Les mariés
Les deux tourtereaux se préparent :
D’un côté, la mariée se pare
De bijoux simples, qui brillent au Soleil.
Elle est vêtue d’une immaculée robe blanche sans pareil ;
Son voile blanc transparent cache partiellement son visage pâle ;
Son sourire timide et gracieux maquille son âme joviale ;
Ses bras fins sont couverts par des motifs d’une candeur à en crever les yeux ;
Sa vie d’antan est prête à dire « Adieu ».
Le maquillage a peu été utilisé,
La Nature en a déjà fait assez.
De l’autre, le marié ressemble à une barre.
Il paraît hagard ;
Il est vêtu d’un costume noir profond ;
Dans sa poche, un petit chiffon.
Lui aussi sourit, mais froidement :
Il craint sûrement que sa vie future le bouleverse brusquement.
Lui aussi est fin ; sa peau embrasse ses os.
Tant que la mariée le trouve beau…
Les voilà qu’ils sont réunis !
Ils sont beaux, mais peu sourient.
Certains invités supposent qu’ils seront troublés,
D’autres pensent qu’ils seront anémiés.
Tous déposent des fleurs.
Les mariés seront embaumés pendant des heures,
Tant les parfums se croisent et se mélangent.
Les mariés sont aux anges !
Mais leur sourire reste figé.
Les pauvres, ils sont angoissés.
Les invités semblent pleurer de joie.
Sans égale est leur foi :
Ils sont persuadés que l’existence des mariés va changer.
L’orgue et le chœur, à l’unisson, ne font que chanter.
Des voix chuchotent et disent que la messe est belle.
Le prêtre récite son discours préparé avec grand soin.
Les deux âmes paraissent toucher le ciel,
Mais leur corps est, ici bas, bien loin.
Certains regards boitent dans le vide ;
D’autres oreilles écoutent avec tendresse.
Les préparatifs furent longs : les visages sont livides
Et ceux des enfants sont remplis de détresse.
La cérémonie se termine. Tous viennent voir les mariés.
Des mains caressent les joues gelées
Du couple, dont le corps est présent
Mais dont l’esprit est absent.
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