Jacob, sa famille, leurs serviteurs et l’ensemble de leurs nombreux troupeaux poursuivent leur route et arrivent à proximité des terres d’Ésaü. Ils rencontrent des anges sur le chemin, mais ça n’apporte strictement rien à l’histoire.

Manifestement, durant l’absence de Jacob (environ une quinzaine d’années tout de même), Ésaü est devenu extrêmement puissant. Il n’est pas précisé si Jacob est informé de la réussite financière d’Ésaü, mais il craint toujours sa vengeance. Jacob envoie quelques messagers prévenir son frère de son retour et qu’il souhaite lui faire allégeance. Les messagers reviennent et avertissent Jacob, qu’Ésaü marche à sa rencontre avec quatre cents hommes en armes. « Jacob fut très effrayé, et saisi d'angoisse ». Jacob se prépare au pire et en appelle à l’aide de Dieu. Il fait parvenir plusieurs troupeaux en offrande à son frère, pour tenter de l’amadouer.

Jacob décide de rester seul dans le camp principal et envoie se mettre en retrait ses deux femmes, ses deux servantes, leurs onze enfants et le reste de ce qui lui appartient (en fait, à ce moment de l’histoire, Jacob a onze fils et une fille, mais celle-ci n’apparait pas dans le compte de ses enfants).

La suite de l’histoire est assez plutôt déroutante et j’avoue ne pas l’avoir bien comprise à la première lecture…

Le soir venu, « quelqu’un », se présentant sous l’apparence d’un homme, vient agresser Jacob, lorsque celui-ci est seul. Ils luttent toute la nuit. Cet individu de forme humaine, ne parvient pas à avoir le dessus et finit par frapper violemment Jacob à la hanche, en espérant porter ainsi un coup décisif. La hanche de Jacob se déboite, mais il maintient fermement son adversaire. Celui-ci lui demande de relâcher son emprise car l’aube arrive. Jacob refuse, mais demande à son opposant de le bénir (personnellement, je n’ai jamais vu un truc pareil ???). L’inconnu demande alors à Jacob de décliner son identité (ils luttent du crépuscule à l’aurore, mais c’est maintenant que l’assaillant lui demande…) Jacob dit qu’il s’appelle Jacob (pour une fois qu’il ne ment pas). L’inconnu lui annonce que désormais il ne s’appellera plus Jacob, mais Israël, parce qu’il a vaincu Dieu. On les imagine en train de discuter, tout en luttant au sol, Jacob réalisant une prise de soumission malgré sa hanche démise. En retour à cet échange surréaliste, Jacob/Israël demande à son adversaire de se présenter à son tour. Celui-ci refuse de dévoiler son identité secrète, mais lui donne sa bénédiction…

La fin de la lutte n’est pas racontée, mais au lever du soleil, Jacob qui boitera dorénavant, a compris avoir rencontré Dieu et est persuadé que son âme est sauvée.

Bon… le début du voyage et le fait que Jacob soit inquiet à l’idée de retrouver son frère sont des éléments facilement compréhensibles. À contrario, la symbolique de la lutte au corps à corps d’un mystérieux agresseur avec Jacob m’échappe dans les grandes largeurs.

De prime abord, cette histoire est sans queue ni tête. Qui est l’inconnu qui vient agresser Jacob lorsqu’il s’est isolé ? Pourquoi arrive-t-il au crépuscule et doit-il partir avant le lever du soleil ? Du point de vue de Jacob, il s’agirait de Dieu, car il dit « j'ai vu Dieu face à face ». Si Jacob a raison, Dieu est physiquement très en-dessous de ce qu’on pourrait attendre de Lui, même dans un combat à mains nues. Mais l’opinion de Jacob n’est pas clairement validée car l’identité de l’individu n’est pas explicitée. Ce qui semble acquis, c’est qu’il s’agisse au moins d’une créature alliée avec Dieu et habilitée à produire une bénédiction. Peut-être une sorte d’ange (ou un vampire puisqu’il craint la lumière) qui serait venu confronter Jacob… D’aucuns pourraient penser qu’il s’agissait simplement d’un maraudeur mal intentionné, mais cette anecdote n’aurait alors plus aucun intérêt à être rapportée.

Pour cet épisode, j’ai envie de reprendre la tentative d’explication avancée précédemment. Dieu apprécie que Jacob ait surmonté les embûches qu’Il a mises sur son chemin. Jacob démarre difficilement dans la vie, puisqu’il est né en second et que son père préfère son frère. Une nouvelle fois, Dieu « organise » un affrontement entre une partie de Lui-même, ou un ange, ou quoi que ce soit d’autre (un loup-garou, ou une autre créature nocturne) et Jacob. Dieu aime tester ses créatures. Lorsque Jacob a surmonté son épreuve, Dieu le récompense en lui offrant une bénédiction. Bon je ne m’explique pas pourquoi Jacob aurait besoin d’une nouvelle bénédiction (la sienne est usée, un nouveau modèle est sorti… ?), ni la symbolique de la luxation de hanche.

Quoi qu’il en soit, au passage, vous savez maintenant pourquoi, il est défendu aux enfants d’Israël de manger le tendon de la hanche des animaux. Ça a l’air de rien, mais en fait, Dieu a l’air de tenir tellement à cette règle alimentaire, qu’il l’a répétera ultérieurement à Moïse. Dieu a des goûts alimentaires arrêtés.

Retournons au déroulé de l’histoire pour clôturer sur cette partie. Il s’avère que Jacob s’était inquiété pour rien, car Ésaü se montre très accueillant à son égard. Jacob lui présente sa petite famille, lui donne en cadeau quelques troupeaux et tout va bien dans le meilleur des mondes. Les deux frères sont à présent réunis dans le pays de Canaan. Ésaü à Séir et Jacob en périphérie de la ville de Sichem, où il achète un terrain pour s’installer.