Pandora (2ème partie)
Nous avions tous les quatre des échéances lycéennes ou universitaires importantes dans les semaines qui nous séparaient des vacances, et nous nous en tirâmes tous bien, à l’exception de Luc qui s’était fait une raison depuis un moment et savait qu’il devrait redoubler son année. Nous nous retrouvâmes donc au Lac des sapins début août, et cerise sur le gâteau, nous avions réussi à être tous disponibles pour une semaine complète. Le camping n’avait pas changé depuis l’année précédente : toujours aussi peu pittoresque, il tenait plutôt du parking à caravanes, mais honnêtement, on s’en fichait complètement. Dans un sens, c’était presque mieux car les touristes, certainement plus sensibles que nous à leur environnement esthétique, boudaient une fois de plus les lieux. Je me rendis compte par ailleurs que mes craintes d’avant séjour étaient injustifiées. Aucun contraste embarrassant ne semblait se creuser entre le couple « officiel » de Sandra et Luc et le duo ambigu que nous formions Audrey et moi. Mieux encore, une sorte d’équivalence s’était tout de suite établie. Par exemple, lorsqu’Audrey faisait un sous-entendu salace à propos de nos amis, immédiatement, ces derniers nous rendaient la pareille. Ils nous traitaient comme si Audrey et moi avions formé un couple en tout point comparable au leur et j’en étais flatté…
Le bikini de ma meilleure amie était encore plus échancré et moulant que celui de l’année précédente, au point que je craignais à tout moment qu’un de ses seins ne jaillisse hors de son bonnet, mais miracle de l’industrie textile, cela ne se produisit jamais… Et comme l’été précédent, c’était à celle des deux filles qui roulerait des hanches en prenant l’air le plus canaille ou qui nous montrerait le décolleté le plus vertigineux… Pour couronner le tout, elles se changeaient chaque soir, troquant shorts et T-shirts pour des robes particulièrement affriolantes. Luc et moi commencions à mieux comprendre le nombre de bagages contre lequel nous avions pesté au moment de charger la Clio.
Toujours plaisantant, débordant d’énergie, le jeune homme n’avait plus rien en commun avec l’adolescent mollasson que j’avais connu quelques années plus tôt. Sa relation avec Sandra lui faisait visiblement du bien. Il la couvait d’ailleurs en permanence des yeux, s’émerveillant de sa beauté et nous invitant à faire de même. Un matin, comme nous n’avions plus de pain pour le petit-déjeuner, il se proposa d’aller en chercher en voiture à la boulangerie la plus proche. Sandra dormait encore dans le mobil-home alors qu’Audrey et moi étions sur la terrasse. Mon amie avait posé sa main sur ma cuisse et la caressait doucement, mais après le départ de Luc, ses frôlements devinrent plus appuyés et elle rejoignit la bosse qui déformait mon caleçon. Toujours plus audacieuse, cette main passa sous le tissu pour en extirper ma queue dressée et se mit à me branler doucement. Je m’abandonnai à cette délicieuse caresse, la tête rejetée en arrière, quand Sandra fit irruption… Elle ne se rendit compte de rien, la table lui cachant le spectacle... Je pensais que mon amie cesserait ses attouchements, mais il n’en fut rien et elle continua à me manipuler tout en parlant à Sandra sur le ton le plus naturel qui soit… Je parvenais difficilement à feindre la décontraction, d’autant que la petite brune avait gardé sa tenue de nuit, à savoir un T-shirt dont l’ample projection, tout comme le renflement de ses tétons pointant dans la fraîcheur du matin, trahissait l’absence de soutien-gorge… Tout à coup, notre amie tiqua légèrement en regardant la direction prise par la main d’Audrey…
« Mais je rêve où... » souffla-t-elle…
- Bah quoi ? Après le rodéo que vous nous avez imposé cette nuit, c’est normal que je donne à Pascal une compensation, non ?... Tu me l’as mis dans un état ! » répliqua Audrey en faisant allusion aux bruits qui étaient parvenus jusqu’à nos oreilles à travers les cloisons mal isolées du mobil home… « Et si tes gros nibards qui pointent sous ton T-shirt participent à cette compensation, on est quitte, non ?... »
Sandra ne trouvant rien à répliquer, Audrey en profita pour lui porter l’estocade :
« Tu adores que je te parle comme ça, n’est-ce pas ?... Tu adores ça, petite salope !... »
Heureusement que mon amie, trop occupée à chauffer la petite brune, avait cessé depuis quelques instants ses mouvements sur ma queue, sinon j’aurais instantanément giclé en entendant ces paroles qui cinglèrent l’air du matin comme un coup de fouet au milieu d’une cantate de Bach. Je crus Sandra sur le point de se rebeller, mais elle se contenta de répondre « oui » d’une petite voix…
A ce moment-là, le camping n’existait plus, le lac n’existait plus, et bien sûr, Luc à la recherche de ses croissants n’existait plus… C’est évidemment alors qu’il réapparut… Le bruit de casserole de la vieille Clio nous annonça son retour suffisamment tôt pour que chacun puisse retrouver une contenance…
« J’ai trouvé des bugnes et du pain au raisin ! » s’écria notre ami triomphant en sortant de sa voiture…
Le « Super ! » lancé par Audrey ne me parut pas totalement sincère…
Le petit jeu qui avait commencé aurait-il été possible en présence de Luc ? Quand, le soir même, je posai la question à Audrey, celle-ci déclara qu’il n’avait aucune raison d’être jaloux et que sa copine avait droit à son « jardin secret », puisque lui-même en avait un… Sandra l’avait accepté, cela faisait partie du « deal » entre eux…
« Attend… Qu’est-ce que tu es en train de me raconter, là ?... Tu veux dire que Luc voit d’autres filles ? »
Le jeune homme semblait en extase permanente devant Sandra, ce qui rendait ce que sous-entendait Audrey difficile à croire.
« Non, non… pas d’autres FILLES !... » répondit mon amie…
Elle avait insisté sur le dernier mot de telle sorte que je commençai à comprendre…
« Hein ?!... Tu veux dire que…
- Pfff… Ferme la bouche, tu vas gober une mouche !
- Tu veux dire que Luc est homo ???
- Bon, mon chou, je t’aime bien, mais là je commence vraiment à me poser des questions !… Pas homo, banane !! Comment ça s’appelle, quand on aime les deux genres??
- Luc serait bi ?... Mais c’est pas possible !... Je le connais depuis… »
Mais à bien y réfléchir, ce qui me surprenais, c’était que je n’étais pas si surpris que ça ! De petits faits me revenaient maintenant en mémoire qui prenaient place dans un tableau d’ensemble comme les pièces d’un puzzle. Je me souvins ainsi de cette fois où j’avais assisté à un concert de rock dans un bar avec Luc. Le chanteur du groupe, particulièrement beau gosse, avait de nombreuses groupies dans l’assistance. Simulant un strip-tease, il avait provoqué chez la gent féminine un déchaînement de hurlements tellement stridents que j’ai dû perdre deux degrés d’acuité auditive ce soir-là… Et Luc n’était pas le dernier à l’inciter à faire valser ses vêtements… Me revenait aussi en mémoire la façon dont il parlait de certains footballeurs connus… C’était peu de temps après la victoire de l’équipe de France en Coupe du Monde, et mon ami était fan de Bixente Lizarazu. Il m’apparaissait maintenant évident que ce n’était pas que pour des raisons sportives…
« Tu y es maintenant ?... me demanda Audrey qui semblait deviner la progression de mes pensées. Je n’étais pas censé t’en parler, mais après tout, je ne vois pas pourquoi ça devrait être un secret… »
Mon amie m’expliqua que Sandra lui avait confié que paradoxalement, c’était le fait d’être en couple avec une fille qui avait poussé Luc à assumer sa bisexualité, car il avait réalisé que son attirance pour les hommes ne remettait pas en cause sa virilité. Cela ne changeait rien non plus à son désir de construire sa vie avec une femme. Sandra savait que son copain serait certainement amené à coucher avec un homme de temps en temps… Était-il possible de construire une relation de couple dans ces conditions ? Comme elle aimait sincèrement Luc, elle pensait que cela valait le coup d’essayer… Mais quel était le rapport entre cela et la complicité un peu particulière qui s’était formée entre Sandra, Audrey et moi ?
« Tu comprends, vue la situation, il serait malvenu à Luc de faire des reproches à sa copine ! »
Mais c’était une chose d’autoriser des escapades sexuelles avec des inconnus à son compagnon (du même sexe qui plus est), et c’en était une autre que d’accepter un dérapage avec des amis proches…
« En tout cas, c’est dommage que Luc ait rappliqué au mauvais moment, ce matin… J’allais proposer à Sandra de lui montrer ta queue ! pouffa Audrey.
- De lui montrer ma… ?... Audrey, tu es la fille la plus cochonne au monde, le rêve de tout homme… Mais en l’occurrence, tu as un peu de retard : Elle l’a déjà vue !… »
Pour le coup, c’est elle qui eut l’air interloquée : « Hein ?... Mais quand ?... »
Je lui racontai en détail ce qui s’était passé un an plus tôt, quand j’avais aperçu Sandra mater la pipe magistrale qu’elle m’administrait. La seule chose que me reprocha Audrey fut de ne pas lui avoir raconté cela plus tôt…
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