Nouvelles activités testées

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Tous prirent leurs affaires pour leur journée d'exploration. La veille, ils avaient repéré l'entrée du bunker, et préparé un plan d'action pour y entrer. Malgré le départ de la moitié de leur équipe, rien de bien significatif n'allait changer dans leurs plans initiaux.

Bénédicte retourna donc, avec son groupe, près du bunker. La première équipe veillait à ce qu'il n'y ait pas de mort-vivant dans les parages, et faisait office à la fois de sentinelles et d'éclaireurs. Dans la zone où ils se trouvaient, les zombies étaient en majeure partie des infectés idiots et ralentis, et des aberrations magiques, intelligentes et vives. Il n'était toutefois pas impossible qu'ils croisent un cyborg biologiquement mort. Les sentinelles étaient tout simplement ceux ayant la meilleure forme physique. Si jamais ils tombaient sur des aberrations, ils avaient intérêt à courir vite et longtemps. Idem par ailleurs avec les cyborg zombies. Bénédicte avait lu que ceux jouant ce rôle des étaient de vrais cyborgs. Leurs capacités équivalaient à celles des humains standards. Bien que, tous les soixante ans, ce niveau standard était revu à la baisse. Et les réglages des parties robotiques des de ces personnes également.

La jeune femme se comptait parmi les récupérateurs. Le premier groupe occupait les zombies, pendant que le sien réalisait les objectifs de mission donnés par les guides. Après avoir attendu cinq minutes que les éclaireurs déclarent la zone de l'abri sans zombie, elle emmena son groupe dans le bunker volontairement délabré. Le rendu visuel était magnifique, avec ces plantes ayant perforé le métal par endroits. La lumière dans les lieux avait l'air naturelle, et en certains endroits laissait apparaître des arcs-en-ciel.

Leur mission était de retrouver des plans de générateur électrique. Dans le scénario, ils étaient des survivants, récupérant graduellement de quoi retrouver le confort de la civilisation. Après avoir atteint cet objectif, ils devraient s'assurer qu'il ne leur manquait plus rien pour produire de l'énergie, puis construire eux-mêmes de mini-frigos, micro-ondes et téléphones. Le parc promettait des activités variées, et s'y tenait.

Ils s'enfoncèrent de plus en plus profondément sous terre, se servant de lampes-torches pour continuer. Le bunker se révéla être une véritable place forte souterraine. Le groupe erra deux bonnes heures dans ces méandres. Ils firent plusieurs pauses. Certains membres peinaient à rester debout plus d'une demi-heure. Certes, la médecine faisait des miracles. Mais cela ne suffisait pas à contrer la totalité des maladies génétiques qui se transmettaient et se cumulaient de générations en générations...

Au terme de ces deux heures, ils trouvèrent une grande pièce curieusement bien préservée. Ils y firent une pause, et l'un de leurs deux guides joua le rôle de sentinelle avec quelques volontaires. Tout en fouillant sommairement les lieux, le groupe de Bénédicte bavassa gaiement avec les sentinelles. Le guide qui devait rester vigilant tourna un instant la tête, se fit répéter une blague, et, alors qu'il riait aux éclats, s'effondra brusquement.

Bénédicte lança discrètement un regard au second guide. Il ne paraissait pas du tout inquiet. Cela faisait partie du scénario. Tout le monde se regroupa précipitamment, la grande partie des autres s'inquiétant de ce soudain effondrement, se demandant si c'était réel ou simulé. Bénédicte ayant décidé d'être contaminée ce jour-là, se mit tout devant, en bouclier humain. Le bruit de talons hauts approchant résonna dans le couloir qu'avait surveillé le guide assommé. Une femme habillée et maquillée en zombie apparut brusquement, deux secondes après que le son des talons hauts eut cessé.

-Je suis une aberration dragonienne, humains. Et vous vous trouvez en mon domaine ; se présenta l'actrice.

Bénédicte se disait, aussi, que cette femme zombie se tenait bien droite. Elle fut un peu déçue de l'aberration. Elle avait l'apparence d'un zombie normal, l'habillage déchiré et extrêmement usé, mais se tenait normalement, droite, et parlait tout aussi normalement. Elle était une version zombie du cliché de la secrétaire. Néanmoins, comme n'importe quel dragonien de cinéma, elle présentait des écailles, et des dents pointues, ainsi que des griffes au bout de ses doigts et dépassant de ses chaussures à talon haut.

-Permettez-vous que l'on reste quelques temps ici ? demanda Henri, le chef du groupe.

-Certainement pas ! protesta l'aberration. Vous êtes entrés sans mon accord, vous allez devoir mourir !

Des éclairs noirs très convaincants crépitèrent autour de la dragonienne, et elle se lança sur Bénédicte. Cette dernière esquiva d'un saut sur le côté, le cœur battant. Elle ne pouvait pas s'empêcher de sourire. Il s'agissait de la première « non-humaine » qu'ils croisaient, tous ! Ne manquaient plus que les elfes aux oreilles pointues, les elfes noirs, les elfes Yrdeï à la peau grise et aux vêtements-caméléons, et les licorniens dont la seule particularité était d'avoir une étoile de lumière au front. Oui, au final ils avaient encore pas mal de choses à voir.

La testeuse de parcs soupçonna l'aberration d'être une cyborg, pour bouger aussi vite et avec une telle agilité sur des talons hauts, en plus affublée de griffes qui dépassaient. Bénédicte se demanda si la femme ne bénéficiait pas de jambes robotiques.

-Courez, je la retiens ! lança joyeusement la testeuse.

Elle commençait à repenser à une scène reprise dans d'innombrables films : le héros qui se sacrifiait pour que les autres puissent s'en sortir. A son tour ! Elle résista aussi longtemps qu'elle le put, sachant qu'entre une humaine et une dragonienne, la prédatrice humanoïde ne pouvait que l'emporter. Cinq minutes, c'était un bon score. La prédatrice lui fit une prise de sport de combat, et lui embrassa la joue.

-Eh bien, mademoiselle, bien combattu, lui concéda-t-elle.

Bénédicte se releva, tout en rougissant et en gloussant malgré elle. Quel moment excitant !

-Néanmoins, je vous ai vaincue, et je vous maudis. Bientôt, vous serez zombifiée à votre tour, à moins que vous ne rencontriez un guérisseur.

-De toute façon, je voulais voir ce que ça faisait de devenir zombie, avoua Bénédicte avec un immense sourire.

Elle bavarda agréablement avec l'actrice, l'interrogeant entre autres sur sa vie sur l'île, sa paie, et une multitude d'autres sujets. L'aberration lui indiqua ensuite comment trouver un ascenseur qui la mènerait près du campement où s'était installé son groupe. Elle « ressuscita » également le guide qui avait été mis hors combat. Avec lui aussi, Bénédicte eut une conversation intéressante, bien que l'homme se soit montré étonnamment peu loquace.

Ils furent chaleureusement accueillis par leur groupe, et Bénédicte put raconter son duel épique contre une prédatrice mythique. Elle ne parla pas de sa malédiction, et broda un peu pour modifier la fin de cette rencontre. Leur quête avait échoué, mais ce n'était que partie remise. Après tout, leur mission consistait à retrouver des plans nécessaires à la poursuite du scénario, et la jeune femme était très curieuse de connaître la suite. D'autant plus que tout était filmé. Elle voulait que son souvenir personnalisé soit aussi haletant et intéressant que possible, qu'elle puisse le mettre fièrement sur son blog, et le montrer avec le même esprit à ses parents.

Plus tard dans la soirée, après une deuxième tentative, cette fois couronnée de succès –les plans avaient été cachés sous un faux-plancher dans la salle où l'aberration s'était montrée- Bénédicte fut prise à part par le guide.

-Alors, pour cette malédiction, que comptez-vous faire ?

-Oh, laisser faire la nature ! s'écria Bénédicte avec bonheur, avant de reprendre brièvement un air sérieux ; Il n'y a aucun danger pour mon animal de compagnie ?

-Non rassurez-vous. Votre transformation se fera comme pour nos équipes : vous aurez simplement un maquillage basé sur des nano-particules sur votre peau, qui seront commandées à distance par notre équipe de maquilleurs. Vous aurez ainsi une évolution réaliste de votre transformation. Vu que c'est une malédiction, tout partira du cœur. Et l'annulation de votre métamorphose se fera selon le type de guérison que vous choisirez.

-Quel est le plus lent ? questionna Bénédicte.

-La guérison par un elfe Yrdeï, ça dure une semaine. Plus court c'est les elfes, trois jours, en deux jours c'est les elfes noirs, et sinon en cinq minutes, voire un quart-d'heure, vous êtes libérée de la malédiction par un dragonien ou un licornien.

-Tiens, et nous autres, humains, ne pouvons pas lever une malédiction ? s'étonna la jeune femme.

C'est vrai quoi, l'Histoire débordait de prêtres de sectes en tout genres, il avait bien dû y avoir des prêtres guérisseurs. Les Frères du Silence d'Ohb, le dieu de la Science, les Sectaires du Panthéon de Rubis, entre autres ceux priant principalement la déesse grue-cendrée bénéfique Ilynia, de la pluie, de l'humidité et de la purification, Guêlo le dieu du combat excessivement polyvalent... Rien que dans le Panthéon imaginé par la Lame de Rubis, il devait bien y avoir une quinzaine de divinités bien placées pour lever une malédiction. Surtout dragonienne. Et depuis les débuts de l'Humanité, une bonne soixantaine de panthéons –très gros minimum- avaient été imaginés. Il était donc très étonnant que pas un seul prêtre humain, ou un « élu divin » quelconque ne soit joué nulle part dans ce parc.

-C'est en étude, mais les archives de la Lame de Rubis sont difficiles à décrypter. C'était réservé à l'élite de cette secte, et les rares à en faire partie s'en cachent, en général.

-À cause des purges ?

-Entre autres.

Bénédicte calcula sur son téléphone. Cela faisait neuf cent quatre-vingt-deux ans que le dernier Roi de Centrale avait été assassiné, et que de nombreuses tueries avaient éclatées. C'était à cette époque que toutes les traces du monde extérieur avaient été brûlées, et que les premiers bruits sur la brume avaient commencé à se répandre. Ces tueries avaient visé les « non-humains », les « hybrides » et ceux soupçonnés d'être mages. Ce moment de purges réalisées à l'aveuglette avait été suivi de guerres religieuses. Et, pendant tous ces massacres, toutes les traces du passé antérieur à ces purges avaient disparues.

Les seules archives assez bien protégées avaient été celles de la Lame de Rubis. Le guide se reprit, avant de se laisser aller à poursuivre sur le sujet.

-Bien ! Alors, pour cette guérison, vous souhaitez quoi ?

Bénédicte réfléchit un instant, puis négocia pour avoir le choix plus tard. Comme c'était la fin de la journée, elle retourna dans sa chambre. Tout le monde pouvait soit retourner dans son hôtel, soit dormir dans un petit camping où se trouvaient les deux guides. Elle abreuva sa panthère, qui semblait ne plus avoir besoin d'être sédatée.

Tout le métabolisme de l'animal avait été modifié pour pouvoir vivre simplement avec de l'eau et de légers compléments alimentaires. En plus de ne pas coûter cher à nourrir, cela aidait à inhiber ses instincts de prédation, de revendication territoriale, ou tout comportement agressif. Simplement, la sédation devait lui éviter de s'ennuyer, et l'empêcher de dépérir parce qu'elle se sentirait délaissée.

Bénédicte passa par la machine à l'accueil, qui lui montra le mode d'emploi pour le maquillage à base de nano-particules, qu'elle recevrait le lendemain matin. Il était déconseillé de dormir avec, on lui confia une sorte de brosse aimantée pour se démaquiller sans peine. Elle ne voulait pas savoir en combien de temps elle serait changée en zombie.

Elle raconta sa journée sur son blog, envoya encore ses critiques à sa cheffe, et dormit profondément. Elle continuait à ne pas tarir d'éloges au sujet du parc. Elle se gardait toutefois de parler des bateaux mystérieusement sortis de la brume.

Le lendemain matin, la première chose qu'elle fit fut de prendre une douche, et de suivre le mode d'emplois du maquillage high-tech. Il lui suffisait de l'étaler sur son corps. Et, pour plus de réalisme, si elle avait un situs inversus, d'adapter son maquillage. Elle étala la fine crème sèche, et attendit. Bien vite, elle vit son cœur noircir à vue d'œil, sa peau devint extrêmement pâle, et même ses épaules prenaient une teinte assez inédite. Elle évita de mettre un haut blanc.

Ensuite, avant d'aller prendre son petit-déjeuner, elle vint interroger l'un des membres de l'accueil, au sujet des embarcations. Étrangement, ces trois-là, après s'être légèrement approchés, contournaient l'île, tantôt à la voile, tantôt à la rame. Au vu de la vitesse de déplacement, ils mettraient quatre jours environ à faire le tour complet. Voilà un comportement étrange, songea la testeuse. Et, toujours, les drones grillaient en approchant de trop près.

Elle partit prendre son petit-déjeuner, songeuse, remonta abreuver Îg'na, vérifia que son maquillage était discret, oublia ses interrogations, laissa sa panthère tranquille, et retourna auprès de son groupe. Ils avaient fait les dernières vérifications, et appris qu'il leur manquait beaucoup de fils de cuivre. Ainsi que des lunettes de protection pour le moment où ils se lanceraient dans de la soudure.

Cette fois-ci elle arriva la dernière, et dû interroger ses coéquipiers pour tout connaître du plan du jour. Ils allaient retourner à un avant-poste surchargé de zombies. Cinq membres de leur groupe, sur vingt-huit au départ, avaient été infectés. Depuis, les cinq infectés, après quelques heures de transformation, étaient restés trois jours ainsi, avant d'accepter de prendre le remède : une bonne dose de démaquillant. Exposé dans ce parc comme un vaccin difficile à trouver.

Leur mission se déroula bien mieux que la dernière fois, et un seul d'entre eux fut mordu, et infecté. Bénédicte attendait avec impatience le moment où les autres devineraient qu'elle avait été maudite. Elle avait donc une légère veste, en plus de sa panoplie habituelle. Ce fut après avoir commencé les activités manuelles, qu'elle fut démasquée, et qu'une vérification générale s'opéra. A part elle et le fraîchement mordu, personne n'avait changé.

Comme l'infection et la malédiction mettraient encore quelques heures à les rendre dangereux pour leur entourage, ils purent finir ce qu'ils avaient commencé. Puis, un guide et quatre vacanciers les escortèrent jusqu'à un poste abandonné, où ils devraient attendre la fin de leur transformation. A peine commençaient-ils à se raconter leur vie, que, déjà, ils furent accueillis par les zombies amateurs et professionnels. Beaucoup soignaient leur démarche et leur dégaine de morts-vivants, prenant de toute évidence leur rôle très à cœur. Et une bonne partie était très convaincante.

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