Le grand ménage
Je sentais de l’électricité dans l’air. Ma zumaine n’était pas comme d’habitude. Mais que faisait-elle ?
elle tapait sur des tapis, elle nettoyait la maison et même mon bocal y passa !
– Croa croa ! Ah non laisse mon garde manger tranquille ! ici oui tu peux ! Ah oui mon eau aussi c’est une chouette idée !
Je percevais un changement à venir et je ne savais pas si c’était une bonne chose.
– Crooooa fis-je faisant les cent bonds dans mon habitat tout propre.
Elle sortait, revenait. Je décidai d’aller tenir compagnie à mon zumain malade.
– Croa croa ? Tu sais ce qui se passe toi ?
– Oh mais c’est Aldo ! Comme c’est gentil de venir me tenir compagnie.
Il me prit dans ses mains encore faibles et m’amena jusqu’à son visage.
– Crohem ! croa croa ! Hem, tu ne vas pas me manger hein ?
– Julie m’a dit à quel point tu as été très serviable durant ma longue maladie. Je te remercie d’avoir autant pris soin de nous deux !
J’observai mon malade tandis qu’il me parlait. J’aimais bien sa voix grave, apaisante. Ses cheveux avaient pris la couleur des blés d’automne — Il faut que je lui trouve un nom tout de même ! — ou alors celle d’une pomme. « J’ai trouvé ! » Satisfait, je passai ma langue sur son nez pour le saluer.
–Croa ! Tu t’appelleras Pomme ! Oui, je sais je n’ai rien trouvé de mieux et puis ça va bien avec Prune !
J’attendais impatient, le retour de ma zumaine, tout en veillant sur le malade de nouveau assoupi. Le bruit de sa respiration régulière, berçante, envoûtante, m’arracha un bâillement. Mes paupières devinrent lourdes… très lourdes…
Un bruit me sorti de ma sieste : Je regardai la porte qui s’ouvrait pour laisser entrer une zumaine branlante qui se servait d’un bâton pour marcher.
Je la fixai craignant qu’elle ne s’écroule sur le pas de la porte, mais la vielle semblait bien tenir sur ses pattes.
À peine entrée dans la demeure, elle paraissait être chez elle : elle ouvrit grand les fenêtres en maugréant, Prune la regardait faire sans protester. D’un pas discret, ma zumaine se dirigea vers Pomme et moi, me saisit et me remit dans mon abri. Sa réaction me fit craindre le pire.
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