CHAPITRE 135 : « Environ un million d’années plus tôt ». » « Vaisseau ruche »
CHAPITRE 135 : « Environ un million d’années plus tôt ». » « Vaisseau ruche »
"à bord du "Cha-A un"
L’écran de contrôle des naissances montre au capitaine le compte à rebours des derniers embryons restant encore à produire par la reine actuelle, cela avant que sa réserve spermatique ne soit complètement vide et qu’elle cesse définitivement de procréer.
Il fronce le front car c’est toujours à ce moment que le vaisseau se retrouve en état de faiblesse, la mise en couveuse de la prochaine reine et du prochain consort destiné à l’échange, signera d'ici deux décennies le début d’une longue période où plus aucune nouvelle conception devenue adulte ne viendra remplacer ceux nombreux qui décéderont.
Il revoit son planning et réaménage quelques tâches particulièrement dangereuses, afin de limiter justement les décès qui leurs sont liées.
Son adjoint voit bien qu’il semble soucieux, il s’approche donc pour observer à son tour les écrans.
- Nous y sommes finalement, je n’ai pas vu le temps passer.
- Hum, oui. Tu t’occupes du contact avec le "Cha-A cinq" pour l’échange des consorts, je m’occupe de faire préparer les cellules royales.
- Entendu capitaine !
***/***
« Chambre royale, ouvrière qualifier de cinquième niveau." »
L’ouvrière attend patiemment que l’embryon sorte de l’utérus, pour aussitôt l’emmener en cellule de couvage après avoir reçu les ordres le concernant de sa reine.
L’apport nourricier de la cellule est alors mesuré en divers nutriments qui une fois scellés durant tout le temps de couvage servira à modelé l’ouvrière, pour qu'une fois sa sortie comme adulte, elle puisse sans plus tarder accomplir sa tâche spécifique.
Ce rythme de naissance d’un embryon par heure sur une durée journalière constante de dix heures par jours se perpétue encore pendant plus d’une semaine, avant qu’arrive le moment où il ne reste plus qu’une poignée de spermatozoïdes dans les poches spermatiques de sa majesté.
Cette dernière pousse un soupire de soulagement de savoir qu’enfin son long calvaire va prendre fin et qu’elle pourra terminée sa vie libre de tout devoir maternel, une retraite somme toute heureuse d’une petite vingtaine d’année avant que sa vie ne cesse à l'arrivée à l'âge adulte et à l’avènement de la nouvelle reine.
La conception finale des deux éléments de la future royauté lui demande un terrible effort, devant transmettre tout le savoir qu’elle a en elle tout en répliquant le chaine ADN royale parfaite qui est celle qu’elle a reçue de sa propre mère et qui se transmet depuis la nuit des temps.
Pourtant quelque chose en elle se passe qui annihile sa volonté et son corps crée un dernier ovocyte aussitôt féconder par un spermatozoïde surnuméraire, mais d’une vivacité telle que rien n’aurait pu l’arrêté.
L’ouvrière recevant les deux derniers embryons se contente de recevoir les directives royales lui donnant les instructions correspondant à la mise en couveuse de la nouvelle reine, n’étant pas suffisamment doter d’intelligence pour se faire la réflexion que quelque chose d’anormal vient de se produire.
Ce n’est que quelques heures plus tard lors de l’inspection par l’ouvrière spécialisée chargée de surveiller la nurserie, que cette dernière remarque l’anomalie et en fasse en premier lieu part au capitaine.
***/***
« Capitainerie du vaisseau ruche. »
La vibration annonçant un message vocal se fait entendre et est suffisamment rare, pour que les deux hommes sursautent et se regardent de façon visiblement interloquée.
- Qu’est-ce donc capitaine ?
- Cela vient de la nurserie, surement l’annonce de la naissance royale.
- Tient donc ? je ne savais pas que nous serions concernés.
- Hum… Oui c’est exact, étrange tu ne trouves pas ?
- Si tu répondais on saurait déjà à quoi s’en tenir.
Le capitaine décroche d’une main néanmoins tremblante, n’étant peu ou prou habitué à ce genre d’appels.
- Oui… ici le capitaine.
- …
Le capitaine enclenche une commande pour que son adjoint entende la conversation.
- Vous pouvez répéter.
- La cellule de couvage royale contient deux embryons capitaine.
- L’ouvrière aurait mit le consort avec la reine, ce n’est pas très grave puisqu’heureusement vous vous en êtes rendu compte aussitôt, il suffit de les séparer et de n’en parler à personne.
- Les deux cellules royales de couvage sont utilisées capitaine.
Le capitaine comprend la situation et devient un bref instant d’une blancheur cadavérique, son adjoint s’en aperçoit et prend sur lui de poursuivre.
- Une naissance gémellaire ?
- Probable en effet, mais ce n’est pas le plus important.
Le lieutenant sent l’hésitation dans la voix de l’ouvrière, aussi comprend-t-il qu’elle cherche ses mots devant ce qui pour elle doit sembler inextricable.
- Ne laissez entrer personne dans la nurserie royale, nous arrivons !
- Bien lieutenant.
Le ton soulager de la dernière réponse prouve qu’il avait vu juste, aussi se précipitent-ils pour quelques heures plus tard se retrouvés devant la cellule de couvage royale où ils ne peuvent que constater de visu qu’il y a bien deux embryons.
Le lieutenant s’adresse alors à son supérieur.
- Que se passe-t-il dans ce cas précis capitaine ?
- Comment le saurais-je, nous devons demander à sa majesté.
L’ouvrière l’entend et se précipite vers lui avec un relevé médical à la main qu’elle lui tend en tremblant, ce qui lui vaut un regard inquiet venant du deuxième maitre à bord après sa majesté.
- Qu’y a-t-il donc ?
- Je… je…
Devant le bégaiement de l’ouvrière, il lui arrache presque le feuillet des mains pour y porter attention, son visage redevient alors une fois de plus cadavérique devant se qu’il peut y lire.
- Vous… êtes certaine qu’il n’y a pas erreur ?
- Les tests ne mentent jamais capitaine.
Le lieutenant lui prend la feuille des mains pour à son tour devenir livide, pourtant il semble plus maitre de lui-même quand il donne ses instructions alors qu’il voit bien que le capitaine en est dans l’incapacité, complètement dépasser par l’évènement.
- Sortez le pour le mettre immédiatement dans une autre cellule de couvage royale, de plus cette cellule doit être impérativement relié à un système de non-temps.
L’ouvrière comprend que c’est en effet la seule solution qui leur permettra de prendre le temps de la réflexion pour la suite à donner.
- De plus rien ne doit sortir d’ici pour la sécurité de tous, seule sa majesté pourra répondre de cet acte irréfléchi qui a valeur de trahison auprès de notre espèce et des autres ruches, d’avoir donner naissance à un « frère/roi » est sans doute le plus grave des manquements au traité de paix depuis qu’il a été signé.
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