Lorelei (5ème partie)
Le lendemain, qui fut finalement notre dernier jour au lac, je me gardai de toute allusion à ce qui s’était passé la veille devant Sandra. Était-ce une impression de ma part, mais la petite brune semblait éviter de croiser mon regard ?… Je n’avais pas dit à Audrey qu’elle nous avait regardés… Pourquoi, je ne saurais dire… Peut-être voulais-je préserver le secret de notre amie ?
Nous étions bien décidés à profiter de nos dernières heures au camping et nous enfilâmes rapidement nos maillots pour la dernière baignade. Alors que je m’amusais à nager au fond de l’eau pour saisir les chevilles des filles qui éclataient en rires cristallins, Audrey me jeta soudain un objet mou. Je m’en saisis : il s’agissait de son haut.
« Elle t’a balancé son soutif ? s’exclama Sandra.
- Allez, à ton tour, poulette ! » lui cria Audrey tout en restant dans une zone où elle avait de l’eau jusqu’aux épaules.
Sandra fit des mouvements dans l’eau qui pouvait faire croire qu’elle était en train elle aussi d’enlever son haut, et ce sous nos encouragements, puis sous nos huées car cela devenait un peu long, jusqu’à ce qu’elle fasse le geste de lancer quelque chose, sauf qu’aucun soutien-gorge ne fendit l’air.
« Pfff… Que de la gueu… »
Mon amie n’eut pas le temps de terminer sa phrase que le haut du maillot de Sandra la cingla en plein visage sous nos rires. Je rêvais de voir les deux naïades émerger de l’eau et découvrir leurs poitrines, mais elles ne semblaient pas décidées à me rendre la partie si facile ! Elles se poursuivaient en s’éclaboussant, espérant certainement que l’autre se dévoilerait en répliquant. Audrey s’approcha finalement de moi et jeta ses bras autour de mon cou, m’enlaçant et plaquant ses seins contre ma poitrine…
« Vous formez un beau couple ! déclara Sandra d’un air songeur.
- Ne t’y trompe pas !... On est juste copains… répliqua Audrey sur un ton plein de sous-entendus.
- Ce n’est pas vraiment ce que je vois… »
J’essayai à plusieurs reprises d’inciter les filles à me rejoindre dans des zones peu profondes, mais elles n’étaient pas dupes…
« Tu ferais mieux de t’inquiéter de la bosse que j’ai sentie dans ton maillot… Comment tu vas faire pour retourner sur la plage comme ça ? lança Audrey sous les ricanements de Sandra.
- M’en fous ! J’assume totalement !
- Tu vas faire peur aux enfants sur la plage ! »
Je jetai un coup d’œil derrière moi : il n’y avait pas l’ombre d’un marmot.
« Même pas vrai… Par contre, je vois un ou deux « Raymond » qui risquent de faire une crise cardiaque quand ils vont vous voir sortir de l’eau les nibards à l’air… »
Audrey tendit à bout de bras son soutien-gorge qu’elle avait récupéré entretemps : «Parce que tu t’imagines qu’on va sortir de l’eau seins n… »
Vif comme l’éclair, j’arrachai l’étoffe des mains de mon amie.
« Hé ! Hé ! Hé ! » éclatai-je d’un rire démoniaque en faisant tournoyer mon trophée comme une serviette à la fin d’un banquet et en prenant soin de fuir vers une zone peu profonde où Audrey hésita à me suivre.
« Hé, Sandra !... Donne-moi ton soutif aussi ! Montre-toi un peu solidaire avec ta copine! »
La petite brune me répondit en brandissant ses deux majeurs vers le ciel. Je pouffai de rire devant le regard réprobateur que des dames d’un certain âge lui jetèrent depuis la plage.
« On va finir par se faire virer du camping ! rigolai-je.
- On s’en fout, de toute façon, on se casse aujourd’hui ! »
Sur ces fortes paroles, Audrey nous tourna le dos et sortit de l’eau. Sur la rive, les types que nous surnommions des « Raymond » et qui étaient certainement les maris des vieilles qui avaient jeté un regard noir à Sandra suivaient Audrey les yeux écarquillés.
« Putain, elle le fait ! soufflai-je à Sandra…
- Oui… Oh et puis merde !... »
Elle fourra son haut dans ma main et entreprit de suivre ma meilleure amie. Je restai quelques secondes sans réagir avant de réaliser que j’étais maintenant du mauvais côté de la scène ! Je revins précipitamment vers la plage, mais trop tard. Les deux copines s’étaient déjà sagement recouchées sur le ventre !
« Tu fais une drôle de tête, mon chou ! minauda Audrey.
- Quand je pense que ces vieux schnocks ont pu admirer vos obus, et pas moi !... Vous auriez dû voir leurs têtes, j’ai cru qu’ils allaient mourir !
- C’est vrai, ils ont regardé ? s’écria Audrey sur un ton faussement effrayé qui fit rire Sandra.
- Leurs yeux leur sortaient de la tête ! A mon avis, ils vont se prendre une soufflante de leurs bourgeoises dans la caravane… Déjà que les vieilles biques n’apprécient pas trop les doigts d’honneur à tout va de Sandra… Encore un jour ou deux, et vous auriez fini fouettées en place publique !...
- Hmmm… Ca aurait pu être amusant !... rétorqua Audrey d’une voix exagérément sensuelle, et les deux filles éclatèrent de rire.
- En tout cas, c’est dégoutant que les vieux pervers aient vu vos seins, alors que moi, rien !... bougonnai-je.
- Hé, Caliméro, dis surtout que tu aurais voulu voir les seins de Sandra… Les miens, tu les as déjà vus…
- Heu… oui enfin, je… »
Et les deux filles de rire de plus belle devant mes bafouillis peu convaincants. Je me montrai cependant beau joueur et rendis aux filles leurs soutiens-gorges après m’être fait un peu prier quand même. J’en fus remercié en ayant le droit de crémer le dos de ces demoiselles, et je dois avouer que je me montrai particulièrement zélé, particulièrement lors du massage de Sandra… Audrey ne m’en teint pas rigueur, et tout en nous observant, dit à notre amie :
« Il fait ça bien, hein ?
- Hmmm… Un peu trop même…
- Tu veux que je m’arrête, peut-être ?... lui demandai-je.
- Surtout pas ! » répondit-elle dans un souffle.
Je ne cherchais même plus à maintenir l’alibi de la crème solaire et mes attouchements se limitaient maintenant aux hanches et aux bordures des seins de la petite brune. Audrey s’était légèrement redressée pour mieux observer, dévoilant la quasi-totalité de sa poitrine. Je bandais tellement que mon slip de bain semblait prêt à craquer. Heureusement, il était 13 heures, et la plage désertée par les campeurs certainement en train de déjeuner. Audrey me fit alors un signe. Je réalisai qu’elle m’incitait à baisser le slip de bain de Sandra. Mon amie ne me laissa cependant pas le temps de réfléchir à l’audace de la manœuvre car elle tira elle-même l’élastique et abaissa le tissu jusque sous les fesses de notre amie.
« Putain, regarde le beau cul qu’elle a ! souffla-t-elle.
- Vous êtes cinglés ! » susurra Sandra d’une voix mal assurée.
Je dévorai des yeux cette croupe… Joignant le geste au regard, Audrey commença à l’effleurer très doucement. Sandra, les yeux clos, tressaillait sous la caresse. Savait-elle seulement lequel de nous deux la touchait ? Sans un mot, Audrey saisit ma main et la posa sur l’une des fesses de Sandra, puis elle approcha son visage du mien et je sentis tout à coup sa langue chaude et humide contre la mienne. Nos caresses sur le cul de Sandra devinrent plus appuyées et insinuantes, les doigts fins d’Audrey se perdant dans le sillon de cette croupe qui ondulait de moins en moins discrètement. Mon amie dessinait de ses longs ongles nacrés des arabesques rosées sur cette peau pâle, puis partit débusquer des trésors plus secrets à la base des deux masses charnues. La petite brune basculait maintenant son bassin d’avant en arrière, cherchant le contact de la serviette sur son pubis.
Soudain, Audrey balança sur cette croupe parfaite une claque assez sonore. La brunette sursauta et émit un « Oh » de surprise, interrompant l’ondulation de son bassin dans l’attente de la suite des événements. Audrey laissa alors courir nonchalamment ses doigts sur ce cul de plus en plus rougir, puis tout à coup, elle administra une nouvelle claque bien appuyée !... « Paf ! Paf ! Paf ! » Les claquements s’enchaînaient maintenant rapidement en une fessée en bonne et due forme.
« Oh oui !... Oui !... OUI !... » soupirait de plus en plus fortement Sandra à chaque coup faisant rebondir la masse ferme de son cul. Elle avait glissé une main sous elle, cherchant son intimité pour parachever le traitement infligé par Audrey. Ses suppliques se terminèrent en un long feulement qui ne laissa aucun doute sur ce qui se produisait dans le corps de notre amie.
« Mais c’est pas possible !... Vous m’avez fait jouir ! Vous êtes fous ! »
Les cheveux défaits, les yeux brillants et les joues aussi rouges que son cul, Sandra offrait tous les indices de celle qui vient d’être transportée par un orgasme aussi inattendu que dévastateur. Autrement dit : elle n’aurait pas pu être plus belle en cet instant ! En tournant la tête, je vis à quelques dizaines de mètres de nous un couple de baigneurs qui nous regardait du coin de l’œil en se chuchotant à l’oreille.
« Je crois qu’il est temps que nous quittions ce camping…
- Juste le temps de faire un casse-croûte avec les dernières provisions, le ménage dans le mobil home, et on se barre ! »
Nous acquiesçâmes à la remarque d’Audrey. Après un repas rapide, nous passâmes des tenues simples pour le ménage. Je devinai que les filles avaient mis de « vrais » sous-vêtements sous leurs habits plutôt que les habituels maillots de bain qui ne s’imposaient plus. Une tâche ménagère fut assignée à chacun : Pendant que je me chargerais de nettoyer la cuisine, les filles balaieraient et passeraient la serpillère. Leur travail les obligeait donc à se baisser régulièrement, me dévoilant les décolletés vertigineux que formaient leurs larges T-shirts. La vue de ces appâts se balançant au rythme du balai ou de la serpillère ne m’aidait pas à me concentrer, et je me rendis compte tout à coup que cela faisait cinq minutes que je frottais une vitre parfaitement propre. Mon manque de productivité n’échappa pas à Audrey qui mettait dans les va-et-vient de sa serpillère un peu trop de sensualité pour être tout à fait honnête. Elle se mit même à quatre pattes, la croupe exagérément cambrée, frottant le lino comme si elle voulait en faire disparaître une tache particulièrement récalcitrante…
« Y’a quelque chose qui te perturbe, mon chou ?... Tu comptes rincer l’évier ou juste te rincer l’œil ? minauda-t-elle tout en continuant à caresser le sol.
- Heu, déjà, je dois astiquer les vitres…
- M’est avis que tu t’astiques tout autre chose, du moins mentalement !... ironisa-t-elle. Heureusement qu’il y a certaines choses que tu astiques avec plus d’efficacité que cette vitre… »
Sandra, tout sourire, avait arrêté son nettoyage et attendait la suite.
« Ah ouais, et quoi par exemple ? »
Si j’avais cru clouer le bec à Audrey, j’en fus pour mes frais.
« Hé bien… mon cul, par exemple… Il se souvient d’avoir été traité d’une façon dont il n’eut pas à se plaindre… »
Mon amie mêlait toujours à la vulgarité un certain raffinement verbal. La bouche de Sandra afficha un « Oh ! » muet, bien que la petite brune ne se faisait certainement plus d’illusions sur notre relation depuis un certain temps…
« En tout cas, je sais pas si ce sont mes mots ou mes nichons qui te font de l’effet, mais t’as hissé le grand mât… »
Je baissai les yeux pour constater qu’Audrey disait vrai : Mon survêtement ressemblait à une tente de camping dressée sur son piquet !
« Pfff… Le ménage, cette discussion, tout ça, ça donne chaud, non ?... Vous m’en voudrez pas si je me mets à l’aise ?... » ajouta mon amie qui fit valser son T-shirt pour révéler un soutien-gorge en dentelle du meilleur effet…
« Tu devrais en faire de même Sandra ! Ne te gêne pas pour Pascal !... Ça fait deux jours qu’il n’arrête pas de te reluquer, donc un peu plus ou un peu moins !…
- T’as remarqué ?... Il n’a pas arrêté de nous mater ! » répondit Sandra qui semblait beaucoup s’amuser.
Puis elle croisa les bras sous son T-shirt pour l’envoyer à son tour bouler plus loin. Son soutien-gorge laissait deviner ses larges mamelons. Je commençais à trouver qu’il faisait très chaud. Contente de son petit effet, Audrey reprit son nettoyage lascif et assez peu efficace dans une pose de soubrette vicieuse ondulant savamment du cul. Sandra avait adopté la même position et la vue du sillon vertigineux de son décolleté n’améliorait pas mon état…
« Vous êtes quand même de sacrées petites allumeuses ! »
Sandra commençait à protester mollement quand Audrey rétorqua : « Si tu crois que c’est en nous flattant qu’on va t’en montrer plus, tu te fourres le doigt dans l’œil… voire ailleurs… »
Il était impossible de ne pas éclater de rire, et c’est ce que nous fîmes… Il ne fallait cependant pas trop tarder si nous voulions attraper un train avant la fin de la journée, d’autant que nous devions rejoindre la gare en autostop. Je plaisantai Audrey et Sandra en leur proposant de rester dans la tenue dans laquelle elles étaient, histoire de garantir le succès de cette entreprise… Cela dit, je ne tenais pas à devoir défendre ces demoiselles contre une horde d’automobilistes en rut… Lorsqu’elles sortirent de la chambre après s’être changées pour le départ, je réalisai que c’était peut-être malgré tout ce qui me pendait au nez : Au vu des minishorts et débardeurs qu’elles arboraient, je faillis leur dire qu’il valait mieux faire six kilomètres à pied que d’être poursuivis par tout ce que le Beaujolais comptait de satyres, mais je préférai me taire… Après tout, je profitais moi aussi du spectacle !...
Après avoir achevé le ménage un peu plus sérieusement que nous ne l’avions commencé, nous quittâmes les lieux. Faire du stop n’avait rien d’une évidence sur ce parcours malgré les deux créatures qui m’accompagnaient : Il fallait d’abord marcher deux kilomètres sur une route peu fréquentée et dangereuse, car sans véritable bas-côté. Plutôt que risquer notre vie, nous parcourûmes donc un petit chemin qui la suivait en parallèle et ne commençâmes à faire du stop qu’une fois sur la route suivante. Malheureusement, celle-ci n’était guère plus fréquentée que la précédente. Nous choisîmes un lieu dégagé pour commencer à tendre le pouce. La stratégie que nous avions décidé d’adopter était en gros celle de la belle autostoppeuse seule que rejoint précipitamment son copain habilement caché derrière un buisson avec ses quinze bagages dès qu’une voiture s’arrête… Je me tenais donc soigneusement à l’écart, seules Audrey et Sandra restant bien visibles... C’est simple, seul un gyrophare placé au sommet de leurs charmantes têtes aurait pu les rendre plus remarquables. J’étais donc confiant, à condition qu’une voiture passe par là et que son conducteur ne la flanque pas directement dans le fossé à la vue des pin-up… Le bruit lointain d’un moteur s’amplifia.
« Ça y est ! Une voiture arrive ! »
A mesure que le son se rapprochait, il me rappelai de plus en plus le vacarme produit par les canalisations de ma tante Paulette des Ardennes à chaque fois que l’on tirait la chasse d’eau. Enfin, nous la vîmes. Emergeant lentement du haut de côte, fumant comme un poêle à mazout d’avant-guerre, apparut sous nos yeux incrédules un engin qui me convainquis à l’instant de supplier les filles de baisser leur pouce et de prendre l’air dégagé de celui qui a décidé de marcher sous le cagnard le long d’une route déserte. C’était déjà trop tard : L’engin ralentissait, phénomène pourtant inconcevable au vu de la vitesse pachydermique de la chose. Il s’agissait d’une Citroën Ami 8 qui aurait eu toute sa place sur cales, remplie de pots de géraniums dans le jardin de ma tante Paulette. A l’intérieur, un paysan rubicond, tout en casquette et rouflaquettes, arborait l’air extatique d’un type qui découvrirait Las Vegas après avoir traversé le Grand Lac Salé à pied.
« Montez ! Montez-y, mes poulettes !... Et toi aussi, mon gars ! »
Après plusieurs tentatives infructueuses, il réussit à débloquer la portière. J’arrachai rageusement mon sac à dos du sol, passai à côté des filles en leur jetant un regard noir, et m’apprêtai à m’installer sur le siège avant quand l’ancêtre se mit à gueuler :
« Hé mon gonand ! Sois-y pu galant avec tes belles poutrônes ! Ta gâche à toué, c’est derrière !... »
Quel cauchemar !... Je me dirigeai donc vers l’espèce de matelas à ressorts qui tenait lieu de banquette arrière. Audrey monta à l’avant après avoir esquissé un discret signe de croix à notre intention. Pourquoi ne fus-je pas surpris en m’installant de constater que l’habitacle exhalait un fumet rance où l’odeur de chien mouillé le disputait aux effluves de Gitanes maïs ? Sandra et moi échangeâmes un regard consterné, puis nous nous élançâmes… Plus exactement, le vieux cala trois fois avant que son enclume ne daigne s’arracher péniblement de sa position dans un tintamarre de vibrations tel que je craignis qu’une portière ne restât sur le bord de la route.
« Une fameuse voiture que vous avez-là ! »
- Qu’est qui dit, l’fenassu ?
- Je disais : VOUS AVEZ UNE FAM… nan, bon, laissez tomber… »
Bien que le boucan monstrueux du fer à repasser de la route empêcha toute conversation, cela ne dissuadait pas le vieux de bavasser en permanence, ravi qu’il était d’avoir deux bombes dans sa guimbarde… Entre le volume sonore et son parler typiquement beaujolais, je ne comprenais que quelques mots, mais je commençais à trouver le gars finalement sympathique. Bien sûr, il quittait rarement Audrey des yeux et ne surveillait par conséquent pas beaucoup la route, mais de toute façon, vu sa vitesse de pointe, nous ne courions pas un grand danger… On aurait presque fait aussi vite à pied, mais au moins ne portions-nous plus nos bagages…
Peut-être à cause des vibrations du bidule ambulant, la barrette à cheveux d’Audrey tomba. Ma belle eut du mal à la fixer à nouveau, ce qui n’avait rien d’étonnant vu les secousses provoquées par l’essoreuse du papy. Je vis les yeux de ce dernier s’arrondir et n’eus aucun mal à comprendre pourquoi : Mon amie portait un top tellement échancré qu’elle devait dévoiler la plus grande partie de son soutien-gorge en levant les bras. L’idée qu’elle ait pu faire exprès me traversa l’esprit …
Comme les meilleures choses ont une fin, nous arrivâmes à destination. La grandeur d’âme de notre bon samaritain l’incita à faire un large détour pour nous déposer pile poil devant la gare… Il poussa le zèle jusqu’à nous aider à sortir nos bagages et on eut presque du mal à les lui reprendre des mains. Nous le remerciâmes et nous apprêtions à tourner les talons quand :
« Hé les fenottes !... Donnez mi-z-en vot’ 06 ! Vous seriez ben charitâb’ ! » nous cria l’aîné tout en brandissant un portable flambant neuf.
Là, c’était trop fort, et nous éclatâmes de rire. C’était pour le moins inattendu qu’un pareil ancêtre dispose d’un tel équipement, surtout à cette époque. Notre nouvel ami était tellement désarmant que les filles acceptèrent même de lui donner leur numéro, puis nous prîmes notre train.
« Hé ben ! quel phénomène, celui-là ! J’espère qu’il t’a pas usé les seins à force de les regarder pendant tout le trajet !
- Bah quoi mon chou, qu’est-ce que ça peut faire ?... Il était mignon… »
Cette fois-ci, même Sandra eut l’air interloquée :
« Mignon ?...
- Bon d’accord, je l’aurais pas mis dans mon lit… mais il était plutôt sympa, et sans lui on serait encore à galérer !... On va dire que je lui ai offert un petit dédommagement, histoire qu’il garde un bon souvenir de notre rencontre !...
- Alors le coup de la pince à cheveux, c’était volontaire ? demandai-je.
- Qui sait ? répondit Audrey avec un clin d’œil.
- Hé ben !... Ça te dérange pas si ce mec, ce soir, dans sa masure en crotte de chèvre, se paluche en pensant à ton débardeur ?... »
Audrey fit une moue désapprobatrice :
« Tu es plein de préjugés de classe, mon cher… Si ça se trouve, le souvenir de mes nibards lui donnera envie de besogner sa bourgeoise avec d’ardeur, et cette dernière sera ravie de ce retour de flammes. Alors tu vois, j’aurai fait trois heureux !...
- Trois ?... C’est qui le troisième ?
- Moi !... J’adore faire plaisir au gens… »
Le voyage jusqu’à Lyon se déroula sans anicroche. Je proposai aux filles de prolonger le plaisir d’être ensemble par un kebab mais Audrey était attendue dans sa famille. Quant à Sandra, elle avait « quelque chose » de prévu…
« Quoi donc ? »
La question avait fusé de la bouche d’Audrey.
« Ça te regarde ?... Oh, et puis, c’est pas un secret… Luc voudrait que je l’aide à réviser son oral de rattrapage de géo…
- Son oral de rattrapage de… Son ORAL ?!... Ça, je vous fais confiance pour bien travailler ORALement !... »
Mon amie et moi n’en pouvions plus, pleurant littéralement de rire, la moue navrée de Sandra ne faisant que renforcer notre hilarité.
« Pffff… Mais vous êtes débiles ma parole !... La sage-femme vous a fait tomber par terre à la naissance ou quoi ?...
- Sandra, c’est un ORAL de géo… N’oublie pas de rappeler à Luc quel est le numéro du département du Rhône ! Hahahaha !! »
Même Sandra ne put conserver sa mine dégoûtée et pouffa à cette blague si subtile de ma part. Quand j’y repense, nous étions vraiment cons, mais c’était le bon temps et peut-être les meilleurs moments de nos vies…
Arrivés à Perrache, il fallut se dire au revoir, le cœur un peu serré. Audrey me prit dans ses bras et me fit un bisou rapide sur la bouche, puis se tourna vers Sandra à qui elle fit la même chose. Nous avions chacun diverses choses prévues pour le reste des vacances -colos ou retrouvailles familiales- et ensuite, ce serait la rentrée, la fac pour Audrey, Sandra et Luc, la Terminale pour moi… Nous n’avions aucune idée de quand nous nous reverrions…
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