79. Merci les amis !
Oriane
Le sourire niais qui s’est inscrit sur mon visage peine à s'effacer tandis que les mains et la bouche paresseuses de mon amant s’activent encore et toujours sur mon corps. Etroitement imbriqués l’un contre l’autre en cuillères, Hugo et moi redescendons lentement de notre orgasme numéro je-ne-sais-pas-combien de cette folle nuit offerte par nos amis. Pas un mot n’a été échangé depuis notre réveil caressant, pas un regard, et pourtant, nous venons de partager un moment des plus intime, sensuel et intense.
Mon corps est délicieusement courbaturé, mon cerveau totalement embrumé, ma peau toujours aussi sensible au contact de la sienne, réactive sous ses doigts qui se promènent sur ma poitrine, mon ventre, ma hanche.
Un gloussement m’échappe, mêlé à un léger gémissement, lorsqu’Hugo mordille la peau fine sous mon oreille, et je me retourne finalement au creux de ses bras pour déposer un léger baiser sur ses lèvres.
— Je vote pour ce genre de réveils dès que possible. Bonjour, beau Lord.
— Moi, je vote pour ce genre de nuits tout le temps, répond-il en souriant. Bonjour Miss Normandie.
— J’ai l’impression d’être passée sous un rouleau compresseur, j’ai les muscles en coton, ris-je. Et j’adore ça. Tu fais de moi une nympho, c’est… flippant !
— Il ne faut plus me frustrer pour des périodes aussi longues, ma Douce. Après, je ne me contrôle plus. Heureusement qu'ils avaient prévu le stock de préservatifs !
Ses mains continuent de me parcourir comme s'il ne pouvait pas s'en empêcher et je réalise que je fais de même quand je viens frotter ma joue contre cette barbe qui m'a rendue complètement folle cette nuit.
— La frustration a quand même ses avantages. Cette nuit était… fabuleuse.
— Oui, encore plus intense qu'avant, je trouve. J'ai l'impression qu'en plus de s'être retrouvés, on s'est complétés. J'aime quand tu es dans mes bras.
Il me serre fort contre lui et me câline, m'entourant d'une douceur et d'une tendresse qui contraste avec la fougue dont il a su me faire profiter et qui me fait un bien fou. Je n’ai jamais été vraiment habituée à ces câlins après l’amour, Louis s’endormant comme une masse ou sortant de la douche pour aller bosser. Alors autant dire que je savoure, doublement avec cet Apollon aux mains douces qui m’ont faite grimper aux rideaux il y a quelques heures à peine.
— J’aime y être aussi, soufflé-je. Il faudra qu’on remercie Rachel et David… pour la nuit, même si on les a devancés pour les retrouvailles.
— Pourquoi on ne le ferait pas maintenant ? Ils doivent s'inquiéter de ne pas avoir de nouvelles… Et on peut en profiter pour les engueuler de manigancer des choses dans notre dos.
— L’idée d’engueuler Rachel et de la faire tourner en bourrique me plaît beaucoup, ris-je.
Je lui grimpe à moitié dessus pour récupérer mon téléphone sur la table de nuit. Même en étant totalement captivée par cet homme et occupée toute la nuit, j’ai eu le réflexe de garder mon mobile à portée de main au cas où il y aurait un problème avec Robin… Le lâcher prise et moi, ça fait deux.
Hugo m’enserre contre lui et je ris, prisonnière de ses bras alors que je sens son sexe à moitié bandé contre ma cuisse.
— Tu es increvable, c’est pas possible, me moqué-je en lançant l’appel sur haut parleur. Pas un bruit, Zorro.
Je pose un baiser sur ses lèvres alors que Rachel me gratifie d’un bonjour tout joyeux. J’espère bien la faire redescendre de sa petite euphorie.
— Tu viens me récupérer à quelle heure ? A moins que tu penses que je vais rentrer à pied…
— Comment ça, te récupérer ? Hugo ne t'a pas ramenée chez toi ?
— On a discuté, on s’est disputés et il est parti. T’as déjà de la chance que j’aie voulu profiter de la chambre plutôt que de t’appeler à deux heures du matin pour que tu viennes me chercher. J’espère que t’es fière de ton coup.
— Oh merde, ma Chérie. Je suis désolée. Le plan, c'était de vous envoyer en l'air. Quel con, Hugo, il ne sait pas ce qu'il perd… et ce putain de jacuzzi. Écoute, utilise-le pour te détendre, j'arrive.
Je peine à garder mon sérieux et éclate de rire quand Hugo, qui s’il ne dit pas un mot ne se gêne pas pour explorer encore ma peau, me pince la fesse.
— Hugo n'est pas si con que ça ! finit-il par lancer, amusé et à nouveau excité.
— Non mais j'y crois pas, là ! Vous me faites marcher ? s'indigne Rachel.
— C’est mérité, grincé-je. Sérieusement, vous avez vraiment des idées tordues avec David. Mais bon, sache que je ne vous en veux pas, et que même toi et ta sexualité libre et épanouie, tu serais jalouse de notre nuit !
— Ah oui, le jacuzzi, c’est ça ? Il a fait de l’effet ? Je suis trop contente pour vous deux ! crie-t-elle presque dans son téléphone. Ça vaut bien une petite remontrance de ta part.
— Le jacuzzi n’y est pour rien, Rach, t’as vu dans quels bras tu m’as précipitée, franchement ? gloussé-je avant de pousser un petit cri quand Hugo me retourne comme une crêpe, me surplombant avec un sourire en coin. Ouais, je t’assure que le jacuzzi n’y est absolument pour rien !
— Vous savez que vous devez être partis pour onze heures, les coquins, hein ? Et vous allez me faire profiter d’une de vos folies par téléphone ?
— Certainement pas, je vais garder jalousement chacun de ses gémissements pour moi, tu rêves, ris-je. D’ailleurs, je te laisse, onze heures, ça va arriver vite… Bonne journée, le bonjour à Mathieu, et merci, espèce de folle. Et, au fait, Rach… Hugo et moi on s’est vus hier midi, pour info, alors pas la peine de vous vanter de nous avoir rabibochés !
— Putain, on a payé la chambre pour rien, alors ? Vous êtes impossibles, tous les deux !
— Ne comptez pas sur nous pour vous rembourser, par contre, vous pouvez refaire ça quand vous voulez. Bisous, bisous !
Je raccroche rapidement, le sourire aux lèvres, et me perds un moment dans les beaux yeux de cet homme qui m’envoûte bien trop pour ma santé mentale.
— Je te conseille de ne pas trop traîner à appeler David, Rachel va se dépêcher de balancer, à mon avis.
Il s’interrompt alors que son sexe est déjà bien dressé contre ma cuisse et fait la moue avant de s’éloigner un peu de moi, à regret, et de prendre son téléphone.
— Oui, tu as raison, marmonne-t-il en appuyant sur le nom de son colocataire. Ils sont frustrants tous les deux.
— Peut-être, mais je viens de passer la meilleure nuit de ma vie grâce à eux, alors je ne vais pas réussir à leur en vouloir bien longtemps !
— Salut mon Pote ! s’exclame David, enjoué, au téléphone. Alors, jacuzzi ou lit ? Raconte-moi tout ! Tu as bien profité de son joli petit cul et de sa poitrine de fou à Miss Normandie ?
— Tu rigoles ou quoi ? On a juste discuté et on a fini par s’engueuler. Ah, il est beau votre plan, quand j’avais dit pas de plan foireux, je ne blaguais pas, tu sais ?
Hugo parvient à prendre un ton tellement sérieux que j’y croirais presque aussi si je n’étais pas en train de caresser sa hampe dressée et que je n’admirais pas son corps nu étendu à côté du mien.
— Attends, t’es sérieux ? s’étonne le coloc. Vous êtes cons ou quoi ? Deux gros têtus, c’est pas possible ! Tu sais combien nous a coûté cette piaule ? Et t’es où, toi ? J’espère au moins que tu as investi la chambre !
— Investi la chambre ? Non, je me suis barré et je suis en train d’errer sur le port. Je suis tout seul, là, comme un imbécile encore plus frustré qu’avant. Si j’avais su, je serais resté avec mon rendez-vous du midi plutôt que de perdre mon temps à l’hôtel.
— Ton rendez-vous du midi ? Attends… Tu veux dire que tu t’es trouvé une gonzesse ? Mais… fallait me le dire, idiot !
— Pour que tu profites de la chambre avec Rachel ou Oriane ? Jamais de la vie. Je crois que Rachel n’aurait pas accepté et je suis sûr que ma jolie brune non plus ! indique-t-il avant d’éclater de rire. Tu ne sais pas que j’étais avec elle hier midi ? Il faut suivre, un peu !
— Hein ? Attends, rembobine. T’étais avec Miss Normandie hier midi ? Mais… et donc, pourquoi vous vous êtes engueulés, hier soir ? Je comprends plus rien, moi. Vous m’épuisez, tous les deux !
— On s’est engueulés parce qu’elle m’a dit qu’elle avait seulement eu quatre orgasmes et que moi, j’en avais compté cinq. Et là, si ça ne te gêne pas, je vais te remercier pour la chambre et essayer de lui en donner un douzième. Ou quinzième. Je ne sais plus, j’ai perdu le compte !
— Tu me rassures, merde ! J’ai eu le nez fin en prenant deux boîtes de capotes alors, ricane-t-il. Tu diras bonjour à Miss Normandie de ma part. Essaie de ne pas la tuer quand même. Oh, et Hugo, pense à ramener le sextoy, au prix que ça coûte, ces trucs autant qu’il ne vous serve pas qu’une nuit.
— T’es un ange, David ! Encore merci !
Hugo raccroche en riant et je tourne son téléphone dans ma direction pour regarder l’heure avant de sourire à mon tour.
— Ok, on a le choix entre un coup vite fait avant la douche, ou… une longue douche et une nouvelle expérience, lui proposé-je en fouillant dans le tiroir de la table de chevet pour en sortir le Graal du sextoy. Merde, il ne s’est pas moqué de nous, ton pote. Enfin, de moi, en tout cas !
— Il ne se moque jamais des femmes, alors j’ai hâte de voir l’effet que ça va te faire quand le jouet va m’aider à te faire encore jouir.
— Hum… Je me demande s’il est aussi doué que cette jolie bouche capable de me rendre folle.
J’ai à peine fini ma phrase que les lèvres d’Hugo percutent les miennes avec une avidité partagée. Je serais bien incapable de dire si je préfère sentir sa bouche s’occuper de mon clitoris ou si le Womanizer, associé à ses coups de reins puissants, surpasse la sensation de sa langue qui s’enroule autour de mon bouton palpitant de plaisir… Alors, je vote pour les deux, puisqu’ils mènent au même résultat : un orgasme de dingue qui laisse mon corps dans un état proche du chewing-gum. Et j’adore ça…
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