Cher Soleil,

le sol se dérobe sous mes pieds, je songe à y goûter, tel un nectar sucré qui glisserait sur ma langue, ses lèvres rosées.

Et, la folie envahie mon âme délaissée, pourrais-je l'apprivoiser ? Comme un baume sur chacune de mes plaies, ses sourires apaisent mon cœur atrophié. Je ne le tolère pas, non, je ne l'accepte pas mais puis-je le désirer dans l'ombre d'Ombre ? Pour rassasier ce besoin primaire et soulager ce chaos, puis-je le briser ? Pour ensuite, récupérer chaque fragment fêlé afin de me réparer ? Je n'y crois pas mais espère pourtant. Parviendrais-je à le malmener jusqu'à tarir cette colère qui grouille dans mes veines tels des morceaux de verres ?

Dans un océan, je souhaite me perdre ; souffrance et désir perlent de mes blessures qui se fendillent lorsqu'il soupire. Je pense que, sous son regard cristallin, semblable au Styx de l'Enfer, j'ai désiré l'invulnérabilité de son esprit opalin. Mon âme est sombre comme ces brumes qui m'empêchent de respirer. Puis-je alors désirer sa clarté pour un nuage gris dans mon monde d'obscurité ?

Soleil, je songe à m'en aller, il m'a repoussé. Pourquoi cela fait-il si mal alors que je souhaite simplement le ravager ? Il a observé chacune de mes failles, chaque nervure sur ma peau pâle. Tel un livre ouvert face au crayon à l'encre azur de ses yeux, il a lu chacune de mes lignes entre haine et douleur. A-t-il seulement compris que le diable susurre, par centaines, des atrocités dans mon esprit ? Je crois que j'ai peur, qui est-il et parviendra-t-il à noyer toute cette terreur ?