Sombres desseins

2 minutes de lecture

 

1 - Clara  


Le jour « J » approche : je l’ai senti dans l’air estival, dans ma tête, dans mon corps, tout au long de la journée. Et je ne retrouverai pas ma tranquillité d’esprit tant que je ne m’attellerai pas à ce but que je me suis fixé : me venger.

Je sais bien que c’est mal, mais j’ai pris brusquement ma décision lorsque je l’ai aperçu il y a dix jours, à l’angle de l’avenue Jean Médecin.

Toutes ces pensées tournent en boucle dans ma tête, tandis que je termine de rincer mon verre et mon assiette restés dans l’évier après mon dîner pris hâtivement.

Par la fenêtre ouverte, j’aperçois un vieil homme marcher péniblement sur le trottoir, portant un sac visiblement trop lourd pour ses frêles épaules. Je le reconnais, c’est le voisin de l’immeuble situé en face de chez moi ; il rentre bien tard ce soir, il est à quelques pas de chez lui, heureusement.

Plus loin, dans le square, me parviennent les rumeurs provenant des quelques parents et enfants qui se sont attardés avant de regagner leur domicile. A 20 heures, il fait encore jour en cette période de l’année.

Dans le salon, je monte le son de la télévision, pas trop fort pour ne pas réveiller ma petite poupée qui dort profondément à cette heure-ci. Je n’ai pas vraiment envie de regarder un film ou même une série, c’est uniquement pour avoir un bruit de fond, un semblant de compagnie, si je puis dire. Ce soir, je suis d’humeur morose, cela faisait longtemps que je ne l’étais plus, et cet état me rend encore plus maussade.

Je m’assois sur mon canapé marron bon marché, mais néanmoins confortable, agrémenté de plusieurs coussins multicolores.

Je vis seule avec ma fille de cinq ans et demi, Élodie, et j’ai un emploi de bureau à la mairie de Nice depuis trois ans. Avec mon petit salaire, je parviens à peine à joindre les deux bouts, mais heureusement, j’ai pu obtenir un logement à loyer modéré grâce au maire de la ville. Nous habitons toutes les deux un petit deux-pièces dans le centre que j’ai tant bien que mal meublé et décoré, et qui est cependant chaleureux.

Mais voilà ce qui me ronge : cette idée de vengeance que je vais mettre à exécution et le plus tôt sera le mieux.

Toutes ces pensées de vendetta que j’ai essayé de refouler pendant ces six dernières années, ce soir, je les laisse remonter à la surface de mon esprit tourmenté. Il faut dire aussi que je n’avais pas vraiment le temps d’y penser, trop occupée que j’étais à tenter de m’en sortir seule avec un enfant. 

Mais il en est autrement aujourd’hui : je veux obtenir réparation du crime odieux dont j’ai été victime.

 

 

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