Beatrix (2ème partie)

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 Je ne revis que rarement Audrey dans les mois qui suivirent. Pourtant, ce que j’attendais sans vouloir me l’avouer depuis des années était arrivé : J’avais fait l’amour avec elle, et avec quelle intensité ! Cet événement aurait dû constituer le début d’un nouveau chapitre de nos relations, or je constatais incrédule qu’il semblait nous avoir éloignés… Les difficultés de santé de la mère d’Audrey et le rythme de travail imposé par ses études y étaient certes pour beaucoup, mais je ne pouvais m’ôter de l’esprit qu’il y avait autre chose.

 Cela dura jusqu’au 7 avril. C’était un début de printemps particulièrement doux. Les marronniers de la cour du lycée faisaient pleuvoir sur nos têtes leurs pétales blancs comme neige et l’air embaumé vibrait du bourdonnement d’insectes. Je sortais par le portail principal lorsque je la vis sur le trottoir d’en face, vêtue d’une petite jupe fleurie du plus bel effet et me regardant. Un instant, je me demandai ce qu’elle faisait là avant de réaliser que c’était moi qu’elle attendait…

 « Salut ! » lui lançai-je sur un ton qui se voulait naturel tandis qu'elle me rejoignait.

 Elle me sourit, posa sa main sur ma joue et dit :

 « Je sais que tu m’en veux…

 - Ah bon ?... Pourquoi ?

 - Je ne t’ai pas donné beaucoup de nouvelles…

 - Oui… C’est vrai, mais je sais aussi que ça n’a pas été facile pour toi…

 - Tu as un peu de temps ?

 - Oui… bien sûr ! »

 Nous allâmes boire un verre, puis Audrey me proposa d’aller chez elle et de commander des pizzas. J’avais cours le lendemain, aussi me proposa-t-elle de passer la nuit à son appart et de me rendre directement au lycée le jour suivant. Nous prîmes le bus et je me retrouvai dans son appartement propret…

 « La dernière fois que je suis venu ici… » commençai-je.

 - Tu veux pas attendre que les pizzas soient arrivées avant d’évoquer les bons souvenirs ?... répondit-elle en m’enlaçant. T’as pas faim ?

 - J’ai surtout faim de toi… » rétorquai-je en l’embrassant dans le cou.

 Mais elle me repoussa doucement :

 « Il faut que je te dise quelque chose qui ne changera rien entre nous…

 - Hum, tu dis ça parce que tu t’apprêtes à dire quelque chose qui va changer beaucoup de choses entre nous ! » raillai-je…

 Son sourire embarrassé m’indiqua que je n’étais pas tombé loin…

 « Mon chou… j’ai rencontré quelqu’un à la fac… Je veux dire… j’ai un… copain… mais ne t’y trompe pas, comme je l’ai dit, cela ne change rien entre nous !

 J’ouvris et fermai la bouche plusieurs fois sans parvenir à émettre un son, puis je finis par dire :

 « Heu… Mais… je vois pas très bien comment ça pourrait ne rien changer entre nous…

 - Hé bien, juste comme ça… rien !... »

 Et elle me fit un « smack » comme pour confirmer ce qu’elle venait de dire. J’avais toujours autant de mal à réfléchir.

 « C’est pour ça que tu ne m’appelais plus ces derniers temps ?...

 - Disons que je ne savais pas très bien comment tu réagirais à cette nouvelle… Je ne sais toujours pas d’ailleurs…

 - Ça fait combien de temps que ça dure ?

 - Ecoute, l’important, c’est que ça ne ch…

 - CHANGE RIEN ENTRE NOUS ! J’ai compris !!... Mais comment ça serait possible ? »

 Audrey soupira :

 « Tu vois, c’est exactement la réaction que je craignais… En tout cas, sache que ce garçon ne compte pas pour moi…

 - Parce que moi, je compte pour toi ?... JE SUIS QUI POUR TOI ?? »

 J’avais presque crié ces mots d’une voix vibrante de colère qui m’étonna moi-même. Audrey me regardait silencieusement. A bien y réfléchir, elle ne me devait rien et ne m’avait jamais promis une quelconque fidélité...

 « Excuse-moi… mais savoir qu’il a fait les mêmes gestes…

 - Qu’en sais-tu ?

 - Savoir qu’il est venu ici pour…

 - Non, ça je te le promets ! Ici, c’est pour toi… Avec l’autre, ça se fera jamais ici !

 - Mais pourquoi, Audrey ?... Pourquoi tu me fais ça ?

 - Tu peux me juger, Pascal... me juger tant que tu veux ! explosa-t-elle. Penser que je suis une trainée, une pute, une salope !... Mais tu ne peux pas m’ôter ma liberté !!... Je suis libre, tu m’entends, je donne mon cul à qui je veux !! T’ai-je jamais demandé de m’être fidèle ?... de ne voir que moi ? »

 Audrey était maintenant au bord des larmes. Cela tournait à l’engueulade en bonne et due forme, la première de toute notre relation en fait…

« Je sais, tu le dis toujours : « Libre comme l’air, libre comme la mer »… Mais comprend-moi aussi… Si j’avais eu une copine…

 - J’aurais été heureuse pour toi !!

 - Vraiment ? »

 Elle me fixait d’un regard triste et pourtant d’une infinie tendresse, puis elle se mit à m’embrasser les joues, les pommettes, les paupières… Elle buvait mes larmes alors que je ne m’étais pas aperçu que je pleurais, les lapant le long de mes joues comme s’il s’était agi d’or liquide…

 « Tu comprends, Audrey… j’ai peur de te perdre !

 - Tu vas pas me perdre, mon bébé… j’ai pas été là ces derniers temps mais ça va changer ! »

 Elle m’enlaça dans une étreinte folle, et je la pressai moi aussi contre moi à nous en étouffer jusqu’à ce que mes lèvres trouvent le chemin des siennes et que nos souffles se mêlent comme nos larmes s’étaient mêlées. Je la soulevai et la portai littéralement jusqu’à sa chambre. Au moment de la pénétrer quelques minutes plus tard, je pris conscience de l’absence de préservatif.

 « Heu… Désolé, Audrey… mais… j’ai toujours pas ce qui faut…

 - Les capotes, c’est pour l’autre !... Avec toi, ce sera toujours sans ! » répondit-elle sur un ton définitif.

 Audrey se montra déchaînée. Nous enchaînions les positions, et quand j’étais fatigué et que mon sexe perdait de sa vigueur, elle me branlait et me suçait jusqu’à ce qu’il se redresse, et c’était reparti. Nous fîmes ainsi l’amour une bonne partie de la nuit avant que je ne rende grâce malgré une énième tentative de mon amie…

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