Amelia (2ème partie)
Les journées volèrent, légères et aériennes, jusqu’au jour de mon anniversaire. A la fin des cours, je pris le chemin de la résidence étudiante de Luc et Sandra tandis qu’un vent froid faisait tournoyer dans l’air quelques paillettes argentées, premier semblant de neige de l’année. Je ne pus retenir une exclamation admirative lorsque Sandra m’ouvrit la porte. La robe chinoise à motifs de fleurs qu’elle portait mettait admirablement en valeur ses formes.
« C’est en l’honneur de mon anniversaire, cette tenue ?... Tu es superbe ! »
Luc apparut en tablier de cuisine :
« Oui, et il n’y a pas qu’une seule belle poulette pour fêter le jour de ta naissance » pouffa-t-il. «Viens par ici ! » Le contenu du four m’arracha une nouvelle exclamation. Derrière la vitre, la fameuse poularde « demi-deuil » se dorait à souhait.
« Elle est croisée avec un guépard, ta poularde ?... gloussai-je.
- Mais quel ignorant !... La poularde demi-deuil est nommée ainsi en raison…
- …des lamelles de truffes placées entre la peau et la chair qui lui font comme une robe tachetée, à la manière des vêtements noirs et blancs que l’on portait autrefois lors de la période du demi-deuil… Tu m’as déjà expliqué cela au moins dix fois, Luc ! répliquai-je devant son air ahuri.
- Mais quand est-ce que je t’ai raconté ça ?
- A peu près chaque fois que tu as un coup dans le nez ! riai-je.
- Il faut dire que mon arrière-grand-mère…
- …était la fameuse « Mère Fillioux », figure de la gastronomie lyonnaise et inventeuse de la recette de la poularde demi-deuil ! » récitai-je le sourire en coin.
Devant le visage mi-figue mi-raisin de notre ami qui avait raté son effet, je m’empressai d’ajouter : « Elle est magnifique !... Je suis touché de cette attention pour mon anniversaire ! »
Le repas fut excellent. Luc avait choisi un Puligny-Montrachet blanc comme accompagnement, une incartade régionale qui se révéla parfaitement adaptée mais que je ne pus m’empêchai de plaisanter :
« Quand même, servir un Bourgogne avec la mythique recette !... Tu es sûr que Benoîte ne va pas faire un looping dans sa tombe ?...
- Oui, enfin, je ne l’ai pas servi avec un whisky-coca !… et puis Lyon faisait partie de la Burgondie jusqu’en…
- On s’en fout, chéri ! C’est un excellent choix ! Je lève mon verre à Audrey ! Et à Florence ! A nos futures vacances tous ensemble ! coupa court Sandra qui craignait certainement un discours historique fleuve de la part de son copain.
Après le repas, nous nous installâmes, digestif en main, guides touristiques et cartes étalées devant nous, autour de la petite table du salon. Nous n’avançâmes cependant pas beaucoup dans la préparation de notre voyage, la faute à la digestion de la poularde et à tout l’alcool que nous avions ingurgité… sans compter que je voyais du coin de l’œil que la robe de Sandra s’était dangereusement retroussée du fait de sa position dans le canapé.
« Tu vois, la « locanda » est à deux pas du Duomo, c’est pratique !... m’expliquait Luc en me montrant le plan.
- Oui, effectivement… » répondis-je en louchant vers les jambes de la jolie brune.
Je n’écoutai que d’une oreille, mais la seule sonorité des mots « Santa Maria Novella », «Piazza del Duomo », « Ponte Vecchio » se succédant dans la bouche de Luc me donnait déjà l’impression de voyager… Tout à coup, Sandra, qui était allée rapporter le plat à la cuisine, poussa un cri :
« Venez voir ! »
Nous restâmes muets de surprise devant la fenêtre : Le monde extérieur semblait avoir disparu ! Une poudrerie dantesque se déchaînait sur la ville ! Luc ouvrit la fenêtre. L’absence des bruits habituels de la cité donnait l’impression de vivre les instants suivant immédiatement une apocalypse nucléaire, l’univers entier baignant dans un silence aussi duveteux que les vagues de neige qui venaient s’écraser contre nos visages, provoquant nos cris et nos rires…
« Au fait, comment tu vas faire pour rentrer ? » me demanda Luc.
- Tu penses qu’il pourrait y avoir des problèmes ?...
- Tu connais pas les TCL !... Dès qu’un flocon de neige s’aventure au milieu de la pluie, tous les bus rentrent au dépôt ! »… Franchement, il vaudrait mieux que tu dormes ici !
Je protestai plutôt pour la forme, le bulletin de 22 heures de France Info balayant mes dernières réticences : « Pagaille dans toute l’agglomération lyonnaise… Transports en commun paralysés… Routes impraticables » annonçait-il. Confortablement installés dans le clic-clac qui allait me servir de lit, un deuxième verre de gentiane à la main, nous observions la chorégraphie des bourrasques de neige, les flocons changeant de direction et de vitesse dans une admirable unité, comme mus par un chef d’orchestre invisible. Nous avions ouvert la fenêtre pour mieux profiter du spectacle malgré les protestations de la frileuse Sandra qui se serrait contre nous. Jamais nous n’avions vu pareille blizzard sur notre ville…
« Peut-être qu’on va rester bloqué ici pendant des jours… pendant des semaines même… » avança Luc que l’alcool rendait imaginatif. « Peut-être est-ce le début d’un nouvel âge glaciaire… Il nous faudra chasser les derniers pigeons de Lyon ayant échappé à la catastrophe… creuser des trous dans le Rhône gelé pour pêcher des carpes…
- Hé ben, on risque pas de survivre très longtemps !... railla Sandra. Heureusement, il nous reste le troisième fleuve !
- Le troisième fleuve ?...
- « Lyon est arrosée par trois grands fleuves : le Rhône, la Saône, et le Beaujolais ! » récita la jeune fille en riant. Et on en a justement une caisse !
- Oui, là, c’est sûr qu’on peut affronter sans problème l’Armageddon ! ironisai-je.
Luc, ayant décidément de la suite dans son délire, déclara qu’on était peut-être les seuls survivants de la catastrophe et que notre devoir serait à l'avenir de repeupler la planète…
« Enfin, notre devoir… « votre » devoir plutôt !... Je te rappelle qu’Audrey est à Florence!... lui rétorquai-je.
- Oui… réfléchit Luc comme si cette conversation était tout à fait sérieuse. Il faut espérer qu’un autre îlot de survie se soit formé en Italie… En attendant, le repeuplement de notre région sera notre mission commune, à toi et à moi !...
Je faillis recracher la gorgée de gentiane que j’étais en train de siroter en prenant conscience de ce qu'impliquaient les paroles de mon ami tandis que Sandra émettait un gloussement mi-amusé, mi-gêné.
- Ne me dis pas que ce serait une telle corvée ! » crut-il bon d’ajouter.
Il se faisait tard et nous décidâmes de nous coucher. Mais avant, Luc me proposa d’admirer la vue depuis la fenêtre de sa chambre, encore plus spectaculaire : Celle-ci prenait effectivement en enfilade une bonne partie de la rue… A vrai dire, c’est un autre spectacle qui attira mon attention quand j'entrai : Sandra, de dos et penchée devant la croisée, vêtue d’une courte nuisette…
« Approche, tu vas voir, c’est sensationnel ! »
Je me demandai un instant si Luc parlait des courbes de sa copine, avant de réaliser qu’il m’invitait simplement à regarder par la fenêtre !... Je me glissai donc à côté de la petite brune. Le tableau qu’offrait la presqu’île était saisissant : Le manteau neigeux formait un tapis inviolé et au loin, derrière l’enchevêtrement de toits pâles qui faisait ressembler la ville à un gigantesque jeu de construction monochrome, Notre-Dame de Fourvière veillait sur sa colline tel un roi couronné de quatre pics, secondée par son garde du corps, l’antenne de télécommunications aux faux airs de Tour Eiffel. La clarté blafarde de la lune jetait un reflet fantastique sur ce paysage pétrifié.
J’avais pris soin de ne pas me coller trop près du corps presque nu de Sandra, mais Luc, en s’installant à nos côtés, m’obligea à me rapprocher d’elle. Je perçus bientôt un frémissement. En détournant les yeux, je constatai que la main du jeune homme avait rejoint la croupe de sa copine, ce qui ne l’empêchait pas de continuer à commenter la vue comme si de rien n’était. Dans la pénombre, je ne pouvais distinguer exactement ce qui se passait, mais la respiration de Sandra devint plus profonde et elle affichait un air absent. Tout le monde se taisait maintenant. Luc frôla ma main, puis s’en saisit doucement pour la poser sur la peau nue de la jeune fille. Celle-ci avait-elle compris que c’était à présent la mienne qui s'était installée sur son cul ?
J’explorai timidement la peau lisse et bombée tandis que le souffle de la jeune fille s’accélérait. Luc colla sa bouche à la sienne dans un baiser presque furieux. En élargissant mes effleurements, je découvris avec surprise que les fesses de la petite brune était libre de toute étoffe ! Je m'enhardis à parcourir toute la surface de cette croupe, osant promener mes doigts curieux jusque dans le sillon qui la séparait en deux masses charnues, frôlant les orifices de la belle tandis que son copain lui mangeait la bouche. Après avoir effleuré la rosace sombre, mes doigts descendirent vers une voie non moins enivrante. Je posai ma main sur les chairs palpitantes, entamant un léger mouvement circulaire. Le déhanchement du bassin de Sandra m’invita à glisser deux doigts dans sa grotte trempée. Son mouvement chaloupé s’amplifia tandis que ses gémissements étouffés m’apprirent qu’elle avait pris Luc en bouche. Mes doigts coulissaient maintenant avec rapidité dans la chatte de Sandra, produisant un « floc ! » mouillé terriblement excitant à chaque va-et-vient. Mon regard croisa celui de Luc qui, devançant mes pensées, me désigna d'un geste la table de nuit toute proche. En ouvrant le tiroir sans comprendre, j'y découvris un paquet de préservatifs… La situation dépassait tout ce que j’aurais pu rêver : Mon meilleur ami m’invitait à baiser sa copine ! Je dus m’y prendre à plusieurs reprises pour enfiler la capote tant j’étais fébrile, puis, quasiment dans un état second, je me plaçai derrière Sandra et m’insérai lentement en elle, sans qu'elle fît quoi que ce soit pour éviter cette intromission, bien au contraire…
Je ne fus malheureusement pas long à décharger tant j’étais ému, mais heureusement, je pus continuer à besogner la petite brune après avoir joui, lui arrachant quelques gémissements étouffés par le queue de mon ami. Celui-ci profitait encore de la bouche de sa copine quand je me retirai de son fourreau de chair pour m’éclipser discrètement…
Le lendemain, j’étais un peu gêné en rejoignant Sandra et Luc au petit déjeuner, mais mes amis se comportèrent exactement comme si rien ne s’était passé. Contrairement à ce que nous avions imaginé, les rues étaient maintenant bien dégagées et il n’y avait donc aucune raison que les cours à la fac soient annulés. D’ailleurs, il ne resta bientôt du spectacle fantasmagorique que nous avions pu admirer la veille qu’une infâme gadoue débordant des caniveaux...
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