Genèse 25 ½ à 28 – La jeunesse de Jacob et Ésaü

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Dans le reste du livre de la Genèse, qui comprend cinquante parties, le récit est essentiellement à hauteur d’hommes. Nous suivrons désormais les destins d’Isaac, puis de ses fils Ésaü et Jacob, puis principalement de Joseph, fils de ce dernier. Cette seconde partie de la Genèse relate davantage l’histoire du peuple hébreu et comment, à nouveau pour fuir une famine, ils se retrouvent en Égypte, dans le pays de Gosen, avec l’accord du Pharaon de l’époque. À la toute fin du livre, les douze fils de Jacob (qui sera renommé Israël par Dieu) prendront chacun la tête des douze tribus d’Israël.

Dieu n’intervient quasiment plus que pour bénir certains personnages ou leur assurer une descendance. De temps en temps, il donne un conseil ou une indication, voire force un peu le destin. Avec Joseph, Dieu apparait le plus souvent sous forme de songes.

Puisque Dieu se fait plus distant et que je cherche en priorité à le comprendre par ses actions ou interactions avec les humains, je traiterai plus rapidement les chapitres restants (forts riches au demeurant). Mais voyons tout de même ce que l’on peut en comprendre de Dieu.

Reprenons donc le déroulé de l’histoire…

Rebecca est enceinte de son époux Isaac. Elle engendrera bientôt les jumeaux Ésaü et Jacob. Avant le terme de la grossesse, Dieu annonce qu’ils seront les fondateurs de deux nations distinctes. L’une sera grande et forte et l’autre sera plus faible. Mais la grande sera assujettie à la plus petite.

Ésaü nait en premier. Il est roux, très poilu et deviendra un chasseur et un homme des champs. Il est le préféré de son père, parce qu’il mange de la viande (et cela semble une raison suffisante). Jacob nait en second, en tenant le talon de son frère. Étonnamment, nous ne disposons d’aucune détail physique le concernant (si c’est précisé pour son frère, c'est que Jacob ne doit être ni roux ni poilu). Pour ce qui concerne le reste de la description, Jacob deviendra « un homme tranquille, qui restait sous les tentes. » (autrement dit, il ne fait pas grand-chose de ses journées). Il est néanmoins le préféré de sa mère, mais on ne sait pas du tout ce qui motive ce privilège.

Les jumeaux grandissent et sont désormais des adultes. Un beau jour, Ésaü revient harassé de la chasse. Jacob prépare un potage. Ésaü en demande une portion avant de tomber d’inanition. Jacob demande à son frère de lui céder son droit d’ainesse en contrepartie d’un bol de soupe (sympa le frangin). Ésaü est proche de la mort, il consent à accepter le marché.

Une nouvelle famine frappe le pays (les ressorts dramatiques dans cet ouvrage sont décidément peu diversifiés). Isaac, sur les conseils de Dieu, renonce à aller trouver refuge en Égypte, mais se rend à Guérar (chez les Philistins) dans le pays dirigé par Abimélec. Isaac, comme Abraham lui a enseigné, fait passer Rebecca pour sa sœur quand ils voyagent ensemble (c’est un plus gros mensonge que son père, car Rebecca est sa cousine/femme et non pas sa sœur/femme). On ne la fait pas à Abimélec, qui se rend compte de la duperie. Le roi reproche à Isaac d’avoir menti, risquant encore de faire s’abattre la colère divine sur quiconque aurait par mégarde, violé sa femme de bonne foi.

Abimélec, qui n’est décidément pas rancunier (ou qui craint Dieu), accueille Isaac dans son pays. Les affaires sont florissantes et Isaac est rapidement à la tête d’une belle fortune. Il possède de grands troupeaux de bétail et de serviteurs. Par sa réussite, Isaac suscite la jalousie du peuple philistin et se fait chasser de ses terres. Abimélec s’empresse d’aller le trouver pour conclure une alliance et s’assurer qu’ils ne sont pas en conflit. Isaac quitte Guérar et part s’installer vers l’Est, à Beer Schéba. Dans toute cette partie il n’est pas précisé si Ésaü et Jacob font partie du voyage. En tout cas, la cellule familiale est regroupée pour la suite des évènements.

Isaac devient vieux et aveugle. Il demande à Ésaü d’aller lui chasser du gibier puis de lui préparer à manger. Suite à cela, Isaac promet de le bénir, car il est son fils préféré. Rebecca ne l’entend pas de cette oreille. Elle prévient Jacob et lui demande de se faire passer pour son frère. Pour ce qui est des cheveux roux, Isaac ne verra pas la différence entre ses deux fils car il perd la vue. Pour simuler les poils, Jacob portera une peau de chevreau sur les parties imberbes et dénudées de son corps (mains et cou) que son père pourrait toucher. Rebecca cuisine un plat de chevreau, pour que Jacob puisse le faire passer comme un produit de chasse et parfaire la supercherie.

Le plan fomenté par Rebecca et Jacob, fonctionne comme prévu. Bien qu’Isaac (aveugle, mais pas sourd) ait un léger doute en pensant reconnaitre la voix de Jacob, il lui donne tout de même sa bénédiction, pensant accorder ce privilège à Ésaü.

Son forfait accompli et la bénédiction paternelle en poche, Jacob quitte les lieux. Ésaü rentre bientôt de la chasse et sollicite logiquement la bénédiction promise par son père. Malheureusement Isaac, (qui n’avait visiblement qu’une seule bénédiction en boutique) ne peut plus honorer ses engagements. Ésaü pleure, Isaac est mécontent, mais personne n’y peut plus rien. Oui, Dieu pourrait intervenir, mais parfois il ne le fait pas.

Ésaü veut (logiquement) se venger de son frère. Rebecca conseille à Jacob de se faire oublier en partant se chercher une femme chez son oncle (un certain Laban, son frère à elle). Avant que Jacob ne prenne la route, Isaac le bénit, demande à Dieu de le bénir et de le rendre fécond. En sus, Isaac confirme la demande de Rebecca. Jacob devra prendre une femme parmi les filles de Laban, car Isaac ne veut pas que sa future bru vienne de Canaan (en fait, j’ai surtout l’impression qu’ils veulent un nouveau croisement des branches de l’arbre généalogique).

Ésaü, seul personnage au comportement cohérent, est jaloux qu’Isaac renouvelle sa bénédiction à son frère (on le serait à moins) et décide (probablement pour se venger de ses parents) de prendre une nouvelle femme parmi les cananéennes. Sans précision sur la quantité concernée, nous apprenons donc qu’Ésaü était déjà marié à plusieurs autres femmes.

De son côté, Jacob (en bon fils qu’il est désormais) s’exécute et part pour la ville de Charan (c’est au Nord, là où Abraham avait ouvert un restoroute), pour trouver une épouse parmi ses cousines.

Lors du trajet, tandis qu’il dort, Jacob voit en songe une échelle par laquelle les anges de Dieu montent et descendent du ciel à la terre. Dieu apparait en haut de l’échelle et dit à Jacob qu’il sera toujours auprès de lui et qu’il lui donne (ainsi qu’à sa postérité) la terre sur laquelle il est couché.

À son réveil, Jacob réfléchit et décide de n’accorder sa confiance en Dieu, que si celui-ci l’accompagne partout, le nourrit, l’habille, le protège des péripéties du voyage et de la colère d’Ésaü. Alors, seulement si l’Éternel remplit toutes ses attentes, Jacob le considérera comme son Dieu. Curieusement, cette méfiance et cette ingratitude de la part de Jacob, n’ont pas de conséquence sur sa relation avec Dieu.

À la lecture de cette partie, c’est à ne rien comprendre des motivations ou raisonnements des personnages. Isaac s’est fait escroquer sa (seule ?) bénédiction par Jacob, mais une fois qu’il l’a eu, la méthode n’a plus d’importance. Également, à un moment, il serait utile de disposer de la notice technique d’une bénédiction (durée de validité, conditions de garantie, champ d’action, qui peut en produire, qui peut en bénéficier...)

Dans cette anecdote, une fois n’est pas coutume, Dieu n’a rien provoqué. De fait, les enseignements à tirer des débuts de l’histoire de Jacob sont moins directement liés aux agissements divins. Toutefois, Dieu confirme une partie de l’assertion formulée précédemment (chap. 22) ; Dieu encourage et récompense les comportements immoraux. Car pour ce qui est de l’attitude vile et des valeurs humaines discutables de Jacob, Dieu est particulièrement servi. Les agissements de Jacob, en font un personnage sans scrupules (et particulièrement ingrat) qui a extorqué son droit d’ainesse à son frère mourant de faim, puis qui lui a volé sa bénédiction (en trompant leur père au passage). Mais Jacob s’en sort plutôt pas mal aux yeux de Dieu, qui lui affirme, puis confirme son soutien. Quand Dieu se choisit un champion Il le soutient avec persévérance.

En mettant de côté une lecture strictement morale, on pourrait argumenter que Jacob a su s’extraire par la ruse, de sa condition de cadet mal-aimé et que c’est cet aspect qui est valorisé par Dieu, même si Ésaü est spolié. Ainsi, Il récompense sa conduite plus arriviste que seulement ambitieuse, car pour Dieu, la fin justifie les moyens.

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