25 – ROB ZOMBIE : Pussy Liquor
La fin d’après-midi a déjà bien sonné lorsque je me rends compte que j’ai oublié de lui demander pour la tenue, tant pis, je ferais sans, de toute façon, j’ai vu de quelle façon mes futures collègues s’habillaient. Je ne ferais pas dans le « total-look-fluo » pour ressembler à un lampadaire, je devrais peut-être retourner voir Claudine, elle sera certainement de bon conseil. Je peux aussi commander sur internet. Il faudra peut-être que je dépose un peu d’argent sur mon compte, aussi que j’en gagne, tout ça ne va certainement pas être donné…
Tout en mangeant le repas que j’ai pris dans un restaurant asiatique qui était sur mon trajet, je rédige mon premier rapport pour mon employeur. Il sera de toute façon très court, principalement limité au fait que je commence sur le boulevard d’ici une dizaine de jours. J’irais le déposer demain. Tout ce qui m’appartient, je le consigne dans mes carnets. Je poursuis ma soirée en prenant des rendez-vous via le site, et ce n’est pas forcément simple, que suis-je prête à accepter ?
Avec cette question, je confirmais que mes inhibitions s’étaient évanouies, qu’effectivement, j’étais prête. Une femme de petite vertu dirait la plupart, le regard de gens avait-il une quelconque importance ? Ce n’était pas pour ça que j’allais changer de point de vue pour tout accepter, non, vraiment pas, notamment être attachée. Un réflexe de sécurité, certainement, j’avais besoin de ça, de rester maître de quelque chose, ne pas m’abandonner totalement.
Je dois avouer, j’ai été surprise par certaines demandes quant à des pratiques qui m’étaient inconnue, et pour lesquelles il a fallu me renseigner sur la toile. Le bondage était évidemment exclu, tout comme le sado-masochisme ? Quant à la domination-soumission, pas de la manière dont pouvaient l’envisager les adeptes. Je dois bien l’avouer, c’était parfois assez déroutant, écœurant voir nauséabond. Je ne m’étendrais pas sur ce sujet.
Dire que j’ai tout rejeté serait un vil mensonge. J’ai accepté le fétichiste des pieds qui se proposait de prendre soin des miens pendant deux heures pour peu que de lui consentir une finition… pédestre. Vous dire que c’était agréable, ça l’a été, le bonhomme était plutôt doué, surtout en y ajoutant la batterie de produits qu’il a employé ou le soin de quelques instruments. C’était presque du gâchis de les enduire de sa dernière crème…
Il y a eu aussi celui qui souhaitait pouvoir utiliser ses jouets, et il y en avait beaucoup dans sa valise à roulettes. Il ne m’a pas semblé méchant ou torturé, alors j’ai donné mon aval après différents échanges. En fait, il m’a convaincu en me disant que sa femme trouvait que ses jeux faisaient de lui un gros pervers, bizarre peut-être, mais c’est ce qui a fait pencher la balance. Qu’en dire, le lavement, ce n’est pas ce que je préfère bien que j’en conçoive la nature. Son envie était louable en soi, donner un maximum de plaisir à sa partenaire, mais j’ajouterais dans la conception qui était la sienne. Ça a pu être désagréable, presque douloureux parfois, mais heureusement souvent plaisant, même quand ça ne l’était pas…
Je suis certainement bien trop ignorante en la matière, j’aurais pu écrire « oie blanche », mais ce serait inadapté je pense, au moins pour la couleur. Ou bien alors suis-je trop cartésienne, ai-je besoin de comprendre ce qui me dépasse pour accepter toutes les demandes. J’ai réellement réalisé à ce moment que c’était impossible, que ce que je ne peux pas partager, réaliser, au moins intellectuellement, représente la limite. Humilier le client par la parole, pourquoi pas, ça change après tout. Quant à gifler, l’être moi-même, les douches dorées et j’en passe, il faudra peut-être attendre, que ça fasse son chemin. Pour l’instant, c’est au-delà, mon agenda est suffisamment rempli de toute façon.
Je suis allée prendre une douche avant de me mettre au lit.
Parfois, devant la grande glace, mon attention est attirée par un endroit de mon corps, comme si je le découvrais pour la première fois. La peau entre mes jambes me semble incroyablement nue. Deux lignes inclinées vers le bas forment un vé émoussé et une fente verticale le coupait en deux. Je déglutis, pensant que je n’ai jamais vraiment dénommé cette partie de mon anatomie, un peu comme si elle n’existait pas. J’y pense seulement comme « là-bas », « en bas », « devant », « zone pubienne ». Je déteste « chatte » ou « vulve » qui m’écorche la bouche. Je connais l'autre mot, bien sûr, mais il m’a toujours semblé trop extrême, comme à l’opposé ceux à consonance enfantine ou répétitive. Mais maintenant, alors que je me tiens là, nue, il ne fait aucun doute que ce que j’ai là, est mon abricot, ma chatte, qu’il me faut appeler un chat, un chat.
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