Pandora (5ème partie)

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 Le lendemain matin, j’observai attentivement les réactions de Sandra, mais à ma déception, elle ne laissa rien paraître. Soit elle jouait vraiment bien la comédie, soit les ruses d’Audrey étaient décidément très convaincantes… Ce jour-là, nous avions prévu de retourner au point de vue où nous nous étions rendus un an plus tôt. Je me réjouissais d’avance de cette sorte de pèlerinage, qui comme il se doit, prenait pour cadre le lieu d’une apparition miraculeuse : celle de la croupe de Sandra qui avait quelque peu occulté la beauté du paysage… Un arrêt bronzette était donc prévu au bord du chemin, à l’endroit même où Dieu m’avait envoyé un signe incontestable de son existence un an plus tôt à travers le dévoilement du cul parfait de Sandra…

 L’ascension se fit dans la bonne humeur, mais arrivés à l’« aire de bronzage », déception ! Il s’avéra que les filles portaient leurs maillots de bain ! Nous protestâmes Luc et moi, d’autant que nous nous dévêtîmes complètement. Devant notre insistance, Audrey finit par dire « Et puis merde !... » et retira son maillot avant de se coucher sur le ventre. J’espérais que Sandra allait la suivre, mais malgré les encouragements de Luc, elle continua à bronzer en maillot de bain. Son copain entreprit donc carrément de la déculotter. Je pensais que la petite brune allait se rebeller, mais elle se contenta de murmurer : « T’es chiant ! » en enfouissant sa tête entre ses bras. Pour parachever son œuvre, Luc dégrafa son soutien-gorge…

 En tournant la tête légèrement vers la droite, je pouvais profiter d’un panorama imprenable sur le corps de Sandra se découpant sur le fond sombre des monts du Beaujolais, les éminences mamelues des uns répondant aux autres… La fatigue de l’ascension eut rapidement raison de moi et je sombrai dans un sommeil peuplé de visions érotiques : J’étais allongé les yeux bandés et sentais des mains innombrables courir sur mon corps… Des chuchotements multiples et à l’étrange réverbération envahissaient l’espace. Une bouche inconnue prenait alors possession de mon sexe. Comme cela arrive parfois dans les rêves, je me voyais tout à coup de l’extérieur. J’étais couché sur une sorte de dalle de faïence, dans une pièce très blanche. Audrey était assise près de moi. Mon double réalisait alors que celle qui me suçait avec lenteur était Sandra et je me trouvais être le voyeur d’une scène érotique dont j’étais l’un des acteurs. Le bras d’Audrey me cachait mon propre visage, je veux dire, celui de mon « moi » allongé… Le «moi » voyeur se déplaçait alors pour voir le visage du « moi » étendu, mais mon amie se décalait, persistant à me cacher le visage de la personne allongée… Enfin, elle s’effaçait sur le côté mais je ne pouvais toujours pas voir le visage de l’homme couché qui était nimbé d’une lumière surnaturelle formant une sorte de gouffre sombre au centre de mon champ de vision.

 L’éblouissement provoqué par le visage invisible finit par obscurcir totalement ma vue. Mon dédoublement prit fin et je me retrouvai à nouveau allongé sur la dalle froide, mais toujours totalement aveuglé. La délicieuse sensation sur ma queue avait laissé place à un chatouillis assez désagréable se déplaçant maintenant sur mon ventre. La vision me revenant, je découvris avec horreur qu’un énorme crabe rouge, de la taille de la paume de la main, grimpait sur mon corps. En tentant de le chasser, je me retrouvai haletant et désorienté, dans un décor champêtre. A côté de moi, un lucane cerf-volant tentait désespérément de se redresser sur ses pattes. Je repris conscience de la réalité : la balade, la sieste, le crabe effrayant de mon rêve qui n’était autre que ce cerf-volant qui s’était posé sur mon ventre et que mon esprit avait intégré au songe…

 Je redressai l’animal. Après quelques pas, il s’envola dans un bourdonnement sourd. A côté de moi, Audrey dormait toujours. J’aurais bien voulu me blottir contre elle mais je ne voulais pas la réveiller. Je me tournai de l’autre côté pour trouver deux serviettes vides. Des éclats de rire étouffés semblaient provenir de la forêt. Je me levai et me dirigeai vers celle-ci toujours totalement nu. Le dédale de troncs était particulièrement dense et empêchait la lumière du soleil d’y pénétrer. La couche de feuilles mortes bruissant légèrement sous mes pieds était molle et froide ; frissonnant dans la pénombre, j’étais sur le point de revenir sur mes pas lorsqu’un nouveau rire étouffé se fit entendre. Je pouvais maintenant percevoir un bruissement léger et régulier, comme un animal fouillant le sol... Était-ce une bête sauvage ? Les prédateurs dangereux étaient pourtant rares dans ces forêts… Entre les arbres, une étrange forme claire parcourue de soubresauts s’agitait dans la pénombre...

 Il me fallut quelques secondes pour comprendre qu’il s’agissait du dos d’un homme nu et à genoux… Une autre personne que je ne pouvais qu’apercevoir se trouvait devant lui. Je n’eus bientôt plus de doute sur le fait que le couple était constitué par Luc et Sandra. Mon inquiétude fit place à un rapide raidissement de ma verge. Sandra avait les doigts profondément planté dans l’humus sombre ; je pouvais maintenant observer l’ample balancement de ses seins lourds sous les coups de boutoir de son amant. Le jeune homme se figea tout à coup dans un beuglement digne du brame d’un cerf, les muscles comme prêts à rompre. Je regagnai la prairie pour ne pas être surpris par mes amis en position de voyeur priapique…

 Dans le pré, Audrey, l’air un peu désorienté, se rhabillait.

 « Où sont les autres ?

 - Ils ne devraient plus trop tarder maintenant… »

 Mais comme plusieurs minutes passèrent sans que personne n’émerge, je racontai à Audrey ce que j’avais vu. Un sourire s’élargit sur son joli visage.

 « T’aurais pu me prévenir pour que j’en profite aussi, au lieu de te rincer l’œil en égoïste!... »

 Et avant que j’aie le temps de réagir, elle avait déjà refermé sa main autour de mon sexe… Tout à coup, Luc surgit tel une sorte d’homme des bois hirsute. Toujours nu, il se dirigea vers sa serviette sans nous regarder.

 « Qu’est-ce qui se passe ? l’interpelai-je.

 - Je prends les fringues de Sandra… Elle veut pas sortir comme, heu, comme ça… »

 Quelques minutes plus tard, celle-ci nous rejoignait enfin sous le regard goguenard d’Audrey.

 « Vous êtes allés aux champignons ?...

 - Pas de champignons. Trop sec... répliqua la petite brune sans la regarder.

 - Ah bon ? Pascal m’a pourtant dit que tu avais trouvé un très beau bolet…

 Sandra s’arrêta net et sembla chercher quelque chose à répliquer, mais finalement abandonna…

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