78. Hôtel Surprise
Hugo
Je n’aurais pas dû inviter Oriane juste avant de devoir aller faire un show parce que je suis frustré d’avoir déjà dû la quitter et en plus, je crois que j’ai tout donné, au niveau expression de ma sensualité, je vais avoir du mal à assurer. Mais bon, j’ai réussi à continuer à faire des spectacles en étant complètement déprimé, je devrais pouvoir y arriver en étant de nouveau heureux. Et comblé sexuellement. Quelle femme ! Comme moi, elle n’est jamais rassasiée. Comme moi, elle en veut toujours plus. Et franchement, c’est l’extase à chaque fois. La façon dont elle s’est cambrée sous la douche, les mots crus qu’elle a prononcés pour me demander de la baiser à fond, ses gémissements quand je l’ai pénétrée à nouveau… Non, il faut que j’arrête d’y penser, parce que là, j’ai juste envie de la rappeler et d’annuler mon spectacle pour pouvoir une nouvelle fois lui faire l’amour. Quel obsédé je fais.
Je regarde l’adresse que m’a donnée David. Il s’agit d’un hôtel de luxe où les chambres coûtent un bras et où il doit y avoir deux fois plus d’employés par client qu’ailleurs. Je ne sais pas pour qui on va faire le show, mais mon colocataire m’a dit de prévoir toute la soirée et peut-être la nuit. Il m’a dit qu’il y en aurait pour tous les deux, mais je n’étais déjà pas pour faire don de ma personne pour de riches clientes, alors maintenant que j’ai re-goûté aux plaisirs et douceurs d’Oriane, je suis loin d’être enthousiaste à l’idée de faire ce show. Je crois que David va devoir se surpasser et assurer, quel que ce soit le nombre de clientes présentes. Cela devrait plaire à son égo de Don Juan.
Lorsque j’arrive à l’hôtel, un valet me demande de lui confier les clés de ma voiture et me donne un reçu avec le numéro pour la récupérer. Je prends mon sac avec mon costume du soir et appelle David pour lui dire que je suis arrivé. Il me rejoint quelques instants plus tard et a l’air tout content de lui.
— Tu as vu les clientes, c’est ça ? lui demandé-je, un peu soupçonneux. Rassure-moi, ce n’est pas encore un de tes plans foireux où tu vas me laisser avec une meuf à peine je l’ai rencontrée.
— Je n’oserais pas, enfin, pour qui tu me prends ? rit-il avant de m’observer avec insistance. Ça va ?
— Oui, oui, ça va très bien, pourquoi tu me demandes ? Et là, ça s’organise comment ? On a une salle pour se préparer, c’est ça ? J’ai ramené le costume de Zorro. Avec le masque et l’épée, ça ira ?
— Je sais pas, une intuition. Je pensais que tu me planterais, honnêtement, pour rester déprimer dans ton plumard… Mais bon, je suis content que tu ne m’aies pas fait faux-bond, tu ne vas pas le regretter, promis ! On a une chambre pour se préparer, viens.
— Je serais en effet bien resté au lit, rétorqué-je, le sourire aux lèvres. Il y a combien de clientes à satisfaire ? Et tu as choisi quoi comme musique ?
Je le suis dans l’ascenseur où il appuie sur le bouton du dernier étage et il continue à me regarder comme s’il y avait un problème. Je me demande si j’ai des marques suite à ma petite folie avec Oriane.
— On a le temps d’en discuter en se préparant, stresse pas, tu m’angoisses, se moque-t-il. Je n’ai pas le nombre exact de nanas, mais on s’en fout un peu, pour le coup, l’essentiel c’est que tu kiffes le moment, et quelque chose me dit que tu vas adorer cette soirée.
— Quelque chose me dit que j’ai hâte que ce soit terminé, plutôt.
Nous entrons dans la chambre qui nous est prêtée pour nous mettre en tenue et, dans la salle de bain, j’admire le jacuzzi qui est prévu pour deux personnes.
— Elles sont riches les clientes, non ? Parce que là, on n’est pas au Formule 1 ! crié-je à David à travers la porte.
— Je crois que ce sont des amis à elles qui se sont saignés pour leur faire plaisir ! Des amis en or, si tu veux mon avis, elles ont intérêt à s’en souvenir !
— Eh bien, elles en ont de la chance. Tu leur as vraiment vendu un double striptease ? Parce que si tu veux, je te laisse assurer le spectacle et le service après-vente tout seul.
— Oh, je ne dirais pas non, honnêtement, mais je doute que tu sois OK, en définitive, ricane-t-il. On en rediscutera après cette soirée, d’accord ? Hé, Hugo, tu sais que je t’adore, hein ? Enfin, avec virilité, évidemment !
— Ouais, eh bien, tu me rassures pas. Je suis presque prêt, moi, le spectacle commence à quelle heure ?
— Je n’attends que toi, mon Pote ! Et je commence à stresser… T’as déjà eu envie de me tuer ou pas, avant ce soir ?
— Plusieurs fois, tu t’en es toujours sorti, il me semble, mais c’est quoi, cette histoire ? Tu es sûr que tu veux que je t’accompagne ?
— Bien sûr que j’en suis certain ! Je veux juste m’assurer que je ne risque pas la décapitation ou je ne sais quoi… J’ai pas encore réglé les détails pour mon enterrement, tu vois ? Et je n’ai pas d’héritiers. Donc, penses-y si l’idée te vient de me tuer, OK ?
Je préfère ne pas répondre et lève les yeux au ciel. Je suis à deux doigts de le lâcher et me barrer, là tout de suite, mais je me dis que s’il s’est donné tout ce mal pour tout organiser, je peux au moins aller voir quelle idée saugrenue lui est passée par la tête. Même si je me barre juste après, au moins, j’aurais quelque chose à lui reprocher pour les dix prochaines années.
— C’est où ? Je te préviens, si tu m’as fait un coup vraiment foireux, je te le ferai payer en double.
— Arrête de me menacer, enfin ! T’étais plus mignon en arrivant. Mais bon, t’es à l’heure, soupire-t-il en consultant sa montre. Les demoiselles ne devraient pas tarder à arriver. Pourquoi tu t’es changé, au fait ? Je ne t’ai pas dit de le faire… Enfin, ça lui plaira peut-être.
— Ben, on ne va pas faire un show ? Ça plaira à qui ?
— T’en n’as pas marre de poser tout le temps des questions ? Tu m’épuises mec !
— Eh bien, j’arrêterai de poser des questions quand tu m’auras dit ou montré ce que je fais là, rétorqué-je, agacé, en ôtant le masque que j’avais enfilé. On va où ? Tu m’énerves, là. Je te préviens, je suis à deux doigts de me casser d’ici et te laisser avec ta surprise de merde.
— N’y pense même pas, on s’est pliés en quatre pour vous, bon Dieu, grimace-t-il en s’acharnant sur son téléphone. Un peu de patience. Prends un truc dans le mini-bar, détends-toi, assieds-toi. Ah non, c’est bon, on y va en fait ! Suis-moi, c’est parti !
“On” ? C’est qui ça ? Je n’ai pas le temps de lui poser la question qu’il m’entraîne par une porte interne de la salle de bains dans la chambre voisine qui est faite sur le même modèle. Il y a une télé qui est allumée et deux femmes qui sont en train de parler. Une des deux est presque en train de crier et… non… ce n’est pas possible. Ils n’ont pas fait ça ?
— Bon sang, vous en avez mis du temps à arriver ! s’esclaffe mon coloc, faisant se retourner les deux femmes dans notre direction. J’ai eu du mal à retenir le fauve ! Hugo, Oriane. Oriane, Hugo. Faites-vous plaisir ! Enfin, discutez, rigolez, pleurez, disputez-vous… Faites ce que vous voulez, tant que vous finissez par copuler, parce qu’on en a marre, nous.
— Ouais, eh bien, je peux te dire que la timbrée qui m’accompagne est arrivée en retard et qu’en plus, elle ne voulait pas venir pour un plan foireux, il paraît, s’emporte Rachel en se rapprochant de David. Je rejoins le beau mec qui a tout organisé avec moi : faites-ce que vous voulez, mais faites-vous plaisir, bordel ! On a mis des capotes dans le tiroir et David a même rajouté un sextoy. Il a dit qu’il valait mieux prévenir que guérir. Nous, on vous laisse, maintenant, c’est à vous de jouer. Dans tous les sens du terme !
Oh le con ! Ou plutôt les cons ! Ils ont organisé un rendez-vous entre nous deux ! Et le coup du sextoy, à David, je vais lui faire payer, c’est sûr. Oriane et moi restons en tout cas complètement abasourdis et nous les regardons en essayant de comprendre ce qu’il se passe, mais nous n’avons pas le temps de poser des questions car les deux conspirateurs se dépêchent de ressortir par la porte que j’ai empruntée et j’entends le verrou qui se referme derrière eux. Je me retrouve dans la pièce, habillé en Zorro, devant Oriane toute aussi éberluée que moi, dans le silence le plus complet. Après un instant, nous ne pouvons plus tenir et nous éclatons de rire tous les deux, en espérant que nos deux amis ne sont pas en train d’écouter aux portes.
— Ils sont fous, non ? finis-je par dire en venant m’asseoir à côté de ma jolie brune sur le lit.
— Complètement dingues, mais c’est presque… mignon. Et flippant aussi, qu’ils nous poussent dans les bras l’un de l’autre. Enfin, pour Rachel, au moins, même si vu nos derniers échanges ça ne m’étonne pas tant que ça. Sérieux, tu as vu cet hôtel ? Ils ne se sont pas moqués de nous, en tout cas.
— Ah ça, non, ils ne se sont pas moqués de nous. Tu peux rester toute la nuit ou comme Cendrillon, tu as la permission de minuit ? Parce qu’ils sont peut-être dingues, mais nous, on le serait de ne pas en profiter !
— Je suis libre comme l’air, et j’ai follement envie de me glisser dans le jacuzzi, sourit-elle en détachant ma cape. Tu m’accompagnes ?
— Tu t’es déjà faite masser par un Zorro dénudé avec des jets d’eau qui viennent augmenter ton plaisir ? Parce que je te préviens, à la maison, tout à l’heure, c’était juste une mise en bouche.
— Ah oui, vraiment ? Je ne demande que ça, susurre-t-elle en dénouant sa robe avant de la laisser tomber à ses chevilles.
Je m’approche d’elle et pose mes mains sur ses hanches sans la quitter des yeux. On ne dirait pas qu’on vient de se quitter et de se faire plaisir. Mes mains parcourent et caressent son corps alors qu’elle noue ses bras autour de mon cou. C’est presque électrique de la sentir frissonner sous mes doigts et j’adore sentir son corps réagir ainsi sous mes caresses. Naturellement, nos lèvres se retrouvent et nous nous embrassons, prenant le temps de profiter de cet instant d’intimité que nos amis nous ont offert. Je n’en reviens pas de la chance incroyable que j’ai d’avoir cette femme splendide, nue dans mes bras. Je la soulève et elle noue ses jambes dans mon dos. Qu’est-ce que j’adore quand elle se colle ainsi à moi.
— Tu as déjà fait l’amour dans un jacuzzi ? Parce que moi, jamais, mais j’ai bien l’intention de remédier à ce manque.
— Jamais non plus, mais j’ai hâte de découvrir ça avec toi. Pense à t’arrêter au tiroir pour les capotes, parce qu’il est hors de question que tu t’éloignes de moi de toute la nuit, beau Lord !
— Tes désirs sont des ordres. Le Lord est à ton service.
Elle glousse alors que mes mains serrent ses fesses et que je l’emmène vers la salle de bain. Avec tout ce que nous avons à disposition dans cette chambre, je sens que la nuit va être inoubliable ! Merci les amis !
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