CHAPITRE 063 : « En Asian ». » « Alexandre »

Une fois le petit déjeuné terminer et après cette conversation laissant entrevoir une sorte de rapprochement généralisé entre tous les convives autour de la table, Florian prend Alexandre à part pour lui demander de le suivre jusqu’à son bureau.

Il lui est revenu à l’instant qu’il n’en sait pas plus que ça sur la vie qu’a mené son ami durant tous ces millénaires, à attendre une technologie suffisante pour le ramener à la vie.

Aussi s’assoit il sur le canapé, en tapotant doucement dessus pour qu’il prenne place à ses côtés.

- Je réalise que j’ai été un piètre ami qui ne t’as même pas demandé comment tu as vécu tout ce temps !!
- Bah !! Pour ce que c’est intéressant aussi.
- N’empêche que j’aimerai que tu m’en fasses un condenser histoire de ne pas mourir idiot ! Hi ! HI !
- Mourir ?? comme si cela nous était possible !!
- La façon dont tu dis ça me laisse à penser que tu le regrettes ?
Non… pas vraiment, c’est juste que je n’arrive pas à accepter toutes ces vies auxquelles je m’attache et qui disparaissent bien trop vite, j’ai essayé pourtant de ne plus m’attacher à personne, mais alors la vie devient vite impossible… tu comprends ?
- Que trop bien hélas !! Donc après que je me sois fait sauter le caisson, qu’en a-t-il été de toi et de tous ceux du groupe Wong ?
- Nous avons survécu comme prévu, ensuite cela a été une très longue ère d’immobilisme ou nous nous sommes contentés de survivre en faisant attention à ne pas dépasser en nombre ce que nos ressources nous permettaient.
- Le contrôle des naissances a dû être difficile à faire entendre.
- Surtout pour ceux de l’ancienne race qui devait disparaitre !! Difficile pour eux, voire impossible de leur faire comprendre ce genre de notions, sans amener la haine et la colère.
Mais tu y es arrivé.
- Le temps ne nous était pas compté, en fait les choses se sont plutôt bien passés finalement et il n’y aura fallu que quelques siècles pour en venir à bout, le sang neuf a finalement effacer entièrement les quelques métissages qui subsistaient encore au bout de quelques millénaires.
- D’après ce que j’ai appris par Samuel, vous avez vécus dans ces grottes durant plus de cent-mille ans ?
Presque cent cinquante mille au total, ce n’est qu’il y a à peine deux mille ans que nous les avons quittés, à regret je dois dire, pour garder le secret de mon existence et pour cela nous avons construit un navire pour nous rendre sur l’ile qui était déserte à notre arrivée, nous y sommes restés à prospérer jusqu’à il y a une grosse centaine d’année ou l’avancée technologique ne pouvait plus nous permettre de nous cacher. Heureusement je l’avais anticipé et créé ou plutôt recréer le groupe Wong, de cette façon l’argent nous a permis de soudoyer suffisamment de personnes influentes pour qu’on nous oublie.
- Je comprends mieux raconter comme ça, je me demandais comment tu avais réussi à ne pas te faire connaitre.

Florian se lève pour arpenter le bureau durant quelques minutes, intégrant toutes ces nouvelles données dans l’analyse qu’il faisait déjà concernant ce monde sensiblement différent de ceux qu’il a connu jusque-là, surtout pour la partie shamanique puissante qu’il n’a connu en fait connu que sur « PENN ».

Alexandre s’amuse dans sa tête à parier quelle sera la prochaine question et quand celle-ci arrive, il sourit en pensant qu’elle ne tombait pas loin de ce à quoi il s’attendait.

- Le temple t’a découvert quand ?
- Il n’y a seulement que quelques années, quoiqu’il se pourrait que je sois dans l’erreur !! Tu connais la façon dont ils œuvrent toujours en secret.
- Pourquoi quelques années ? que c’est il passé pour qu’ils te découvrent ?
- Une erreur de ma part en grande partie, mais comment faire autrement et ne pas venir naturellement en aide à des naufragés ?
- Cela explique pour l’ile mais pour toi ?
Je ne l’ai découvert qu’il y a peu, il semblerait que cela soit un concours de circonstances malheureuses et que je me sois fait prendre à mon propre jeu.
- Laisse-moi deviner !!

Alexandre sourit, heureux de voir son ami penser à autre chose qu’à rejoindre son Thomas.

- Je suis tout ouïe ! Hi ! Hi ! Mais emploie juste ton intelligence et pas tes dons de lire dans la pensée des gens !!

Florian ne peut cacher la grimace qui lui vient alors qu’il avait justement prévu d’utiliser cette façon de faire en entrant dans la tête de Ricoh qui doit être au fait de toute l’histoire, il se résigne finalement à jouer le jeu en amenant ses propres réflexions.

- Déjà si j’ai bien compris, jusqu’à cet incident les habitants de l’ile étaient tous issu de ceux de la caverne qui t’ont suivi jusque-là !!
- Exacte mais facile à déduire puisque je t’avais précisé qu’elle était déserte.
Hum, oui !! Pour tes naufragés tu aurais pu les garder avec vous, mais tu ne l’as pas fait, y a-t-il une raison à cela ?
- Ils voulaient retrouver leurs familles sur le continent et je n’avais pas pensé à ce qui arriverait ensuite.
- Donc tu les as faits raccompagnés par des gens de chez toi, auraient-ils trop parlés ? Un repas de reconnaissance et d’adieu trop arroser peut-être ? une phrase lâchée par inadvertance dans l’oreille de quelqu’un connaissant certains secrets datant d’une époque révolue ?
- Tu brûles, en fait sans en avoir la preuve irréfutable, je dirais que c’est ce qui est arrivé, mais cela aurait pu s’arrêter là si je n’avais pas fait pêcher de « gourmandise » ».

Florian refait quelques tours en long et en large du bureau, à réfléchir sur les conversations passées et la corrélation qu’il pourrait y avoir avec ce qu’il cherche à apprendre.

Cette fois c’est venant de Pietro que la réponse lui vient, se refaisant passer le film de cette matinée là où il apprend la trahison de deux des amants de son ami.

- Dans tes naufragés, n’y avait-il pas deux jeunes garçons bien fait de leur personne par hasard ?
- Pffttt !!! On ne peut décidemment rien te cacher !! Tu as entièrement raison, l’année qui a suivit ce sauvetage qui m’était d’ailleurs entièrement sorti de la tête, j’ai reçu, ou plutôt l’un des marins les ayant ramenés a reçu une lettre expliquant qu’ils aimeraient me revoir, qu’ils n’arrivaient pas à me sortir de leur tête et qu’ils étaient près à me rejoindre définitivement si je répondais favorablement à leur demande, il y avait quelques photos jointes à la lettre et j’avoue que…
- … tu n’as pas pu résister au charme de la nouveauté !!

Alexandre hoche affirmativement la tête, conscient de l’erreur qu’il a commise.

- Je n’aurais jamais pensé qu’ils me trahiraient, nous étions très… fusionnels, tu comprends ?
Une sorte d’agents dormants, qui n’attendaient qu’une chose pour dévoilés leurs présences en s’enfuyant ou en se laissant découvrir, que mon corps soit retrouvé !!
- C’est aussi la déduction que j’en ai fait, hélas !! Pourtant j’aurais dû écouter Ricoh qui n’était pas chaud à accepter de les accueillir, disant que ce serait les premiers étrangers à vivre sur l’ile et que le risque même moindre était quand même à prendre en compte. Ensuite après quelques semaines il n’a plus insisté, je pense qu’il s’est fait lui aussi prendre à leurs charmes ! Hi ! Hi !
- Je vois que cela ne te traumatise pas trop !!
- Bah !! Ce qui est fait et fait, de toute façon ce n’est pas l’intérêt du gouvernement Asian et encore moins du temple de dévoiler mon existence, la société Wong si elle disparaissait leur amènerait la faillite. Je me suis arrangé depuis l’âge des premières découvertes à être toujours au-dessus des autres pour garder le leadership sur le commerce, la recherche et l’industrie, de plus la plupart de leurs médias nous appartiennent et certains mots comme « immortel » ou autres sont bannis de leurs dictionnaires en cas de fuite.
- Mais alors… pourquoi tu ne m‘as pas arrêté quand j’ai fait en sorte de divulgué la découverte de mon corps lors des dernières fouilles ?
- En quoi est-ce en rapport avec moi ?
- Déjà ta présence ici peut-être ?
- Qui sait qui je suis et à quoi je ressemble ?
- Parce que tu crois que tes deux « ex » sont partis sans avoir envoyer de photos durant tout le temps qu’ils ont passé avec toi ?

Alexandre sourit encore plus, n’attendant que ce moment précis où justement ce genre de question lui serait posée, aussi se lève-t-il à son tour pour venir fouiller dans l'un des placards du bureau et en sortir un appareil photo numérique.

Il l’allume pour ensuite diriger l’objectif sur lui et Florian entend le déclic en même temps qu’il est surpris par le flash de l’appareil.

Viens voir et tu comprendras mieux pourquoi je garde le sourire.

Florian s’approche tandis qu’Alexandre lui tend l’appareil, ne lâchant pas son ami du regard devant la tête qu’il va faire en se rendant compte que le visage est comme gommé alors que tout le reste apparait parfaitement clair.