« Mais où l’as-tu rangée ? »

Marc retournait tout le studio à la recherche de sa précieuse boule de cristal, c’était un petit cadeau qu’il s’était fait en vue de dynamiser sa créativité.

« As-tu pensé à regarder dans ton bureau, sous le bazar en particulier ? » Lui répondit Delphine sa collègue et amie, un peu agacée.

Cela faisait deux ans qu’ils avaient ouvert leur studio de photo « capturez l’instant » mais malheureusement les clients ne se bousculaient pas à la porte. Ils étaient cependant bien demandés pour des photos de mariage et c’était justement là que Marc était attendu.

La boule de cristal était bien là, entre deux dossiers qui, eux, n’auraient pas dû y être. Elle avait le chic pour se trouver dans des endroits invraisemblables celle-là. La dernière fois, c’était dans le frigo ! Il faut dire qu’avec la canicule, elle avait bien raison.

Marc la mis alors dans son sac et se précipita vers sa voiture en donnant une bise à Delphine au passage. Il allait être pris dans les embouteillages il le voyait venir.

« Allez à ce soir Delphine. Désolé pour le désordre, je rangerai plus tard, promis !

- Oui, on peut toujours rêver… »

***

Les klaxons n’en finissaient pas, Marc avait vu juste. Ça faisait bien trente minutes qu’il était coincé sur cette rocade et ce n’était pas près de changer si vous lui demandiez son avis.

Il décida alors de passer le temps et sortit sa boule de cristal de son sac. Elle n’était pas vraiment en cristal, c’était une grosse boule en verre transparente, d’une quinzaine de centimètres de diamètre mais elle était très lourde.

Comme il commençait à s’ennuyer ferme, il poussa un grand soupir et plongea son regard dans la boule.

Le monde lui apparut alors beaucoup plus petit et surtout à l’envers. C’était pour cela qu’il l’avait achetée, elle lui permettrait de créer des effets sur ses photos.

***

Aujourd’hui cependant, contrairement à ses autres essais, ce qu’il vit l’étonna au plus haut point. Il vit en effet la mer se refléter dans la transparence de la boule et un bateau qui naviguait dessus.

Le vent lui souffla alors au visage, rempli d’embruns, il sentait la mer et le sel. Marc se concentra alors encore plus sur sa boule de cristal et plongea littéralement dedans.

Il se retrouva debout à l’avant d’un navire, heureusement que son chapeau lui couvrait le visage car le soleil était aveuglant. La mer était calme et s’étalait à perte de vue.

« Alors capitaine, quelle direction devons-nous prendre ? demanda une voix derrière lui.

- Pardon ? » Marc ne comprenait pas ce qui se passait, il était maintenant un capitaine de navire selon son accoutrement.

Il regarda alors par la longue vue qui était dans sa main et aperçut une nuée d’oiseaux au loin qui tournait en rond.

« Qui dit oiseau, dit terre… se dit-il. Allons à droite, il doit y avoir une île, on pourra se garer là-bas… »

Le matelot regarda son capitaine avec des yeux ronds, il n’avait rien compris à ce qu’il avait dit.

« Ah oui, c’est vrai je suis sur un bateau maintenant… heu ?... Allons à tribord, il y a sûrement une crique où on pourra mouiller pour la nuit ? »