Chapitre 1 / Jour 1 - L'enfant des sables

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La route, cette année-là, avait été plus tumultueuse. Nouvelle destination, nouvelles têtes à l'arrivée qui devaient nous attendre, et quelques habitudes qu'il nous fallait changer. Notamment sur le temps de trajet. Le double – ou quasi – sans compter les satanés bouchons de l'autoroute A10 en ce début juillet.

Terminé les plages de galets des côtes de Picardie, et direction la Rade des Basques et la chaleur. Voilà comment nous avait été présentée cette première incartade à nos séjours estivaux dans le nord de la France : le soleil et le ciel bleu à volonté pendant un mois !

Nous, c'étaient mes parents... et moi.

***

La fin d'après-midi avait servi à récupérer les clés de la petite maison « Les Lilas » et à notre installation.

Une heure plus tard, nous étions déjà dans les rues, empressés d'aller à la découverte de cette ville balnéaire que nous avaient vantée – pour ne pas dire vendue — Martial et Mandi, le couple d'amis de mes parents.

Après les retrouvailles dans l'artère piétonne, c'était avec eux que nous allions cheminer. Ils étaient accompagnés, à ce moment-là, par une charmante demoiselle qui elle aussi était ici pour les vacances. Je ne le savais pas encore mais elle allait illuminer les miennes, car je ne pourrais pas le dire autrement : j'étais tombé instantanément sous le charme de sa présence discrète.

Le contraire aurait été difficile. Tout d'abord parce que ses yeux bleus, jolis comme tout et en forme d'amandes m'avaient dérouté au premier regard. Il me semblait qu'à ce moment précis ils m'avaient exploré l'esprit – enfin, ce fut ainsi que je l'avais interprété – comme si l'inconnu qui venait de s'incruster dans son espace visuel était une sorte d'étranger et qu'il fallait le scanner des pieds à la tête pour le connaître mieux. Elle affichait une petite moue adorable sur le visage. Une sorte de mélancolie liée à la tristesse de la séparation d'avec ses amies par l'obligation annuelle des vacances scolaires, mais avec la joie intérieure de retrouver ses grands-parents. Elle semblait si sensible. C'est ce qui m'avait plu.

La tête penchée, les cheveux fins et lisses peignés en arrière, brillant encore de la baignade de l'après-midi, elle esquissait un sourire qu'elle espérait cacher derrière un léger retrait de son visage, mais ses yeux la trahissaient dans sa curiosité. Cet instant, si adorable, m'avait troublé. Je pense même qu'il m'avait fait rougir.

***

La balade avait duré une bonne heure durant laquelle nous ne nous étions pas parlé. Qu'aurions-nous eu à nous dire ? Nous ne nous connaissions pas, sinon par quelques photos échangées par nos parents respectifs. Alors nous étions restés à l'arrière du petit groupe. Les adultes devant, et nous derrière, à l'écoute des musiques diffusées par les haut-parleurs de la ville.

Tout sentait les vacances : le soleil, les gens en short, le parfum entêtant des crustacés du marché au poisson, les enfants pieds nus et en maillot de bain, les magasins d'articles de plage. Il y avait aussi les jolies filles que nous croisions, mais moi je n'avais d'yeux que pour celle à mes côtés et dont la timidité qui rejoignait la mienne m'avait quelque peu subjugué.

Elle s'appelait Louise, mais tout le monde dans sa famille utilisait le diminutif de Lou. Alors, j'y avais vu un signe du destin supplémentaire, car d'un prénom classique et féminin, tous l'avaient transformé en un prénom épicène comme celui que je porte. Nous avions ainsi une double identité, un genre tout en dualité, comme les Camille, Chris, Maxence, Hyacinthe, Gwen, ou encore les Claude et Yannick.

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