La danseuse rouge
Dans un pays lointain, très loin du notre, il y avait une jeune fille que l'on disait magnifique et qui était serveuse dans un bar près du fleuve de la capitale. Tout le monde l'aimait, elle avait commencé à travailler alors qu'elle ne faisait même pas la hauteur du comptoir. Elle n'avait pas de famille sinon une vieille femme malade qui la choyait tout le temps et c'est pour subvenir à leurs besoin qu'elle avait commencé à travailler disait-on. La jeune fille avait fait des clients du bar sa nouvelle famille, depuis qu'elle avait commencé à servir elle s'habillait tout en rouge, sa couleur préférée disait-on, la couleur des fêtes disait-elle. Elle était joyeuse et tout le monde l'aimait, elle était également très belle, mais sa plus grande fierté était celle de danser, elle dansait merveilleusement bien. Une compagnie de théâtre avait même déjà tenté de la recruter mais celle-ci avait refusé, préférant sa famille à la célébrité.
Ses vêtements rouges ainsi que son talent pour la danse lui ont valu un surnom.
Elle s'appelait La danseuse rouge.
Or il y avait une université pas très loin de la ville, et c'était ici que le fils d'un comte entendit parler de cette danseuse. Il se rendit un jour au bar et aperçut la jeune fille, elle dansait si gracieusement, souriait avec une telle passion, riait avec une telle joie, elle était si aimable, si joyeuse que le jeune homme tomba amoureuse d'elle. Il revint tous les jours, lui commandait plusieurs fois les mêmes boissons, la regarda danser plusieurs fois, lui parla de tout et de rien, il l'écouta parler d'elle, de ses rêves et de ses nombreuses gaffes depuis son entrée au bar.
Il lui parla de sa famille, de son rang et de l'énorme pression qu'il ressentait, la jeune fille l'écoutait et faisait de petits commentaire rigolo puis elle lui donnait des conseils.
Petit à petit il devinrent très amis, mais le jeune comte espérait bien plus, il voulait l'épouser. Il voulait danser avec elle dans le grand salon de son manoir, il voulait s'endormir blottit contre son corps et se réveiller avec son sourire comme première vision.
La jeune fille aimait beaucoup son nouveau confident, elle avait fini par développer de forts sentiments à son égard mais n'en montra rien, pensant qu'il n'était là que pour s'amuser.
Le temps passa et le jeune comte ne put se retenir. Il demanda la danseuse en mariage. La jeune fille ne savait que faire mais au bout de quelques jours devant l'insistance des sentiments du homme elle accepta.
Ils passèrent tout leur temps ensemble, le personnel du bar avait remarquer ce qui se passait et autorisait la jeune fille à passer tout le temps qu'elle voulait avec l'élu de son cœur. Ils s'imaginèrent leur futur ensemble, le nombre d'enfants qu'ils auraient, les nuits où ils danseraient sans fin, et un beau jour la danseuse tomba enceinte. Ce fut le plus beau jour de leur vie.
Mais un jour le jeune comte ne vit pas la jeune fille au bar, tout le monde pleurait, et les gendarmes menaient une enquête le long du fleuve...sa bien-aimée était tombée dans le fleuve et en était morte. L'on racontait que ce soir là, elle avait dansé avec la Faucheuse qui l'avait ensuite poussée dans le fleuve, leurs deux silhouettes s'accordant au son imaginaire de la mort.
Le jeune comte fut brisé, en un rien de temps tout lui fut arraché. Il devint silencieux. Il pleurait. Il ne sortait plus de sa chambre. Il n'était plus qu'un fantôme.
Son père le fit alors appeler sur le bord du fleuve, il lui dit que la danseuse n'avait pas danser avec la mort...mais avec lui, il l'a forcé à danser avec lui et l'avait pousser du haut du pont...il l'avait tué...il l'avait tué car il n'acceptait pas que son fils épouse une roturière. Il lui dit de l'oublier, qu'elle ne valait rien, mais son fils ne voulait pas y croire. Ils s'aimaient, ils allaient se marier, ils allaient avoir un enfant...son père ne pouvait pas lui arracher son avenir.
Le jeune homme pensa alors à la danseuse, il crut la voir, son sourire aux lèvres, un nourrisson dans les bras, un nourrisson qui lui tendait les mains en riant. Tout cela n'aurait jamais lieu. Il pleura, pleura, pleura encore et encore.
Son père se mit alors à hurler, il avait peur de ce qui lui arrivait...il était en train de danser...il dansait...il ne contrôlait plus rien...plus il dansait plus il se rapprochait du bord du fleuve. Son fils le regardait danser et alors qu'il le regardait il vit une ombre derrière son père...la Danseuse rouge...elle lui souriait, des larmes coulaient le long de ses joues...elle prenait les mains du père de son bien aimé et le faisait danser au son de la mélodie silencieuse.
Ils se rapprochèrent de plus en plus du fleuve. Et ils tombèrent. Le jeune noble se releva et partit en laissant son père mourir dans les flots ténébreux du fleuve.
Les gens ne savaient pas vraiment ce qu'il s'était passé par la suite. Le noble avait pris la place de son père mais après...mystère.
Certains disaient que le lendemain de l'incident, le noble était revenu au bar et avait demandé à prendre les vêtements rouges de sa fiancée avec lui.
Il avait par la suite fait fabriquer une splendide poupée...le portrait craché de la danseuse et lui avait mis les vêtements rouges.
L'on raconte que toutes les nuits il dansait avec la poupée, et que chaque nuit celle-ci s'animait d'une volonté qui lui était propre.
L'on raconte que chaque nuit, la Danseuse rouge prenait possession de la poupée et dansaient avec celui qu'elle aimait, qu'elle lui souriait.
Cet homme ne se maria jamais, n'eut jamais d'enfant, il avait déjà une femme...la Danseuse rouge...il avait déjà un enfant...le sien...celui de la danseuse...bien vivant...car selon les dires, chaque fois que le jeune noble passait près du fleuve, celui-ci s'agitait, comme heureux...comme un enfant...
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