Chapitre 1

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 « S’ancrer à son passé, c’est tourner le dos à son avenir. »

 Combien de fois t’es-tu répété cette phrase ? Trop souvent pour les dénombrer. Tu ne peux pas t’en empêcher, c’est plus fort que toi. Encore maintenant, à cet instant précis, les mots résonnent en ton esprit comme un leitmotiv auquel ta raison ne peut échapper. Mais quel avenir peut espérer un mort en sursis ?

 Trainant tes maigres souvenirs tels des boulets d’acier, tes pas frappent lourdement le bitume dans cette ruelle sordide aux relents de décharge. Tu patauges dans les tas de déchets vomis par les poubelles trop pleines, sans y prêter attention. Ces derniers mois à évoluer dans la crasse t’ont habitué à ne plus ressentir cette pauvreté omniprésente. Tu avances dans ce monde en décomposition, insensible à sa laideur, sourd aux complaintes de ses habitants. Tu portes ta propre croix et n’a pas de place pour celles des autres.

 Au bout de la venelle, les néons de la rue centrale éclaboussent le sol gorgé de pluie de leur teinte jaune pisse. Tu t’y diriges d’une allure de somnambule, semblable à un insecte attiré par les phares d’une voiture. C’est ainsi que tu te vois lorsque que tu es assez lucide pour penser : une épave à peine vivante, pas suffisamment morte pour arrêter de respirer, mais trop nécrosée pour mériter le titre d’être humain.

 La grande rue et ses lumières sales t’appellent. Tu as besoin d’espace, les murs suintants de la ruelle semblent se refermer sur toi. Tu presses le pas pour t’évader de ce lieu exigu ; enfin « presser » est un grand mot, disons que tu as le sentiment d’aller plus vite. Un témoin qui t’observerait ne verrait probablement pas la différence, mais c’est bien que toi, tu le croies. Au moins croies-tu en quelque chose. Ce qui devient de plus en plus rare.

 Alors que s’approche le but que tu t’es fixé, des gémissements sur ta droite stoppent ta « course ». Ton regard se pose sur un rideau de noirceur où s’élèvent les soupirs de plaisir d’un homme au bord de la jouissance. L’image fugitive d’un couple soudé dans un entrelacement de chair moite, ivre de désir bestial dans cette ruelle malfamée, réveille en toi une étincelle libidineuse. D’instinct, ton bras se tend vers les amants, drapés dans leur cocon de nuit, mais la voix rude d’un homme freine ton élan :

 — Dégage, sale voyeur ! Trouve-toi une pute, si t’es en manque.

 Un visage buriné émerge lentement des ténèbres poisseuses, sa peau luisante de sueur sous la lumière des néons jaunâtres de la rue principale proche. Ses pupilles dilatées flamboient dans le noir, diffusant leur haine sur toi. L’homme porte des vêtements rapiécés, les vestiges d’un costume élégant, symbole de son opulence passée. Sous sa veste trouée se devine une chemise jadis immaculée, aujourd’hui parsemée de taches douteuses.

 Le reste de fierté qui anime ta carcasse te pousse à la confrontation. Ton expression, jusqu’alors vide d’émotion, se transforme en un masque d’hostilité ; tes lèvres se tordent, révélant des canines effilées, pareilles à des crocs ; de ta gorge monte un grognement bestial.

 L’homme, effrayé par ta rage animale, effectue un geste de repli, tente de se fondre à nouveau dans la flaque d’ombre. Tu remarques alors une deuxième paire d’yeux, au niveau de son bas-ventre. Il s’agit d’un jeune garçon, agenouillé dans les immondices, tenant entre ses mains frêles un sexe encore en érection. En t’apercevant, l’enfant recule, les bras dressés devant lui en une défense dérisoire.

 Devant cette découverte, ta colère désenfle aussitôt, te laissant vide à l’intérieur. Tu fais machine arrière, refusant de t’impliquer dans un combat qui n’est pas le tien. Tu te détournes de l’homme et l’enfant, pressé de rejoindre la rue principale quelques mètres plus loin. Lorsque tu atteins l’objet de ton désir, l’image de l’enfant apeuré s’est déjà effacée de ta mémoire.

 Tes yeux se plissent sous la lueur agressive d’enseignes encore alimentées en électricité. Un brouhaha de voix t’enveloppe soudain, te rappelle la présence d’âmes parfois organisées parmi les décombres de la civilisation. Des vendeurs plantés derrières leurs échoppes vantent les vertus de leurs marchandises, attirant les passants comme des abeilles vers un pot de miel. Des mains avides caressent les reliques de l’Ancien Monde étalées devant eux avec un soin étudié. Des téléphones portables aux écrans fissurés, des ordinateurs hors d’usage, des aspirateurs… une panoplie d’objets aujourd’hui inutilisables, mais qui ravivent les regards éteints des survivants, leur rappelant le confort d’une vie à jamais révolue. Tu n’y vois que breloques sans importance, les vestiges d’un passé qui ne renaîtra jamais de ses cendres. En observant ces zombies enracinés à leur histoire, ta phrase fétiche prend alors tout son sens : « s’ancrer à son passé, c’est tourner le dos à son avenir ». Ton cerveau anesthésié éprouve pourtant un peu de compassion pour ces êtres en perdition. Tu n’es pas très différent d’eux, tu penses souvent à ton passé. Pas parce qu’il te manque, mais parce qu’il te fuit. Tu es « né » dans un entrelacs de corps, dans une fosse commune, il y a à peine quelques mois. Tu t’es extirpé de cette masse de chair en décomposition, la bouche ouverte, à inhaler un air vicié et nauséabond, sans aucun souvenir de ta vie d’avant. Tu n’as pas de nom, pas de famille. Tu n’es rien.

 Tu te souviens cependant de l’Ancien Monde, avant l’Effondrement. Tu te souviens de cette vie pleine de confort. Tu te rappelles les sourires, le soleil et l’espoir ; l’insouciance face aux sirènes d’alarme tirées par les chantres de l’Apocalypse, ces oiseaux de mauvais augure. Ils pouvaient bien crier la fin du monde de tout leur soûl, personne ne voulait affronter la vérité, préférant vivre l’instant présent. « Il sera temps de s’inquiéter le moment venu », pensaient-ils. « En attendant, consommons, profitons des bienfaits qui nous sont offerts, ne succombons pas à la paranoïa de quelques illuminés ! ».

 Ils pensaient avoir le temps, pensaient même que le désastre promis ne viendrait jamais. Ils se sont trompés. L’Effondrement s’est produit un jour de juillet. Le lendemain, tout était fini. La nuit a occulté le soleil en un instant, les gouvernements se sont effondrés. La Loi et l’Ordre ont laissé la place au chaos. Des nouvelles forces ont émergé, des prédateurs se sont élevés des ténèbres pour fondre sur l’humanité affaiblie. L’impensable est devenu réalité : vampires, métamorphes et démons issus de l’inconscient collectif se partagent désormais les humains tel du bétail. Sang pour les premiers, chair pour les deuxièmes, esclaves pour les derniers, les besoins diffèrent, mais servent le même objectif : maintenir les survivants sous leur joug.

 Depuis ton réveil, tu parcours la Ville-Prison, pareil à un fantôme. Témoin des horreurs du Nouveau Monde, tu progresses parmi tes semblables sans prendre parti. Les rafles, les viols, les meurtres sont devenus des événements banals de ton quotidien au sein de cette immense geôle à ciel ouvert. Séparée en trois quartiers, avec à leur tête un représentant de la caste vampire, lycanthrope et démoniaque, ces trois gouverneurs régissent la vie de dizaines de milliers de sujets, terrifiés de finir comme nourriture ou esclaves de leurs seigneurs et maîtres.

 Même si la cruauté des créatures de l’ombre n’est plus à démontrer, les humains sous leur domination jouissent de certaines libertés. Ils peuvent, par exemple, se déplacer dans leur quartier sans restriction ; les rues commerçantes comme celle où tu te trouves sont tolérées. Il faut leur laisser du lest, un peu d’espace. Le sang d’un homme réduit à l’état d’esclave, l’esprit atrophié, n’a pas la même saveur que celui d’un prisonnier où perdure une étincelle d’espoir. Vampires et métamorphes se délectent de cette seconde où l’espérance s’éteint dans le regard de leur victime, juste avant la morsure qui viendra mettre fin à leurs souffrances. Les démons, plus joueurs, affectionnent à plonger leurs esclaves dans la désespérance la plus complète, jusqu’au moment où la victime n’aura plus aucun désir de vivre.

 Dans cet univers cauchemardesque, les rues « aux néons », où s’entassent les ombres du passé, font office de sanctuaires. Les survivants y trouvent un peu de réconfort et de sécurité.

 Tu traverses l’artère en direction d’une échoppe de boissons, piaffant d’impatience à l’idée d’hydrater ton gosier avec le premier breuvage venu. Même de la pisse d’âne fera l’affaire. En cette sombre période, le luxe d’être difficile n’est plus d’actualité. Pour toi, comme pour les autres.

 Le rade[1] où tu as échoué est agencé avec un goût certain, selon les critères du moment. Le tenancier a dégotté des vieux tabourets au cuir fatigué, comme ceux des bars avant l’Effondrement, pour que le malheureux en quête de rafraîchissement puisse poser ses fesses tout en lichant[2] sa bière (s’il est chanceux). Une attention délicate, dans un monde où l’on passe le plus clair de son temps à courir pour échapper aux monstres, le reste étant consacré à la quête de nourriture et au sommeil à même le bitume, en priant pour qu’un vampire ou un lycan ne décide pas de casser la croûte en passant.

 Autre attention, plutôt rare par les temps qui courent : une ardoise détaille le choix dont dispose le client, griffonné à la craie d’une main rapide, comme si le type, conscient du danger qui pèse sur sa tête à chaque seconde, avait été sur le point de s’enfuir au moment d’écrire. Ainsi le « a » de Coca s’achève sur un trait ondulant qui traverse la moitié du cadre, témoignant de l’hésitation entre le devoir et la survie de celui qui l’a tracé. Un instant, tu songes à questionner le gars derrière son comptoir pour connaître l’histoire de ce trait en vaguelettes, mais ta soif est la plus forte. Tu désignes une canette rouge toute cabossée dans la pile, la seule boisson au menu. Le « barman » te tend une main sale, paume ouverte, dans l’attente de ton paiement. Avec un soupir, tu farfouilles dans les poches de ton cache-poussière à la recherche d’un objet à échanger. Tu en sors un vieux porte-clefs dans lequel trône la photo délavée d’une pin-up aux gros seins, un bouton de veste avec un aigle gravé dessus, des vieilles capsules de bouteilles, un stylo plume qui n’a plus vu de cartouches d’encre depuis Mathusalem et enfin une clé USB 32 Go privée de son capuchon en plastique. Toute ta « fortune » s’étale sur le plan de travail sous l’œil dubitatif du type. Il te regarde d’un air interrogatif. Tu hoches la tête pour lui signifier qu’il peut toucher la marchandise, mais malgré ton feu vert, l’homme hésite, avant de s’emparer enfin de la clé USB. Il la touche d’abord du bout des doigts, puis la tourne et la retourne dans sa main pendant une plombe, la soupèse (comme si son poids avait une importance !). Enfin, il la repose à sa place initiale et prend l’objet suivant. Le manège recommence. Pour chaque relique. Le gus tripote ta quincaillerie, essayant d’en estimer la valeur. Les minutes défilent. Ton impatience grandit, ton gosier crie famine. Tes yeux fixent la canette de Coca en imaginant son goût sucré dans ta gorge tandis que le gars continue son cirque. Excédé, tu le dévisages méchamment pour qu’il accélère la cadence. Il repose aussitôt le stylo avec un sourire d’excuse ; le message est passé.

 — Alors ? lâches-tu entre tes dents.

 Le tenancier va pour prendre la clé USB, mais tu enserres son poignet avant que ses doigts se referment sur elle.

 — N’abuse pas. On parle d’une canette de soda, pas d’un verre de champagne…

 — Tu peux aussi aller boire ailleurs, rétorque le gars d’une voix mal assurée.

 Sans un mot, tu sors d’un étui à ta ceinture un long couteau à cran d’arrêt et le plaque avec force sur le comptoir, la lame pointée vers le bide du barman.

 — Tu disais ?

 Le client assis à côté de toi, en train de siroter tranquillement son « Coke », se lève précipitamment pour prendre la tangente.

 — OK, D’accord, capitule le gérant en fourrant le porte-clé coquin dans sa poche de pantalon. T’énerve pas. On est entre gens civilisés, ici. Garde ta hargne pour les putains de vampires qui nous mènent la vie dure. Moi, j’essaie juste de survivre.

 — Et moi, j’aimerais pitancher sans avoir à montrer les crocs, répliques-tu en rangeant ton canif.

 Avec un signe d’excuse, ton interlocuteur décapsule la canette que tu lui as désignée plus tôt et la fait glisser jusqu’à toi. Un pschitt gazeux s’élève dans le brouhaha de la rue. Tu l’accueilles avec un claquement de langue impatient, bois une longue gorgée, en savoures le goût, puis reposes le soda sur le comptoir. Ce « Coke » est tiède, pourtant tu as l’impression de ne jamais avoir rien bu d’aussi bon. Aujourd’hui, il en faut peu pour être heureux. C’est le point positif de l’existence après l’Effondrement. Fini l’éternelle insatisfaction du consommateur frustré. Retour aux plaisirs simples de la vie.

 Alors que tu te délectes de ta boisson, une gamine s’approche de toi et te regarde en silence. Tu prends une lampée, feignant de ne pas l’avoir vue. Elle doit avoir à peine dix ans et ses grands yeux ne te quittent pas d’une semelle. Elle reste là à te scruter, immobile dans sa robe crasseuse trop grande pour elle. La petiote porte un manteau à capuche dont les manches trop longues dissimulent ses petites mains.

 Tu attends. La morveuse finira bien par s’en aller. Mais c’est bien mal la connaître. Dix minutes ont passé et elle n’a pas bougé d’un cil.

 Le crétin derrière son comptoir rigole et dit :

 — Vous lui avez tapé dans l’œil, on dirait !

 L’expression de ton visage le convainc de ne rien ajouter. Avec un soupir irrité, tu te tournes vers la gosse.

 — Qu’est-ce que tu veux, la môme ? J’ai rien pour toi, alors inutile de me tenir la crampe.

 La gamine rit comme si tu étais le mec le plus drôle de la Terre.

 — T’es rigolo, toi, dit-elle d’un air mutin.

 Tu es désarçonné. La mioche, insensible à ta tentative pour la faire déguerpir, pousse un petit gloussement. D’habitude, ceux qui se risquent à te faire la causette comprennent vite qu’ils ont choisi le mauvais interlocuteur. Pas cette enfant. Elle semble encore plus intéressée par ta petite personne, comme en témoigne le pas en avant qu’elle n’hésite pas à faire pour se rapprocher de toi.

 — Qu’est-ce que tu me veux ? répètes-tu, ne trouvant rien de mieux à dire.

 Elle effleure sa joue sale du bout de sa manche avant de pointer ton visage avec un grand sourire :

 — C’est qui qui t’a fait ça ? La cica… la cica…

 La branleuse fait la grimace, elle cherche le mot qui lui échappe, sans y parvenir. En désespoir de cause, elle trace une ligne en zigzag dans l’air.

 — J’en sais rien, réponds-tu en haussant les épaules. Cette cicatrice est là depuis toujours.

 C’est la vérité. Quand tu es né dans cette fosse pleine de cadavres, elle zébrait déjà ton visage. Sa présence demeure l’une des nombreuses interrogations sur ton passé. Un jour, peut-être, la réponse s’offrira à toi. Mais pas aujourd’hui.

 Les lèvres de la gamine se tordent en une moue déçue.

 Tu esquisses un sourire.

 — Maintenant, va voir ailleurs. J’ai autre chose à faire que de répondre à tes questions.

 Mais la fillette refuse de partir. Elle reprend son observation, comme si de rien n’était.

 À cet instant, les néons, enseignes, lampions se mettent à clignoter. La seule défense face aux vampires vacille. Les voix des badauds meurent aussitôt, les yeux se braquent vers les lumières tremblotantes. Tous retiennent leur souffle dans l’attente du pire. Si la nuit reprend ses droits, ce sera un carnage. Tout le monde le sait. Tout le monde le redoute.

 La canette au bord des lèvres, tu attends. La banderole de lampes au-dessus de ta tête grésille sous l’œil terrifié du tenancier. Le type semble prêt à faire dans son falzar. Difficile de lui en vouloir. Toi aussi, tu n’es pas serein. Une angoisse sourde comprime ta poitrine. Sans t’en rendre compte, tes doigts compressent ton « Coke ». Le soda dégouline sur le comptoir en une tache brune pleine de bulles.

 Soudain, la nuit.

 Des cris retentissent, des bruits de pas s’élèvent. En un instant, la rue est désertée. Il ne reste que toi et la gamine. Tu distingues sa silhouette menue dans la pénombre. Tu lâches ton coca et tu t’approches de la fillette.

 — Où est ta mère ?

 — Au Paradis, répond-elle dans un murmure affecté.

 Tu pousses un juron. Tu t’apprêtes à transgresser tes propres règles. Tu empoignes la gosse et la prends dans tes bras. La mioche ne pèse pas plus lourd qu’un sac de plumes.

 Le bâtiment le plus proche, une ancienne boutique de fringues, se trouve à une dizaine de mètres. Un coup d’épaule suffit à forcer la porte. Des cris étouffés résonnent dans le magasin au moment où tu pénètres les lieux. Devant le comptoir, un type avec un chapeau de cow-boy troué braque un flingue sur toi, tandis que sa compagne, une blonde large comme une allumette pointe une lampe-torche sur ta gueule.

 — Eteignez-ça ! grondes-tu. Vous allez les attirer ici !

 Le pistolet tremble dans la main du type.

— Calme-toi, vieux. L’ennemi, ce n’est pas moi. Garde tes munitions pour ceux qui veulent te faire la peau.

 Mais le cow-boy ne baisse pas son pétard. Il semble tétanisé par quelque-chose juste derrière toi. Sa copine se met à hurler :

 — Vampire !

[1] Bar (argot).

[2] Boire (argot).

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