J’ai habité là toute ma vie.

Mais voilà que je dois partir

De cet endroit qui me lie

À tant de souvenirs.

Je nous revois encore danser

Au beau milieu du salon.

J’entends nos petits-enfants s’amuser,

Ici et là, avec leurs jouets et leur ballon

Qui ne rebondit plus.

Le temps s’est figé.

L’endroit s’est tu.

Les vêtements, comme ma peau, sont pliés,

Le lit n’est cependant pas fait.

Il le sera plus tard.

Sur les meubles, les photos de nous gais.

Tes bijoux dans les tiroirs ; les vestes dans le placard.

Les papiers peints collés aux murs sont ternis,

Le sol n’est plus ciré depuis des lustres,

Le plafond moisit :

L’appartement est, à l’évidence, vétuste.

Je me tiens assis là, sur la table où nous mangions

Les bons plats que tu préparais.

Nous nous partagions le pain frais ;

Nous étions de véritables compagnons.

Les rires dans les têtes ; les joies dans le cœur.

Nous avons vécu une vie de grande labeur !

Une existence sans grandeur.

Cela ne nous faisait guère peur.

Aujourd’hui, la poussière est le nouveau locataire des lieux.

Tu as décidé de déménager la première.

Je vais te suivre, me voila bien vieux.

Tu es partie sans valise et qu’avec des prières.

Mon âme prend l’ascenseur vers le dernier

Étage. C’est là où tu te trouves.

Sur tes lèvres, comme notre premier baiser ;

Je ressens le même bonheur que tu éprouve.

Nous voilà finalement bien lotis.