Exode 34 à 40 - Le départ pour la terre promise
Au cours des discussions entre Dieu et son prophète (en présence de Josué), l’Éternel demande à Moïse de tailler deux nouvelles tables de pierres. Celles-ci devront être réalisées à l’identique de la première version qui fut finalement brisée. C’est bien Dieu qui assurera l’écriture des textes, dont Moïse ne doit préparer que le support. Il dispose d’un temps limité pour ce travail car Dieu lui dit ; « Sois prêt de bonne heure, et tu monteras dès le matin sur la montagne de Sinaï; tu te tiendras là devant moi, sur le sommet de la montagne. » Nous pouvons observer que la version intermédiaire des tablettes, qui avaient été réalisées par Moïse au vingt-quatrième chapitre, n’est simplement plus évoquée. Moïse s’exécute et se rend le lendemain au sommet du mont Sinaï (ou Horeb). Dieu vient à sa rencontre (toujours sous l’apparence d’une nuée) et s’annonce Lui-même en s’écriant ; « L'Éternel, l'Éternel, Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité, / qui conserve son amour jusqu'à mille générations, qui pardonne l'iniquité, la rébellion et le péché, mais qui ne tient point le coupable pour innocent, et qui punit l'iniquité des pères sur les enfants et sur les enfants des enfants jusqu'à la troisième et à la quatrième génération! » Sur ce passage, nous pouvons noter que Dieu n’est pas particulièrement enclin à l’humilité. Dans cette auto-évaluation, l’Éternel a un peu tendance à se présenter différemment de ce qu’IL donne à voir par ailleurs. En effet, après avoir observé ses actions, pourrait-on affirmer que l’Éternel est miséricordieux et compatissant ? De même, est-il cohérent que Dieu se considère comme le pourfendeur de l’iniquité (l’injustice donc) tout en reportant sans sourciller, les péchés des pères sur leurs fils ? Et ceci en affirmant paradoxalement conserver son amour pour mille générations…
Moïse (qui sait à qui il a à faire) s’agenouille à l’arrivée de son créateur. Dieu lui transmet quelques consignes dont certaines sont des redites (les premiers-nés lui appartiennent, il faut se reposer le septième jour, etc.) L’Éternel dit aussi « Voici, je traite une alliance. Je ferai, en présence de tout ton peuple, des prodiges qui n'ont eu lieu dans aucun pays et chez aucune nation; tout le peuple qui t'environne verra l'œuvre de l'Éternel, et c'est par toi que j'accomplirai des choses terribles. / Prends garde à ce que je t'ordonne aujourd'hui. Voici, je chasserai devant toi les Amoréens, les Cananéens, les Héthiens, les Phéréziens, les Héviens et les Jébusiens. / Garde-toi de faire alliance avec les habitants du pays où tu dois entrer, de peur qu'ils ne soient un piège pour toi. / Au contraire, vous renverserez leurs autels, vous briserez leurs statues, et vous abattrez leurs idoles. / Tu ne te prosterneras point devant un autre dieu; car l'Éternel porte le nom de jaloux, il est un Dieu jaloux. / Garde-toi de faire alliance avec les habitants du pays, de peur que, se prostituant à leurs dieux et leur offrant des sacrifices, ils ne t'invitent, et que tu ne manges de leurs victimes; / de peur que tu ne prennes de leurs filles pour tes fils, et que leurs filles, se prostituant à leurs dieux, n'entraînent tes fils à se prostituer à leurs dieux. / Tu ne te feras point de dieu en fonte. » Ce discours divin, (outre de nous confirmer que Dieu se sait jaloux), nous apprend que les autres peuples semblent bien disposer de leurs propres dieux, qui sont de même nature que l’Éternel (comme nous l’avions déjà évoqué pour les Égyptiens). En effet, Dieu ne prétend pas être jaloux d’hypothétiques représentations de « faux dieux » (ce qui serait tout de même déplacé de la part du dieu unique et éternel, créateur de tout ce qui constitue l’univers). À l’inverse, le discours divin accrédite l’existence d’une certaine forme de concurrence entre différents dieux pour la reconnaissance des hommes.
C’est au cours d’un nouveau séjour de quarante jours sur la montagne (et quarante nuits comme à l’accoutumé), de Moïse sur le mont Sinaï, que prend place l’échange ci-dessus. Le texte nous apprend que durant cette même période, pendant que Moïse jeûne, Dieu réécrit le décalogue sur les pierres taillées son prophète. Cette fois, lorsqu’il redescend enfin de la montagne avec les nouvelles tables de la loi, Moïse a la peau du visage qui rayonne « parce qu'il avait parlé avec l'Éternel. » C’est la première fois que ce type de phénomène se déclare. Du coup, après avoir fait état de ses récents échanges avec Dieu auprès de l’élite des Hébreux, Moïse se masque désormais le visage. Il n’enlève son voile que pour se rendre dans la tente d’assignation (pour parler à Dieu) et le remet lorsqu’il s’adresse à son peuple. Il n’y a pas d’autres explications à ce phénomène de rayonnement facial et l’on est en droit de se demander pour quelles raisons cela ne s’était jamais produit avant, ni pourquoi les précédents interlocuteurs de Dieu n’ont pas déclaré ce symptôme. Parmi les informations qu’il transmet aux Hébreux, Moïse redonne (entre autres) les consignes relatives au repos du sabbat. Il ajoute que celui qui travaille le septième jour sera puni de mort. À nouveau Moïse prend quelques initiatives osées, car il va bien au-delà des paroles transmises par Dieu (du moins celles retranscrites dans le texte). Ceci fait, Moïse débute la collecte des matériaux nécessaires à la mise en œuvre des travaux demandés par Dieu. Étoffes, peaux, pierres précieuses, métaux, bois, sont rassemblés. Les ouvriers qui ont de l’habileté sont réquisitionnés et les travaux sont initiés (sans oublier les riches atours commandés pour Aaron et ses fils). Deux travailleurs qualifiés sont désignés selon leurs compétences techniques particulières. Ainsi, Betsaleel (fils d'Uri, fils de Hur, de la tribu de Juda) et Oholiab (fils d'Ahisamac, de la tribu de Dan) devront réaliser les travaux les plus fins (sculpture, travail des métaux, du bois…) et enseigner leur art aux autres ouvriers. Une nouvelle fois, le texte est particulièrement difficile à appréhender, car Moïse ordonne ici la réalisation du tabernacle, alors que celui-ci (également nommé « tente d’assignation ») est censé être déjà confectionné dans les chapitres précédents.
La partie suivante (sur quatre chapitres) est une redite partielle des consignes de Dieu pour la réalisation de ses travaux. Mais cette fois, la narration s’effectue du point de vue des travailleurs et de ce qu’ils fabriquent ; « […] On fit des lacets bleus au bord du tapis terminant le premier assemblage; on fit de même au bord du tapis terminant le second assemblage. […]» La première lecture de la description des ouvrages souhaités par Dieu était fastidieuse (chapitres 25 à 30), mais elle avait l’intérêt de la nouveauté. Cette fois, les chapitres (36 à 39) sont réellement pénibles à lire, au point que je ne saurais dire avec précision s’il y a des différences techniques entre ces deux parties hormis la nature de l’action. Dans le quarantième et dernier chapitre de l’Exode, Dieu donne à Moïse les ultimes consignes relatives à l’installation du tabernacle (tente d’assignation). Rien de spécialement nouveau dans cette partie finale. Lorsque Moïse a tout installé, accompagné d’Aaron et de ses fils ; ils agencent l’espace intérieur selon les indications de l’Éternel. Enfin, le peuple se déplace pour rejoindre la terre promise en fonction de la présence ou non de Dieu (sous forme de nuée sur le tabernacle). « […] les enfants d'Israël partaient, quand la nuée s'élevait de dessus le tabernacle. / Et quand la nuée ne s'élevait pas, ils ne partaient pas, jusqu'à ce qu'elle s'élevât. »
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