Chapitre 27, partie 2 :
Angelo DeNil :
Quand j'ouvre la porte, je suis un peu dérouté en apercevant qu'il n'y a personne. Je regarde à droite et à gauche mais aucune présence ne se manifeste. Je me retourne en râlant, j'ignore qui s'amuse à ce genre de blagues puériles mais je ne suis pas d'humeur. J'ai mieux à faire, comme saigner pour cesser de penser.
— Angelo...
Je me fige, la main sur la poignée. Sa voix, je pourrais la reconnaître entre mille. Dans un brouhaha indomptable, je serais capable d'entendre que celle-ci.
— Qu'est-ce que tu fous là, Marx ? craché-je en pivotant à nouveau, submergé par la douleur et la rage qu'il m'a fait ressentir.
Dans l'obscurité, je ne le distingue pas, pourtant en un courant d'air, les effluves de son parfum me parviennent et font chavirer mon cœur. Il fait quelques pas et sa silhouette apparaît, éclairée par la lumière du perron.
J'écarquille les yeux lorsque je remarque son visage abîmé. Des traînées sanguines coulent de son arcade entaillée. Je mentirais en affirmant que cela ne m'atteint pas. Il mérite sa douleur, elle n'est probablement pas suffisante pour combler ce qu'il a détruit en moi. Cependant, mon corps frissonne de gêne à la vue de ses blessures. Je soupire bruyamment et baisse la tête.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé, Will ?
Il ne répond pas, s'approche davantage en laissant entre nous une distance d'un mètre. Ses paupières sont enflées et son teint est pâle, contraste parfait avec les coulées de sang séché sur sa peau.
— Marianne m'a trompé, dit-il sans laisser transparaître la moindre émotion.
Je pouffe de rire, hésitant entre me foutre de sa gueule ou l'insulter parce qu'il se pointe face à moi pour m'annoncer une telle chose. Comment peut-il s'imaginer que je vais ressentir de la compassion pour lui après ce qu'il a fait ? Il a bousillé le reste de mon cœur atrophié !
— Et quoi ? vociféré-je. T'es réellement venu chercher du soutien près de moi ? Tu penses que je vais te remonter le moral parce que ta meuf s'est faite fourrer par une autre queue que la tienne ?
Il fronce les sourcils et secoue vivement la tête.
— Tu crois vraiment que j'en ai quelque chose à foutre que tu sois cocu ? Je suis peut-être con, mais pas au point d'oublier que toi aussi tu l'as trompé, avec un gros crétin naïf qui s'appelle Angelo !
Il secoue encore la tête puis lorsqu'il s'immobilise, son regard océan s'ancre au mien. Ses yeux sont rougis, comme s'il avait pleuré. Je me demande si l'humidité sur ses joues est due à des larmes ou à la pluie qui continue de tomber.
J'ai l'impression qu'il mène un combat avec lui-même, j'ignore quoi dire. Je n'ai pas envie de faire semblant, pas la force de m'asseoir sur les marches du perron pour l'écouter me raconter comment il se sent après s'être fait trompé. Je vis un enfer parce que j'ai été stupide d'accepter l'invitation chez Rivierra, c'est hors de question que je joue à l'ami attentif alors qu'il est la raison de ma douleur.
— Je ne suis pas là pour ça, murmure-t-il visiblement torturé.
— Alors quoi ? crié-je. Pourquoi t'es là ? Je t'avais interdit de remettre un pied devant chez moi ! Pourquoi tu te ramènes avec ton visage abîmé et tu me balances ça à la tronche alors que tu m'as laissé comme un moins que rien pour te la taper ? C'est toi qui voulais que je vienne ! Mais pourquoi ? Pour te foutre de ma gueule ? Pour montrer à tous tes bâtards de potes que tu peux me manipuler à ta guise ? Pour m'humilier devant des gens que j'exècre et qui me détestent également ? T'es un connard, Will, et moi j'ai été assez idiot pour croire en toi, en nous !
Il fait un pas de plus tandis que j'en fais un en arrière. Je veux fuir sa proximité, j'ignore même pourquoi je ne lui claque pas la porte au nez.
Je me sens sale et humilié. Mes plaies pleurent, le sang s'imbibe sur le tissu de mon pull et goutte presque le long de mes doigts. Je déteste cette sensation.
— Tu as aimé ça, reprends-je hors de moi. Je t'ai entendu ! Tout le monde dans cette baraque a entendu tes gémissements, Marx !
— Je... hésite-t-il. Je, enfin j'ai...
— Quoi ? Tu quoi ? Je, je, je ! Putain, crache le morceau !
— J'ai gémi... ton prénom pendant que Marianna me caressait, Angelo... C'était toi, pas elle. Dans ma tête... Il n'y avait que toi.
Mon cœur cesse de battre face à cet aveu. Je clos les paupières alors que ma respiration se dégrade. Je suis en hyperventilation et une sueur froide me traverse la colonne vertébrale.
Je sens le corps de Marx se rapprocher. Je ne le vois pas, mais je le ressens trop puissamment. Son souffle s'abat contre mon visage, son odeur m'enivre et m'empêche d'aligner deux pensées cohérentes.
Il a gémi... mon prénom.
— Will, murmuré-je difficilement, éloigne-toi.
— Non.
— Je ne sais même pas si je peux y croire. Non, je ne te crois pas...
— Angelo, s'il te plaît.
— Putain ! Arrête de te foutre de ma gueule, Marx ! grincé-je.
Je recule en ne sachant pas quelle marge d'espace il me reste avant que mon dos rencontre la façade de la maison. Will m'empêche d'aller plus loin, sa main passe dans mon dos, se plaque contre mes reins afin de me rabattre contre son torse. J'ouvre enfin les paupières et instantanément je me perds dans l'immensité de son océan.
— J'en ai marre, chuchote-t-il près de mon visage. Tu veux que je sois honnête avec toi ? J'ai réussi à bander parce que j'avais fermé les yeux, que j'avais oublié Marianna et que la seule personne présente dans ma tête c'était toi. J'ai imaginé ton visage, tes doigts sur moi et oui, j'ai aimé ça parce que ce n'était plus elle.
Je lève le bras, agrippe son bicep dans une poigne trop brusque mais sans cela, j'ai peur que mes jambes ne supportent pas mon poids. Je suis acculé par des sentiments qui s'opposent parfaitement et j'ignore sur lequel me concentrer. La douleur ? La rage ? Le soulagement ? L'affection ?
— Je veux être avec toi, Angelo. J'ai peur, je suis terrifié même, pourtant je te désire plus que n'importe qui d'autre.
— Will, tout ça tu me l'as déjà dit.
J'ignore quoi dire. Je refuse de foncer tête baissée pour finalement être déçu. Je ne veux pas m'écraser contre le sol sans savoir comment me relever quand il ne sera plus là.
— Arrête, continué-je douloureusement, elle sera toujours un obstacle entre nous. Je ne veux pas être le second choix.
Il baisse le regard, visiblement honteux mais lorsqu'il me scrute à nouveau je peux observer une lueur nouvelle dans ses iris.
— Je sais... j'ai merdé et je suis vraiment désolé. J'aurais dû régler ça plus tôt, la quitter dès notre retour sur Chicago. J'aurais même dû le faire sur le foutu parking du lycée quand on est descendu du taxi et, non en fait, bien avant de partir pour cette rencontre ! J'aurais dû la quitter parce que je ne parvenais plus à la supporter et même, parce qu'au fond je savais que je n'étais pas amoureux d'elle. Mais, ça faisait tellement longtemps que nous étions ensemble que j'ai fini par me convaincre que je devais réussir à passer au-dessus de ce moment de flottement entre nous. Après, tu as déboulé dans ma vie et j'étais perdu. Je ne savais pas quoi faire, pas comment agir. Ce soir, je l'ai suivi dans la chambre certes, mais je ne voulais pas qu'elle me touche. Je voulais lui dire que c'était terminé, mais j'ignorais comment débuter, je n'ai jamais rompu avec personne, peut-être que j'ai trop réfléchi aussi, et puis...
— Putain, William ! Respire ! ordornné-je alors qu'il parle beaucoup trop vite pour que j'assimile tout ce qu'il débite.
— ... elle ne m'a pas laissé faire, elle m'a caressé mais merde, c'était toi qui me donnais du plaisir ! Tu comprends ? Quand j'ai lâché ton prénom, elle m'a dit qu'elle m'avait trompé avec d'autres types mais je m'en fous. Bordel, ce n'est même pas le sujet, oublie ça ! Je suis retourné au salon, mais tu n'étais plus là. Je t'ai cherché, Angelo ! Bon sang, tu étais parti et ensuite Noah m'a provoqué. Il a dit qu'il ne voulait pas d'un pédé comme capitaine alors j'ai...
— Quoi ? Pourquoi il a dit ça ?
Il y a trop d'informations pour si peu de temps, je ne comprends plus rien...
Ses doigts trouvent ma joue, je frémis au contact de sa peau contre la mienne.
— Il a entendu une conversation entre Pietro et moi. On parlait de toi, et il a compris que... qu'on était trop proches pour que ce soit une simple amitié. Il a fait venir les filles et proposé ce jeu débile pour que tout le monde soit au courant. Je l'ai cogné, parce que, merde, je ne veux pas qu'il salisse ce qu'il y a entre nous. Je me moque de ce que les gens pensent. Si tu restes avec moi, DeNil, je peux me foutre de tout le reste...
Mon cœur flanche, tout comme ma tête qui tourne et me donne le tournis. Je raffermis ma poigne sur son bras, j'ai l'impression que le sol se dérobe sous mes pieds.
— Comment je peux être sûr de ce que tu me dis, Will ? Pourquoi devrais-je te faire confiance ?
— Je ne suis plus avec Marianna ! Laisse-moi être avec toi. Sors de l'ombre, Angelo, avec moi.
Mon cœur est fracturé, il pulse d'une manière enragée. Mes paumes se referment sur les joues de Will, mes pouces caressent ses pommettes. Ses yeux brillent et les miens sont embués.
Ai-je le droit de quitter cette obscurité pour la beauté de son océan ?
Ses mains se posent sur mes poignets pourtant sans exercer la moindre pression. Un grognement de douleur m'échappe et brise le silence de la nuit. Les entailles sont trop récentes et plus douloureuses que toutes celles dont il a été témoins jusqu'ici. Il me relâche la seconde suivante, l'air épouvanté.
— Qu'as-tu fais ?
Je souris tristement, alors que mes doigts passent encore sur son visage. Il ignore où poser ses mains, je le vois hésiter puis il capitule en soupirant.
— J'avais besoin d'oublier, je ne voulais plus t'entendre gémir.
Il ferme les paupières alors que son visage se crispe de douleur.
— Je ne veux plus que tu le fasses, souffle-t-il contre mes lèvres.
— Je le sais.
— Tu ne le feras plus !
— Ce n'est pas un sujet sur lequel on peut débattre.
— Pourquoi ?
— Ça fait partie de moi.
— Tu dis n'importe quoi...
— C'est la vérité, j'ai été façonné comme ça. Je suis vivant et mort à la fois, tu vois ? Je me balance sur un pied sain et un autre beaucoup trop amoché. Mon cœur est cassé, mon cerveau est bousillé.
— Mais je suis là maintenant, me contredit-il en un soupir désespéré.
— Pour combien de temps ?
— Jusqu'à ce que tu ne veuilles plus de moi.
— Arrête, Will. Ne me fais pas cette promesse si tu sais que tu ne la tiendras pas.
Il dépose délicatement son front contre le mien, courbant le dos pour y parvenir.
— Je te veux, toi tout entier, Angelo. Avec tes faiblesses et tes forces, tes démons et tes mauvaises habitudes. Je peux entendre tes paroles blessantes quand tu ne sais pas comment agir différemment, supporter tes excès de colère quand tu es perdu. Tu as entendu ce que j'ai dit ? Marianna et moi, c'est terminé ! Je suis devant toi ce soir, sous la pluie, et je m'en fous d'accord ? Laisse-moi te soutenir quand personne n'est là pour le faire, au lieu de... t'infliger pareille douleur.
Mon souffle se coupe dans ma cage thoracique. J'aimerais tellement y croire, lui hurler un oui tonitruant mais c'est impossible. Même si j'accepte sa présence, mon besoin de souffrance ne disparaîtra pas. Il s'apaisera, se reposera pour mieux s'éveiller et davantage me malmener.
— Je peux supporter tout ça, je peux faire avec, je te le promets. Je peux aussi encaisser les murmures dans les couloirs, les regards déplacés, les rires et les moqueries, parce que je ne veux plus être loin de toi. Je veux faire partie de ta vie, conclut-il.
Une larme m'échappe, et Will la recueille de son pouce. J'ai mal au cœur, au crâne et j'ai envie d'oublier les évènements de ces dernières heures.
— Est-ce que... je peux passer la nuit avec toi ? demande-t-il timidement.
— Non, m'écrié-je brusquement. Tu ne peux pas !
Il baisse la tête, visiblement blessé puis fait un pas en arrière, me privant ainsi de sa chaleur.
— Ok... souffle-t-il, déçu.
— Ce n'est pas ce que tu crois, dis-je à toute vitesse. J'en ai envie, oui, mais tu ne peux pas rentrer chez moi.
— Pourquoi ?
— Je... ma mère est... enfin, baragouiné-je.
— Elle est malade, je le sais mais je peux être discret. Je ne vais pas la déranger.
— Ce n'est pas ça...
— Alors quoi ?
Je baisse les bras, résigné. Je me dois d'être honnête avec lui. Il a assumé devant presque toute son équipe qu'il voulait être avec moi que ça leur plaise ou non, je lui dois bien ça.
— Elle n'est pas vraiment malade, c'est une droguée, Will.
Il fronce les sourcils, puis incline la tête et sourit.
— Fumer un ou deux joints n'a jamais été très grave.
— Non, elle ne fume pas de weed, elle est... cocaïnomane et héroïnomane.
Ses traits se durcissent alors qu'il recule brusquement. Son visage... cette expression. Il est dégoûté, je le vois.
C'est douloureux, j'aurais sûrement mieux fait de m'abstenir finalement.
— Je comprendrais que tu ne veuilles plus de moi, murmuré-je en baissant la tête.
En une seconde, ses grandes paumes encerclent mon visage et son front s'appose au mien.
— Ne dis pas n'importe quoi, Angelo. Je ne vais pas fuir. C'est juste que, maintenant je commence à comprendre pourquoi tu souffres autant. Ça doit être... si dur de voir sa mère se détruire et de devoir tout gérer à cause de ça.
Des coulées de larmes sillonnent mon visage, celles trop longtemps retenues, celles qui me soulagent et me brisent pourtant. J'aimerais être suffisamment fort pour ne pas flancher, mais ses yeux océan me bouleversent. Pourquoi me regarde-t-il si tendrement ? Will a la capacité de toujours savoir quoi dire ou quoi faire pour apaiser mes tourments. Je crois qu'il est bon pour moi.
Tu as raison !
" Ombre ? Que t'arrive-t-il ? "
Je ne suis pas l'obscurité. Elle se tait, cachée dans un coin de ta tête.
" Alors qui es-tu ? "
Je suis le reflet de la lumière qui se trouve devant toi.
" Will... ? "
Il est ton soleil, Angelo.
Il me faut un instant pour réaliser la portée de ce qu'il vient de se dérouler dans ma tête. J'attrape la main de Marx et le tire à ma suite. Je le fais entrer dans mon monde, mon univers chaotique et je suis presque certain qu'il restera malgré tout ce qu'il y découvrira à l'intérieur.
J'ai trouvé ma putain de lumière, et je la désire à en crever.
Je ne lui laisse pas le temps de détailler le séjour, l'attire directement dans ma chambre. Son corps se tend brusquement lorsqu'il pose les yeux sur mon lit. Sans prononcer un mot, il défait les draps, les arrache presque et ainsi ôte la preuve de ma souffrance. Le linge souillé de mon sang finit en boule sur le sol, loin du regard de Will qui semble désormais un brin soulagé.
Je sors des draps propres d'un placard et toujours silencieusement, nous refaisons le lit. Une fois la tâche accomplie, Marx me sourit et s'étend sur le matelas en ouvrant les bras. Je m'y glisse sans réfléchir alors qu'il m'enlace dans une étreinte serrée. Mon lit est étroit, la carrure impressionnante de Will prend tout l'espace, ainsi, mon corps repose entièrement sur le sien. La joue contre son torse, j'entends sans mal le rythme affolant qu'a pris son cœur. Il pulse à la même cadence que le mien. Je me sens étrangement bien, comme si toute la souffrance ressentie plus tôt s'était envolée pour me laisser flotter sur un nuage cotonneux, enfin éclairé pas ma lumière. Ma précieuse loupiote, si désirée, tant recherchée.
Je relève la tête, le menton posé sur sa poitrine, je détaille les coups qui marquent sa peau et la trainée de sang séché qui souille la perfection de son visage. Il ne perd pourtant rien de sa beauté, ma jolie lueur.
— C'est Carter qui t'a fait ça ?
— Pas du tout, ricane-t-il. Il ne m'a pas touché.
— Alors que t'est-il arrivé ?
— J'ai tenté ta méthode pour me vider la tête, mais je n'ai pas eu la force de le faire moi-même.
Je fronce les sourcils, sans vraiment comprendre où il veut en venir.
— Je t'ai cherché partout avant d'avoir l'idée de venir ici. Je ne t'ai pas trouvé, j'étais désespéré alors j'ai titillé le premier type alcoolisé que j'ai croisé. Ça n'a pas fonctionné, t'étais toujours là, dit-il en tapotant sa tempe, alors je me suis mis en route pour les quartiers sud. Si tu n'avais pas été là, j'aurais probablement attendu jusqu'à ce que tu te décides à réapparaître.
— Ça ne marche plus, confessé-je. Même en me faisant du mal, tu es toujours partout dans mon esprit, c'est pire encore, j'ai l'impression que tu me hurles dessus à chaque fois. Tu as détérioré mon dérivatif.
— Alors ne le fais plus, je suis là et je ne compte plus m'égarer. C'est toi, personne d'autre.
Je souris alors qu'il se penche pour cueillir un baiser sur mes lèvres.
— Je... commence-t-il.
— Tu, quoi ?
— Je, je...
Il hésite, je le vois, pourtant j'ai parfaitement compris ce qu'il essaie de me dire. Les mots qu'il peine a prononcer, je ne suis pas encore capable de les entendre et peut-être ne le serais-je jamais. Je ne mérite pas une personne telle que Will dans le chaos de ma vie, pourtant je me montre égoïste en refusant de le laisser s'en aller. Ces sentiments nés d'un stupide accident de car, je les ressens si fort que même crever ne pourrait pas les effacer, mais William Marx vaut mieux que la détresse de mon monde. Cependant, sa présence m'apaise et je me moque des conséquences. Vais-je finir par le détruire, lui aussi ?
Je me redresse légèrement, caresse sa joue et embrasse sa peau.
— Chut..., soufflé-je le cœur lourd, tais-toi, Will, ne dis rien.
Ses yeux pétillent, son océan me transperce malgré la pointe de déception qui navigue dans son eau tumultueuse.
— Tu le sais, n'est-ce pas ?
— C'est possible, murmuré-je contre ses lèvres.
Il a rallumé la lumière. Il est ma lumière.
Ses lèvres se posent sur mon front. Je ferme les yeux, submergé par la tendresse de son geste.
— Lorsque tu seras prêt, je le crierai au monde entier. Non, en fait, je le murmurerai à ton oreille parce que ce sentiment est trop beau pour être profané.
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