Arrivé à Charan, Jacob trouve une femme nommée Rachel qui lui plait bien. Elle est la fille de son oncle Laban (sa cousine donc). En paiement de sa femme, Jacob consent à travailler sept ans pour son oncle. Lorsque la période convenue est terminée, Jacob réclame sa femme à Laban. Ce dernier organise une fête pour célébrer (enfin) l’union de Jacob et de Rachel. Il fournit une autre femme, Zilpa, en bonus (c’est une simple servante). Mais en fin de soirée, Laban ne donne finalement pas l’épouse promise. En toute discrétion, il substitue sa fille ainée Léa, à la cadette Rachel.

Entendons-nous bien, cette substitution est intentionnelle… Laban dit à sa fille ainée d’aller se faire passer pour sa jeune sœur dans le lit de son futur époux, le soir des noces… Laban est une fripouille sans scrupules, dont la motivation tient au fait que traditionnellement c’est à la plus âgée de se marier avant sa cadette. Rachel est une gourde qui a l'air de ne se rendre compte de rien et Léa n’a aucune considération pour elle-même pour accepter un tel plan (elle est baroque la belle-famille, on n’est pas déçus et les invités à la noce ont bien dû se marrer…).

Jacob ne se rend compte de la supercherie que le lendemain matin. Je ne sais qu’en dire… il est précisé qu’ils ont consommé leur union… J’imagine que la soirée a été très (très) arrosée et qu’ils ont pour coutume de copuler dans le noir le plus complet, sans échanger un mot… ? Bref, je vous laisse imaginer la scène, ainsi que le vieux malaise qu’il y a dû avoir le lendemain matin au petit-déjeuner.

Jacob n’est pas content (mais sans doute que Léa est comblée…) et se plaint auprès de son oncle. Laban propose alors à Jacob de le servir sept années de plus pour avoir Rachel en supplément. Jacob peut tout de même s’estimer heureux que Rachel ne soit pas la troisième ou quatrième fille de Laban, il aurait dû se marier avec chacune des sœurs plus âgées pour l’avoir si cela avait été le cas. Finalement ça nous fait un salaire de quatre femmes pour quatorze ans de service, gîte et couvert compris. Laban, propose tout de même un avantage pour ce nouvel accord concernant Rachel (et Bilha la nouvelle servante donnée en option), Jacob pourra s’en servir dès la semaine suivante. Jacob accepte ce nouveau marché.

Voyant que Jacob aime davantage Rachel que Léa, Dieu rend la première stérile et la seconde fertile. Dieu n’en dit rien à personne, mais à priori, Il voulait que Jacob et Léa aient une descendance ensemble (ça devait faire partie de son plan). La méthode divine qui consiste à régler les femmes sur l’option stérilité ou fertilité commence à être un peu éculée, mais comme précédemment, pour Dieu la fin justifie les moyens.

Léa enfante quatre fils, tandis que Rachel n’en a aucun. Jacob aime moins Léa, mais il l’aime quand même suffisamment pour lui faire quatre enfants. Il aura d’ailleurs encore deux autres fils avec elle, ainsi qu’une fille. Avec les femmes qu’il n’aime pas du tout, Jacob consomme tout de même, puisqu’avec Bilha il aura deux fils et deux autres encore avec Zilpa (oui, parce que sous l’appellation pudique de « servante », il faut comprendre « esclave sexuelle »). Dieu finit par réactiver la fertilité de Rachel et rapidement elle enfante un premier garçon nommé Joseph.

Les quatorze années de service sont passées et Jacob exprime alors à Laban, son souhait de retrouver sa famille en rentrant à Beer-Schéba, avec ses femmes et ses enfants. S’ensuit une dispute entre Laban et Jacob, où la mauvaise foi et la veulerie des deux protagonistes sont si bien réparties, que j’en suis empêché de prendre parti. Finalement, ils se séparent en ayant fait la paix et Jacob poursuit son chemin avec sa nombreuse troupe.

Comme annoncé, Dieu intervient assez peu dans ces chapitres. Tout au plus il se contente de créer des problèmes de fertilité, là où il n’y en avait pas au départ.

Toutefois, il continue de valider des organisations sociales. Nous savions déjà que Dieu encourageait la servilité d’une manière générale. Si nous avions encore un doute avec Abraham, nous pouvons à présent confirmer également que Dieu soutient l’esclavagisme sexuel (ici, des servantes).

Ce qui est aussi relativement nouveau, c’est que si Abraham a connu plusieurs femmes, il n’était pas marié à plus d’une à la fois. Pour la génération suivante, son fils Isaac n’a connu que Rebecca (et probablement ses servantes, mais ça ne compte pas). Mais avec les jumeaux Jacob et Ésaü, Dieu approuve la polygamie, voire valide le concept de harem. En fait, le principe de fidélité dans un couple est totalement inexistant dans ces textes. La femme a l’obligation de donner des enfants à son mari et en priorité, ces enfants doivent être des garçons. Les filles sont tolérées, dans la mesure où elles peuvent servir de monnaie d’échange pour établir un marché ou augmenter la fortune de la famille. Si la femme n’a pas d’enfants, elle perd l’essentiel de sa fonction sociale et peut éventuellement se rattraper en fournissant à son mari, une possibilité de substitution pour se reproduire malgré tout. De fait, pour garantir cette option, dans les bonnes familles, on assigne à la femme une servante, qui pourra faire office de réceptacle à la semence de l’époux.

Car ceci est annoncé dès le début de la création, l’objectif principal de Dieu, consiste en la prolifération des Hommes pour dominer la terre (enfin surtout en ce qui concerne ses protégés). Les Hommes devant se multiplier autant que possible, vu le ratio de temps entre un coït et une gestation, il est plus sûr d’avoir plusieurs femmes pour un même homme afin d’augmenter le rendement.