
— La bulle vient d’éclater… On remercie la future mariée.
— Oui, on la remercie car, sans elle, jamais tu ne m’aurais vu me déshabiller sur scène et jamais je n’aurais réussi à me glisser dans ton lit. Donc merci Rachel ! sourit-il en déposant un bisou dans mon cou.
— Hum… Je crois honnêtement que nous aurions fini par atterrir dans le même lit à un moment donné, soufflé-je en frissonnant. Peut-être pas aussi vite, mais j’en mourais d’envie…
— Tu m’as quand même particulièrement bien résisté, jolie Fée. J’ai bien cru que jamais tu ne céderais à mes tentatives de séduction. Mais oui, tu as raison sur un point, même si j’ai encore envie de recommencer, il faut que je te rende ta liberté pour retrouver tes amies.
— J’aime me faire désirer, plaisanté-je en mordillant sa lèvre inférieure. Cette nuit… je ne suis pas près de l’oublier. Merci, Hugo.
— Je peux t’assurer que moi non plus, je ne vais pas l’oublier, soupire-t-il avant de poser à nouveau ses lèvres sur les miennes.
Je savoure ce contact, approfondis notre baiser jusqu’à ce que lui et moi soyons haletants, et c’est à regrets que je finis par me lever pour enfiler la robe longue que j’ai prévue pour aujourd’hui. J’observe du coin de l’œil Hugo regagner l’entrée pour récupérer ses vêtements, et rougis en me rappelant comment je lui ai sauté dessus cette nuit. Mon Dieu, je me suis vraiment montrée très entreprenante avec lui. Et maintenant, je me sens conne, parce que je sais que c’est quelque chose qui ne se reproduira pas, et j’ai conscience que je devrais être honnête avec lui à ce propos. Est-ce qu’il s’en doute déjà ? Est-ce que c’est ainsi qu’il voyait les choses ? Je n’ai jamais été adepte du coup d’un soir, j’ai dû devenir adulte très tôt et je ne l’avais pas expérimenté auparavant. Ça me fait bizarre, au-delà du fait que je prends vraiment conscience que je viens de tromper Louis. Au moins, je n’angoisse pas à l’idée qu‘Hugo puisse le dire à mon mari, étant donné qu’il bosse avec lui et perdrait sans aucun doute son boulot si cela venait à se savoir.
— Tu es prêt à retrouver David, c’est bon ?
— Non, pas vraiment… mais, je n'ai pas vraiment le choix, il me semble.
Je dépose un léger baiser sur ses lèvres et lui souris tristement.
— C’était une belle parenthèse…
— Je vais continuer à rêver que c'était une belle introduction même si je ne me fais pas trop d'illusions. Le réveil va être difficile…
Le réveil sera difficile pour moi aussi, assurément. Passer de cet amant passionné à un mari froid qui m’ignore, ça promet…
J’entrouvre la porte de la chambre et fais signe à Hugo qu’il peut sortir. C’est le moment que choisit David pour quitter la chambre d’Andréa, et je reste en retrait pour être certaine que cette dernière n’est pas derrière lui. Le colocataire d'Hugo sourit comme un débile en voyant son ami sortir. Il lui tape dans le dos en riant, ce qui me fait lever les yeux au ciel. Les mecs et leur fierté, c’est dingue…
— Bon retour, les garçons… Et merci, David.
— Pas de quoi, je demanderais bien un bisou de remerciement mais je crois que ça ne serait pas très bien vu par le beau brun, se moque-t-il.
— En effet ! Tu as de la chance que ça se soit bien terminé, sinon tu serais rentré à pied !
Je ris en les voyant s’éloigner et ne manque pas le regard que mon amant me lance avant de quitter mon champ de vision. Un mélange certain de tout ce qui se trame dans ma tête, entre envie de remonter le temps de quelques heures, de retourner se planquer dans cette chambre, tristesse que ce soit déjà fini et un poil de désir encore bien présent. Si j’avais un infime espoir que coucher avec Hugo me permette d’arrêter de fantasmer sur lui et de passer à autre chose, je sens que cela va se révéler être bien plus difficile que prévu.
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