Pandora (7ème partie)
A mon réveil, Audrey était en train de préparer le café. Quand elle se retourna, l’expression de son visage me cloua sur place. Ni maquillée ni coiffée, ce qui était tout à fait inhabituel de sa part, elle affichait une mine défaite.
« Je ne vais pas partir à Florence… me dit-elle d’une voix altérée…
- Quoi ? Mais tu ne peux pas renoncer à ce projet à cause de…
- J’ai reçu un coup de fil ce matin… Ma mère est à l’hôpital… Une rechute…
- Merde !... Mais peut-être que ce n’est pas si grave… Souviens-toi la dernière fois, elle…
- C’est pire cette fois-ci… une récidive... Ils parlent de l’opérer en urgence… hystérectomie…
- La « totale » ?... lui demandai-je en regrettant immédiatement cette expression devant sa mine en papier mâché.
- Oui… Cette fois, je crois qu’elle n’y coupera pas, si j’ose dire ! grimaça-t-elle.
- Mais après ça, elle n’aura plus de problèmes ! tentai-je de la rassurer.
- Est-ce que tu imagines ce que ça peut représenter ? On parle d’une opération qui consiste à priver une femme de ce qui fait d’elle une femme ! Comment réagirais-tu, si on t’annonçait qu’on doit te couper la bite et les couilles ? »
Ça ne me semblait pas vraiment la même chose, mais je préférai m’abstenir de répondre. Audrey avait posé instinctivement sa main sur son ventre : Elle s’identifiait totalement à sa mère en cet instant…
Elle voulait rentrer à Lyon le matin-même et demanda à Luc s’il pouvait l’emmener. Ce dernier proposa que l’on parte tous ensemble pour déposer notre amie à l’hôpital. Il n’était plus question de vacances au lac. Audrey désapprouva assez mollement avant de se laisser convaincre.
Nous nous préparâmes donc pour le départ, tous en proie au même sentiment d’insatisfaction de voir le séjour se terminer ainsi. Avant de monter à bord, je pris le temps de me retourner pour contempler ces lieux où nous avions passé tant de bons moments…
Le retour se fit dans une ambiance morose et silencieuse. A l’approche de l’agglomération lyonnaise, Audrey mit sa main dans la mienne. Elle était pressée de rentrer, mais en même temps craignait l’épreuve à venir… Elle nous conseilla de regagner nos domiciles : A l’hôpital, ça risquait d’être long. A l’arrivée, nous la prîmes dans nos bras chacun à notre tour. Quand vint le mien, elle me serra à m’en faire mal.
Dans le Mc Do quelconque où nous déjeunâmes avant de nous quitter Luc, Sandra et moi, il nous fut difficile de prononcer plus de quelques mots. La fin précipitée du séjour nous laissait abasourdis.
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