86. L’inconscience de l’amour
Hugo
Je suis planqué derrière un arbre et j’ai l’impression d’être James Bond ou un autre agent secret en train de surveiller sa cible. Bon, je réalise que je ne suis que l’amant qui cherche à rendre la pareille à sa chérie en lui faisant une surprise qu’elle appréciera, je l’espère, mais il faut bien enjoliver un peu les choses. Dès que je vois Louis démarrer avec son fils dans la voiture pour aller au tennis, je traverse la rue et vais sonner à la porte de leur maison. Je voulais ramener un petit bouquet de fleurs, mais je me suis dit qu’elle aurait du mal à en expliquer la provenance, je me suis contenté de faire un petit dessin de fleurs que je déroule entre mes mains, devant mon torse, et affiche un sourire conquérant quand elle ouvre la porte.
— Bonjour, ma Douce. Je n’ai pas ramené de fleurs, ni de bonbons d’ailleurs, mais voici un petit dessin pour me faire pardonner ce manque de savoir-vivre !
J’adore voir d’abord ses yeux qui s’agrandissent quand elle constate que c’est moi qui suis à sa porte puis son immense sourire et son visage qui s’éclaire. J’ai l’impression que c’est à chaque fois comme ça et ça me procure une joie immense.
— Eh bien, quelle surprise ! Entre vite et donne-moi ces jolies fleurs, que je ne les mette surtout pas dans un vase.
Elle a à peine refermé la porte qu’elle me saute dessus et nous nous embrassons avec toute la passion et l’amour que nous ressentons l’un pour l’autre. Je sais que je suis fou, que je devrais être en train de m’entraîner pour mon spectacle ou faire un peu d’exercices de musculation, mais comment me passer de cette femme qui m’apporte tout ce que je peux expérer et même plus encore ? Impossible.
— Tu ne m’en veux pas de me pointer chez toi comme ça, à l’improviste ? Tu es bien seule ? lui demandé-je en me souvenant de la surprise qu’elle a voulu me faire la dernière fois et qui m’a permis de la présenter à mes parents.
— Je suis seule, oui, et ravie de te voir. J’adore ce genre de surprises si ça vient de toi. Tu veux boire quelque chose ?
— Oui, une eau gazeuse, s’il te plait. Je voulais juste passer cette petite heure avec toi. T’aider si tu prépares à manger, discuter. Tu me manquais en fait, et j’ai pensé à cette opportunité. Ça me rendait fou de ne pas la saisir, alors me voilà.
— Le repas attendra, sourit-elle en m’entraînant dans la cuisine. Je ne peux décemment pas t’impliquer dans cette préparation, j’avais l’intention de mettre du cyanure dans la portion de Louis.
— Ah oui, je ne veux pas être complice d’une tentative de meurtre, ris-je en la suivant dans la cuisine. La seule mort que je veux donner, c’est la petite pour toi !
Je me colle derrière elle alors qu’elle se penche pour récupérer ma boisson dans le frigo et l’enlace. Lorsqu’elle se redresse, nos bouches se trouvent à nouveau et je n’arrive pas à rester sage, malgré mes bonnes résolutions. Mes mains passent sous son tee-shirt et empaument ses seins tandis que je sens les siennes venir presser l’érection qui est née à la vue de cette beauté qui va s’offrir totalement à moi. Comme à chaque fois que nous nous retrouvons, notre désir prend le dessus et nous nous débarrassons de nos vêtements qui se retrouvent au sol. Je la soulève et l’assois sur le plan de travail avant de venir goûter à son intimité. J’aime plonger ainsi entre ses jambes et jouer à faire monter son plaisir. Quel bonheur de la voir essayer de résister à l’orgasme le plus possible jusqu’à céder à mes coups de langue sur son clitoris, à mes doigts qui s’enfoncent en elle, à ma barbe qui vient frotter contre sa peau. J’apprends de plus en plus à la connaître et je sais qu’elle ne résiste pas quand je prends son petit bouton entre mes lèvres et le suce avec douceur mais sans hésiter à y appliquer une petite pression qui la rend folle.
Lorsque je me redresse après son premier orgasme, je lui souris et elle m’embrasse avec voracité, goûtant ainsi sur ma langue son plaisir que j’ai dégusté.
— Je n’ai pas envie de mettre de capote, mon Amour… Je peux ? demandé-je en frottant mon gland contre son intimité sans la pénétrer.
— N’en mets surtout pas, susurre-t-elle en empoignant mon sexe pour me guider en elle.
Sans plus hésiter, je m’enfonce en elle et nous nous unissons comme si nous avions fait ça toute notre vie. Nos corps se répondent avec une synchronicité exceptionnelle. Nous adaptons notre rythme à la montée du plaisir chez l’autre et lorsqu’elle plante ses ongles dans mon dos et qu’elle crie sa jouissance, je continue mes mouvements jusqu’à connaître à mon tour l’orgasme qui me libère et je la remplis avec une joie intense et presque irréelle. Comme d’habitude, c’est fort et les sensations sont extrêmes, et il nous faut un bon petit moment pour redescendre de notre nuage. Nous restons imbriqués l’un dans l’autre en nous caressant et en nous câlinant, le temps de reprendre nos esprits.
— Je t’aime, Oriane, chuchoté-je enfin à son oreille. Plus que tout.
— Tu me trouves bizarre si tu je te dis que j’aime encore plus quand tu le signes que quand tu le dis ? rit-elle en me serrant contre elle. Je t’aime aussi.
— Bon, et cette eau gazeuse, alors, j’y ai droit ou pas ?
— Serait-ce un reproche ? Je te signale que c’est toi qui m’as sauté dessus, dis-donc !
— Toujours de ma faute, ris-je en récupérant mes habits.
Nous nous rhabillons et allons nous installer sur la terrasse pour profiter des instants qui nous restent et discuter, notamment de son nouveau travail qu’elle a hâte de commencer. Nous sommes installés côte à côte et n’arrêtons pas de nous toucher, d’échanger des baisers, sous la lumière chaude du soleil couchant. Quand nous entendons la clé tourner dans la serrure de la porte d’entrée, je baisse les yeux vers ma montre et je comprends immédiatement qu’il s’agit de Louis qui rentre déjà avec son fils.
— Mince, c’est Louis, chuchoté-je à Oriane qui se lève affolée. Calme-toi, ça va aller, il faudrait juste que tu ailles les occuper pour que je puisse partir par le portillon arrière sans qu’ils me voient. Tu peux faire ça ?
— Oui, oui, bien sûr. File, et désolée, soupire-t-elle en tournant déjà les talons pour rentrer.
Je la retiens quelques secondes pour lui voler un baiser sans me préoccuper plus que ça du risque avant de foncer jusqu’au bout du jardin, en espérant que la porte soit ouverte ou que la clé soit sur la serrure. Derrière moi, j’entends Oriane parler avec son mari sans pouvoir saisir leurs propos. Je cours et suis soulagé de constater que c’est un portillon qui s’ouvre sans souci de l’intérieur et qui se referme automatiquement. Je me précipite mais fais attention quand même à ne pas le claquer derrière moi. Je me dépêche de retourner à ma voiture où je m’assois, le souffle court. C’était moins une…
Lorsque j’arrive à la maison, je m’affale dans le canapé sous les yeux amusés de David qui me regarde faire en levant les sourcils.
— Quoi ? J’ai pas le droit d’être fatigué ? demandé-je, le sourire aux lèvres.
— T’as surtout l’air d’avoir été coursé par les flics sur le port pendant deux heures, ouais, se moque-t-il. Qu’est-ce qui t’arrive ?
— J’ai un peu couru, oui, mais c’était pour la bonne cause. J’étais chez Oriane, tu sais pour un petit “cinq à sexe”, et puis son mari est rentré. C’était tout juste ! Mais purée que c’est bon de la voir.
— Hum… T’en es où dans tes recherches de boulot ? Vaudrait peut-être mieux changer avant que tout ça t’explose à la figure, t’en as conscience ?
— Tu veux quoi ? Que je devienne coureur de cent mètres ? ris-je. On n’a juste pas vu le temps passer, c’est tout. Il faut qu’on fasse plus attention, mais ça va aller, expliqué-je en repensant à notre étreinte dans la cuisine avec bonheur.
— Je veux que tu arrêtes de penser avec ta queue deux minutes, mon pote. Ou avec ton cœur, grimace-t-il. Tu sais que ton boss pourrait te griller dans toutes les agences du coin s’il découvre que tu te tapes sa femme, non ? Je suis sûr qu’il a le bras long. Fais gaffe, c’est tout. Sois plus malin.
— Tu crois qu’il pourrait vraiment faire ça ? Je ne suis pas sûr que les autres le croiraient… Je fais bien mon travail, ça devrait suffire, non ?
— C’est toi qui le connais le mieux, mais je me méfierais à ta place. Quant à savoir si les autres le croiraient, il suffit parfois d’une rumeur…
Et puis, il suffirait qu’ils me voient avec elle, j’ai le sentiment que notre amour doit se voir comme le nez au milieu de la figure. C’est clair que ce n’est pas très raisonnable, ce que j’ai fait ce soir… David a raison, mais je me demande si ce n’est pas déjà trop tard pour revenir à un point où on faisait plus attention. C’est un peu excitant de braver les interdits, mais il faudrait que je réfléchisse plus aux éventuelles conséquences. Je fais quoi demain si je perds mon boulot ? Stripteaser à temps plein ? Ce n’est pas vraiment mon projet. Et, même si elle ne m’a pas repoussé, j’ai mis Oriane en difficulté et je ne devrais pas. Il faut que je respecte son rythme et ne pas tout dévoiler avant qu’elle ait décidé de le faire. Là, j’ai failli me faire surprendre non seulement par son mari mais aussi par Robin qui n’est au courant de rien. Le pauvre, il faut que je laisse sa mère le prévenir, ce serait mieux. Patience, patience, patience…
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