8 – INXS : Devil Inside

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Alors qu’il cède la parole au Commandant, je ressens à nouveau le sentiment qui avait été le mien un peu plus tôt, on ne dirait pas le commissaire que je connais. C’est une voix du fond des graves qui commence à m’expliquer que son service recherche une femme qui n’a pas froid aux yeux avec le sens du devoir, d’excellentes compétences, qui n’hésitera à s’impliquer plus de que raison, physiquement, émotionnellement et psychologiquement, qui ira jusqu’au bout dans l’intérêt de la Nation.

De l’extérieur, on dirait qu’il dresse le tableau du flic idéal, même si certains mots et la façon dont il les prononce me pose question. Il ajoute qu’il cherche quelqu’un depuis plusieurs mois, car les personnes regroupant ces critères sont rares, plus encore avec une faute professionnelle pour peser dans la balance. Il en termine en me demandant de lui répondre positivement ou pas immédiatement.

Ça, c’est de la pression où je ne m’y connais pas. Je ne peux que lui demander de m’en dire plus sur la nature de la mission et de ses implications pour me décider. A cela il me répond qu’il ne peut rien me dire, ni sur mon implication ou les attentes, seulement qu’il s’agit d’une mission d’infiltration dans un milieu plutôt dangereux qui devrait durer un an environ suivant l’avancement et ce qui en ressortira. Il ajoute que je devrais subir quelques transformations physiques, mais sommes toutes mineures. Il prend l’exemple de « Miss Détective » et j’avoue avoir du mal à imaginer un tel gaillard regarder ce type de film.

Je l’écoute compléter par des classiques. Certaines attirent mon attention comme l’absence de contacts avec amis et famille, d’être réellement une autre, que je serais livrée à moi-même, sans ressource autres que celles que je trouverais, que je n’aurais aucune sécurité et un officier-traitant avec lequel je ne pourrais correspondre que par écrit. Il en termine en disant que tout cela est mis en place pour maximiser la crédibilité du personnage.

Chax, qui semble connaître son discours sur le bout des doigts, en termine en me disant qu’à l’issue de cette mission je pourrais reprendre mon poste à un grade supérieur, où je le souhaite, sauf en Auvergne-Rhône-Alpes. Il ajoute que je dois comprendre pourquoi et confirme que mon dossier sera vierge de toute mention quant à l’incident.

Avec un couplet sur la fibre patriotique, l’intérêt général auquel il additionne le sens du devoir, ai-je d’autres options si je veux poursuivre la vie que j’ai choisie ? Je vois dans ses yeux qu’il ne m’en dira pas plus sur la nature de la mission. Je regarde le Principal Christian qui a les yeux fixés sur ses mains jointes devant lui. Rien ne bouge chez lui, sauf ses indexes qui se tapotent l’un l’autre. J’ai l’impression de voir perler des gouttes de transpiration sur son front.

Chax conclue son exposé en me mettant le couteau sous la gorge. Soit, je refuse et ce sera la mise à la retraite d’office. Soit j’accepte et le choix se posera à nouveau à moi, selon ces termes, après que ma mission me soit dévoilée. De là, j’accepte, ou je refuse, et ce sera une révocation et perte des droits à la clé. En d’autres termes, on me jette dehors en effaçant cinq ans de ma vie.

En fait, c’est plutôt un rasoir que j’ai sous la gorge. J’aimerais une aide, un soutien de la part de mon Commissaire, mais sa posture reste identique. Je me demande si le mouvement de ses doigts est juste un tic attentiste ou s’ils veulent me dire non en se balançant de gauche à droite ? Chax, maintenant muet, est impassible. J’ai le sentiment que tout est fait pour que je dise oui, que je m’entaille moi-même la peau par ce mot.

Dans une dernière pensée, je me demande si toutefois ce ne serait pas un piège ? Mais non, on ne fait pas ça dans nos services. De toute façon, ma décision était déjà prise au moment où on m’a proposé une alternative qui me permettrait de poursuivre ma carrière, quitte à y laisser quelques mois, et tant pis si je dois donner de ma personne. Rendez-vous est donc pris dans huit jours à Levallois-Perret. Le Commissaire Christian lève les yeux et vient vers moi. Son regard fait montre d’une tristesse qui m’est inconnue, il me serre la main des deux siennes et me gratifie d’un « adieu » que je traduis immédiatement en réponse par un « au revoir » souriant.

Lui, il savait… il savait ce qui arrive à l’arbre qui fournit le manche à la hache !

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