14 – ETERNXLKZ : Enough

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Voilà, ce qui précède, c’est mon canevas, il me semble plutôt logique et de bon sens. J’ai aussi choisi mon prénom, Eiffel, en corrélation avec les initiales de mes prénom et nom, F-EL. Si on me demande d’où ça vient ou pourquoi, je pourrais dire par exemple « parce que j’aime grimper de belles tours, et les descendre » …

A cette période, les six semaines sont presque écoulées, je rentre petit à petit dans les rôles de mes trois personnalités, Poéma, Floriane et Eiffel. Pour ne pas perdre la première, j’ai décidé qu’elle contrôlerait les deux autres, deux marionnettes, ou plutôt, deux costumes pour des rôles de composition.

* * *

Peut-être vous posez vous une question, pourquoi j’en suis là ? Je crois que ce n’est même pas une question, seulement un enchaînement de faits qui, mis bout à bout, ont produit cette conséquence. Il s’agit bien de ça, de ce point de bascule, de cet endroit où la résistance s’effondre et l’argumentation commence à changer. C’est une balance dont on a chargé un côté si rapidement que je ne faisais plus le poids. Au moment où j’ai dit « oui », sans savoir, je n’étais déjà plus à l’équilibre. Ensuite, l’instrument a penché, progressivement, puis est arrivé en butée, j’avais accepté le costume qu’on souhaitait me voir porter…

* * *

Je pars demain. Le Docteur Stan est venu une dernière fois vérifier son œuvre… Après six semaines, ce qui devait être un 80C est un 80D. Il m’explique qu’il a passé le volume prévu entre 300 et 350, à 420 ml car il trouvait que c’était plus harmonieux. En même temps, c’est vrai qu’ils sont beaux, mais je suis furax quand même, sans doute juste pour la forme, ou parce que je peine encore à m’y habituer, tant au niveau de la gestuelle, de mon équilibre, que… de l’encombrement.

Cependant, il ajoute, sur le ton de la confidence, avec un sérieux que je ne lui connaissais pas, qu’on lui avait été demandé beaucoup plus, ainsi que d’autres interventions, mais qu’il s’y est opposé. Je vois à son attitude, à ses lèvres encontre entrouvertes, qu’il voudrait en dire plus mais qu’il s’est repris avant, comme si quelque chose lui pesait. Quand nos regards se croisent, le sien a changé, il redevenu celui que je connais. Sans doute pour se donner bonne conscience, il me tend une carte de visite en me disant qu’au cas où, il sera là pour moi.

Il laisse sans réponse les questions qu’il devait lire dans mes yeux. Un autre qui m’abandonne sans rien, façon de parler, c’est le Commandant Charles-Xavier qui brille par son absence. Sœur Sourire peut me dire agir sous son autorité, pour quelqu’un qui dirige une mission, il ne semble guère investi… C’est l’accumulation qui fait que, plus les jours passent, plus je m’accepte, et plus le brouillard semble moins épais. J’ai le sentiment que quelque chose ne va pas, mais je ne mets pas le doigt dessus dans la mesure où ce sentiment est bien trop diffus encore.

Le Lieutenant Christiane m’a amené ma nouvelle voiture. L’extérieur est rapiécé, mais la mécanique est en excellent état pour avoir été entièrement rénovée me dit-elle. En même temps, je suis très juste financièrement, il ne fallait pas m’attendre à une voiture de James Bond, mais la citadine me plaît bien. Carrosserie grise, capot bleu, parechoc avant blanc, vert à l’arrière, patch sera son nom de baptême.

C’est la dernière fois que nos chemins se croisent, et je la remercie pour son professionnalisme, en même temps, pour quoi d’autre ? Elle me confirme que Chax est retenu par ailleurs. Elle me sonde de son regard, voudrait-elle, elle aussi, me dire quelque chose qu’elle ne peut. Aurait-elle de la peine, s’inquiète t’elle pour moi, il est difficile de lire un visage habituellement si inexpressif.

Une seule fois son masque s’est fendu, deux avec aujourd’hui, le jour où elle m’a annoncé la venue d’un coiffeur pour me transformer en blonde platine. Avec le geste, le verbe et une vulgarité digne des meilleurs charretiers, j’ai dit « non ». Est-ce qu’il y avait une raison ? Comme ça, je dirais que j’en avais assez qu’on ne me demande pas mon avis, même si elle m’en avait donné l’ordre, j’aurais tenu bon.

Sans doute pour la forme, elle a insisté, très mollement, puis m’a proposé des perruques. Un peu honteuse de cet accès d’une colère qui m’était jusqu’alors étrangère, j’ai accepté en lui disant de se débrouiller. C’est ainsi que j’ai hérité de trois postiches. La première, est d’un blond doré dans une coupe asymétrique au-dessous des oreilles. Ensuite un carré noir long dégradé avec une grande frange, et enfin une perruque carmin longue, asymétrique et ondulée. Avec les supports et les produits, ça prend beaucoup de place dans ma petite voiture, mais elle a bien choisi, et de toute façon, il n’y a pas grand-chose dans patch.

C’est ma dernière nuit dans la campagne lilloise, apéro et dîner chez Lili et Samuel, ils sont très chaleureux, le moment est doux et agréable. Je pars de très bonne heure, alors on se dit au revoir car on se reverra, c’est certains. Pourtant, j’entends un adieu, mais qui sait de quoi l’avenir sera fait…

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