Une rencontre matinale
__ Oh ! Faut pas prendre peur comme ça le militaire .
__ J’ai pas eu peur Frédo ! Mais j’ai failli te faire mal
__ Tu rigoles, tu m’as pas vu arriver. Je suis chasseur. La discrétion ça me connait figure-toi .
__ Je t’ai pas vu arriver, je t’ai senti arriver. Nuances mon vieux, tu sens la gnôle à un kilomètre. Allez, debout, gros malin ».
__ Oh là. Eh, doucement, ma tête tourne. Merci mais je peux le faire tout seul.
__ Qu’est-ce que tu fiches là le militaire ? C’est pas une heure d’être ici, hein, C’est pas ton coin le brionnais, tu viens cacher un cadavre ou quoi ? »
__ Frédéric Merlot, je crois que tu es encore soul d’hier soir, ou plus ! »
__ Pour qui tu me prends le militaire, non mais oh, je suis pas un ivrogne, je suis un homme respectable. Fais attention à ce que tu dis».
__ Respectable, qu’est-ce qu’un homme respectable fait ici la nuit ? ».
Dans son métier, Eliott était amené à garder son calme en toute circonstance et semblait toujours neutre. Mais au contact de Frédo son regard rieur trahissait ses rires intérieurs et esquissait quelques sourires. En général, il réussissait à ne pas rire tout le temps des farces du plaisantin qui lui servait d’ami d’enfance. Parfois, il ne pouvvait s’en empêcher, le talent comique du vieux camarade était tel, qu’il pouvait lui arriver de rire à gorge déployée. C'était le plaisantin du pays avec qui il était bon de boire l’apéritif.. Celui qui avait toujours une blague à raconter, une plaisanterie à faire, un jeu de mot à dire… Il mettait l’ambiance à chaque fois qu’il passait.
« Je suis venu voir si les sangliers qu’on a lâchés sont toujours là, ça te va comme ça?
__Ben tiens, prends-moi pour un blaireau. C’est pas la saison de la chasse, t’es venu récupérer des pièges, tes pièges de braconnage.
__Eh oh…Braconnage! Comme tu y vas.
La gnôle avait réchauffé son esprit de bagarreur. Frédo était d’humeur bagarreuse ! Mais, il était toujours aussi maladroit et titubait.
__Tu titubes tellement, tu compte danser le lac des cygnes ? »
Ni une ni deux, Frédo se lança sur Eliott qui n’eut pas de mal à déjouer ses plans se recula pour voir Frédo s’affaler sur le sol. Tellement fatigué par la nuit endiablée qu’il avait dû vivre, Frédo ne chercha même pas à se relever. Il savait qu’il ne ferait pas le poids, et sentait l’effet soporifique de l’alcool. Il marmonna quelque chose puis s’endormit bruyamment, les ronflements alertèrent Eliott. Son ami était tombé dans les bras de Morphée.
Ce dernier sortit un carnet et un stylo de sa voiture et se mit à écrire un mot, le sourire aux lèvres, encore amusé de la situation !
« Je te laisse à ta sieste ! Viens me rejoindre à la carrière, j’ai apporté le casse-croûte ».
Il n’y comprendrait rien, mais viendrait tout de même. Le nombre de soirées qu’il avait faites en sa compagnie lui avait appris, que Frédo était toujours affamé le lendemain de ses fiestas.
Eliott reprit alors sa route. Une fois le chemin arpenté il s’enfonça dans les bois.
Frédo sortit du feuillage « silencieusement » ! Il était jaune de fatigue.
__Tu vas où cette fois ?
__Dans l’océan indien.
__Et la bretonne, elle part avec toi ?
__Non, c’est trop loin.
__Eh ben ! Tu vas finir par te la faire piquer !Une femme comme ça toute seule...
__C'est vrai que j'ai de quoi me sentir en concurrence... Toi et ton haleine de saucisson alcolisé...j'ai un rival sérieux!
__Non, mais elle veut pas de moi de toute manière ! Je m’occuperais bien d’elle remarque…
C’était bien Frédo, d’un côté il plaisantait et de l’autre, on pouvait sentir une touche de sincérité dans ses propos.
__ Non mais quand même le militaire, elle est gentille Eloise, c'est une belle femme. C’est pas bon pour ton couple que tu partes trop souvent !
__Je sais tu me le répètes à chaque fois. D'ailleurs, il faut que j'y aille! Elle m'attend! on se voit à la fête.Je compte sur toi!
__Oh la! Remarque tu ferais mieux d'y aller! Elle fait peur quand elle est pas contente! Va l'ami .. va ! Et merci pour le saucisson!
__Mais tu viens à la fête Frédo?
__Oui je serai là! Je vais pas râter l'anniversaire de tes petites!
__ Tu me rassures! A toute à l'heure
Et Eliott ouvrit la portière de sa voiture pour démarrer et repartir en prenant la route inverse. La lumière du jour avait fait surface. Les paysages maintenant éclairés donnaient une étendue de dégradés verts et marron.
Annotations