80. La question qui fâche

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Hugo

Comme durant sa séparation, nous avons recommencé à nous voir aussi régulièrement que possible. Je ne sais pas comment elle fait, mais elle parvient toujours à se débrouiller pour se libérer et s’échapper loin de son mari qui pourtant semble essayer de la reconquérir et se montre plus présent qu’il ne l’a jamais été. A chaque fois que nous nous retrouvons, c’est explosif, jouissif. Je n’en reviens pas, certaines fois, de l’urgence de son désir et de l’intensité de nos orgasmes. Elle comme moi ne pouvons plus nous passer de ces moments ensemble et, à chaque fois qu’elle retourne chez elle, qu’elle revient à proximité de son mari, je sens une folle jalousie s’emparer de moi. Je sais que je n’ai pas le droit, ce n’est pas moi l’officiel, et je sais aussi qu’il faut que je lui fasse confiance, que si elle me dit qu’ils partagent leur lit, elle ne le laisse pas la toucher, c’est quand même très difficile à vivre. Il n’a qu’un geste à faire pour se coller à elle, il n’a qu’un mouvement à entreprendre pour tenter de l’exciter. Et après dix ans de vie commune, comme moi, il doit savoir tout ce qui la fait partir au quart de tour, non ?

J’essaie de ne pas trop penser à Louis et pousse la porte de l’entrepôt des Restos où nous avons décidé de nous retrouver en nous inscrivant tous les deux sur la même plage horaire. C’est un peu dangereux de se voir en public, mais nous prenons de plus en plus de risques, vu que nous ne pouvons profiter que de moments en journée et que je ne peux plus la retrouver la nuit comme je le faisais avant.

Rébecca m’accueille comme à chaque fois avec un grand sourire. Elle n’a toujours pas perdu l’espoir de me voir un jour dans son lit. Honnêtement, je lui aurais laissé une vraie chance avant de rencontrer Oriane, mais là, c’est trop tard. Jamais, je ne lui donnerai satisfaction et je lui ai dit, mais elle ne semble pas avoir renoncé, ce qui montre toute sa force de caractère et sa persévérance.

— Bonjour Beau Gosse, toujours un plaisir de te voir.

Elle me fait la bise de manière appuyée en faisant exprès de frotter sa poitrine contre mon bras.

— Bonjour Rébecca. Toujours un plaisir de venir ici pour t’aider.

Je regarde et constate, à ma grande déception, qu’Oriane n’est pas encore arrivée et que je suis le seul bénévole présent. Je ne dois pas être discret car la jolie blonde se moque gentiment de moi.

— Ton visage démend tes propos, ça en serait presque vexant. Heureusement que je ne prends pas la mouche facilement !

— Mon visage… Oh non, ce n’est pas ça ! C’est juste que… ah, la voilà ! dis-je en voyant Oriane se garer pas loin de nous. Nous sommes deux bénévoles inscrits aujourd’hui, tu vois ?

— Hum… Il me semblait vous avoir dit que je préférais étaler les bénévoles sur les différents créneaux, non ? Quand je vois comment je galère, parfois, j’aime moyennement le surnombre.

— On n’est pas en surnombre, voyons, nous avons juste pris les deux places prévues pour cet après-midi ! Salut Oriane ! continué-je sans pouvoir cacher le sourire qui naît en la voyant apparaître devant nous.

— Bonjour, Hugo, me lance-t-elle, son sourire répondant au mien. Bonjour, Rébecca. Comment allez-vous, tous les deux ?

— Content de te voir ! dis-je en lui faisant la bise alors que Rébecca fait la moue.

— Bonjour Oriane. Je constate que te voir donne plus le sourire à notre Apollon que ma simple présence. J’espère que vous serez efficaces bien que je doute que nous aider soit le seul but de votre présence à tous les deux cet après-midi. Bref, au boulot !

Eh bien, là, on s’est déjà clairement fait griller, on dirait, et ça, juste avec des sourires. Oriane lui jette un regard un peu surpris, mais la salariée a déjà repris sa place et son professionnalisme et elle me demande de me rendre à l’arrière pour m’occuper des cartons alors qu’elle missionne ma jolie brune sur le magasin. Si ça, c’est pas une petite marque de jalousie de sa part… mais cela ne nous empêche pas de nous croiser et, dès que nous sommes à l’abri des regards, nous en profitons pour nous embrasser et nous câliner, comme deux adolescents en manque.

— Quand on aura terminé, on va chez moi ? lui demandé-je lors d’une de ces petites pauses bisous.

— Tout ce que tu veux, mon Lord. Et avec grand plaisir. Sauf que maintenant, je ne vais plus avoir qu’une hâte : qu’on ait terminé ici. Moyen pour la concentration !

Je l’embrasse à nouveau et nous continuons nos tâches. Dès que nous en avons terminé, je vais saluer Rébecca avant de partir.

— Voilà, nous laissons la place aux autres. Tu vois, on a bien travaillé, non ?

— Oui, oui, enfin bon, je ne suis pas dupe non plus, soupire-t-elle en levant les yeux au ciel. Bonne fin de journée, alors…

Clairement, elle est déçue mais ça reste une fille bien qui ne nous en veut pas et pour ça, j’ai presque envie de l’embrasser. Je me contente d’une bise sage et monte dans la voiture d’Oriane sans prétendre repartir chacun de son côté. Bien entendu, dès qu’elle se gare près de chez moi, nous ne pouvons nous empêcher de nous embrasser et nous toucher. C’est incroyable, ce besoin de contacts physiques entre nous.

Une fois à l’appartement, notre première urgence est de combler ce besoin physique qui nous consume tous les deux autant l’un que l’autre. Nos vêtements se retrouvent à terre dès la porte de mon appartement refermée et nos corps s’épousent et se répondent en pleine harmonie. Comme à chaque fois que nous nous laissons aller à nos envies, notre étreinte est fougueuse et passionnée avant de laisser place à des câlins qui nous comblent autant que nos orgasmes. J’adore me perdre dans ses yeux mordorés et passer mes mains sur sa peau si douce. C’est un vrai paradis que nous nous offrons à chaque fois que nous jouissons.

La tête d’Oriane est posée sur mon torse et je caresse doucement ses magnifiques cheveux tout en admirant la vue qu’elle m’offre sur ses courbes nues. Elle est belle et je ne peux m’empêcher de lui dire à nouveau, même si elle m’a déjà fait la remarque que je n’arrêtais pas de lui dire.

— Ma Douce, tu es magnifique. J’ai l’impression que chaque jour, tu resplendis encore plus que la fois d’avant.

— Tu sais comment parler aux femmes, toi. T’en n’as pas marre de me dire ça ? J’ai bien compris que je t’éblouis à la limite de te rendre aveugle, pouffe-t-elle.

— Si je pouvais, je te ferais des compliments toute la journée, mais malheureusement, il y a des moments où je ne suis pas libre de te dire tout ce que je ressens… Alors, je profite des instants que tu m’offres pour m’exprimer librement.

Je l’embrasse sur le front alors qu’elle a relevé la tête vers moi et je ne résiste pas à l’envie de continuer à déposer des baisers sur chacune de ses paupières, sur son joli petit nez pour terminer ma course sur ses lèvres qui répondent aux miennes de la plus passionnée des manières.

— Et je m’endors chaque soir avec un sourire niais en repensant à tes compliments.

— Dommage que ce ne soit pas dans mes bras que tu t’endormes. Je pourrais encore t’en dire plein, je pourrais t’embrasser, te mener au septième ciel avant de m’endormir en te serrant dans mes bras.

Je pousse un grand soupir avant de reprendre.

— Tu penses qu’un jour, tu te décideras à quitter Louis ? Je… Égoïstement, je crois que ça me ferait très plaisir…

— Je ne sais pas, Hugo, soupire-t-elle en reposant sa tête sur mon torse, évitant mon regard. C’est compliqué, je te l’ai dit…

— C’est compliqué aussi de se voir comme ça, entre deux portes. Je ne me plains pas, hein ? Tu arrives déjà à te libérer énormément et j’apprécie tous les efforts que tu fais, mais je ne peux m’empêcher de me dire qu’un jour, tu en auras assez de faire tout ça, que tu seras épuisée et que tu préféreras arrêter de me voir. Je… je suis bête d’avoir ces doutes, sûrement…

— J’aime les moments que nous partageons autant que toi, pourquoi est-ce que je pourrais vouloir que ça s’arrête ?

— Je ne doute pas que tu aimes ça, petite coquine, dis-je en empaumant un de ses seins que je masse en souriant. Mais je ne comprends pas pourquoi tu continues à t’attacher autant à ta vie de famille. On pourrait en refaire une autre, non ? Un peu différente, c’est certain, mais… Désolé, c’est mon moment “rêverie” du jour… Je ne devrais pas t’embêter avec mes états d’âme ou mes fantasmes.

— Est-ce que tu veux qu’on arrête de se voir, Hugo ?

— Oh non, du tout, rétorqué-je immédiatement, un peu affolé. Ce n’est pas du tout ce que je veux dire. C’est juste que… je me verrais bien passer le reste de ma vie, comme ça, avec toi dans mes bras, mais pour l’instant, ce n’est pas possible. C’est tout. J’adore trop nos moments à deux pour y renoncer. Oublie mes questions, c’était sous l’effet de la puissance de ma jouissance, tu sais, ça retourne le cerveau.

— Non, je ne peux pas oublier, soupire-t-elle en redressant à nouveau la tête, plongeant ses beaux yeux dans les miens. Je sais que la situation est difficile à vivre pour toi. Et je le comprends. Honnêtement, je ne sais même pas comment tu fais pour tenir. A ta place, il y a bien longtemps que je me serais posé un ultimatum ou que j’aurais demandé des explications… alors que toi, tu te contentes de ce que je t’offre…

— Tu me rends heureux, ma Douce. Que demander de plus ? C’est déjà énorme et les quelques jours sans toi ont été les pires de ma vie. Je suis prêt à tout accepter plutôt que te perdre à nouveau totalement, c’est tout.

— Crois-moi, j’ai détesté qu’on s’éloigne, mais les pires jours de ma vie sont autres, et… en lien avec les raisons pour lesquelles je ne quitte pas Louis. Pourquoi tu es bénévole aux Restos ?

Je note le changement de sujet et me demande quelques secondes si je dois insister ou pas, mais je préfère ne pas la brusquer et la laisser se confier quand elle sera prête.

— Ma mère m’a fait plonger dans le bénévolat quand j’étais petit. Et je trouve que ça donne du sens à ma vie, ça fait du bien d’aider les autres et de se rendre utile, je trouve. Et puis, ajouté-je pour la provoquer un peu, Rébecca est mignonne, non ?

— Hum… Très collante, surtout, mais ça ne marche pas, Beau gosse, c’est moi qui suis nue dans tes bras, pas elle, sourit-elle en dessinant des arabesques sur mon torse. Moi, j’ai connu ça gamine aussi, c’est ma mère qui m’y emmenait, et on n’y allait pas pour donner un coup de main, tu vois ?

— Il n’y a pas de honte à avoir, dis-je, surpris de sa confidence. Tout le monde connaît des galères, à un moment de sa vie. Peut-être qu’on s’est déjà croisés quand on était petits alors ? Qui sait ?

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