67 – ALICE COOPER : Dangerous Tonight
Il est difficile de répondre à cette question, Dany le Pim’s peut-il être capable de pitié, est-ce un sentiment qui peut exister chez cet homme ? Je n’en aurais toujours pas la réponse au moment de partir à la fin du mois de juin. Cependant, au lieu de me faire mon affaire dans la rue, maintenant il me ramène chez lui.
Ce n’est cependant pas ce qui l’empêche de m’envoyer ses copains avant qu’il ne vienne, ou pas. Il a toujours des idées aussi tordues que possible, mais en soi, le sexe avec lui reste « classique » enfin c’est ce que dit la putain que je suis. En effet, à bien y regarder, le président n’a pas si tort que ça, c’est vrai que parfois j’y trouve mon compte, et je ne le dédaigne pas.
Il faut peut-être que je change de perspective, que je mette de l’eau dans mon vin, enfin bref, que j’admette avoir un côté « salope » ! Ou bien, je pourrais simplement me dire que parfois, j’arrive à apprécier les circonstances ? Non, rien de tout ça, je suis simplement moi, ou une autre version de moi, celle qui a changé le jour où j’ai sorti mon arme.
Je me repasse souvent la scène avec le sentiment d’avoir bien fait, d’avoir sauvé mon coéquipier, et moi-même, d’un danger certain, mais d’avoir été sanctionné pour cela. J’en conserve un sentiment d’amertume, d’une injustice profonde. Je ne pense pas être le seul policier à ressentir cela. Tout dans ma tête est précis sauf le moment où j’ai été examinée dans une ambulance. Je sais que je l’ai été, mais je n’en ai pas les images comme de ce qui s’est passé, avant ou après.
J’ai mis du temps à identifier ce qui me perturbait, plusieurs mois, ce qui est dérangeant pour quelqu’un qui a une mémoire photographique plutôt précise, je butte là-dessus, mais rien. Pour en revenir à la situation qui nous occupe, ce que je mets désormais dans la notion de « classique » pour une prostituée, n’est rien d’autre que j’ai déjà pu largement évoquer quant au comportement masculin en rapport.
Là où le président a aussi raison, c’est que je suis désormais bien au-delà des rapports dits « vanilles ». Le champ des possibles s’est bien étendu vers ce que d’aucun définirait comme des perversions, quand bien même cela répond aux demandes de mes John. Ce qui se passe sur le boulevard est devenu une sorte de « normalité ». Vous savez, c’est comme le bruit ou les odeurs, l’être humain finit aussi par s’y habituer…
Du côté de mon activité d’escorte, tout comme pour la rue, ce que je pouvais ressentir comme humiliant est devenu en quelque, « commun ». Un autre synonyme, « normal », insultes, mots gras ou dégoûtant sont ma normalité, d’être secouée comme un prunier quand on me prend aussi, les crachats au visage ou dans la bouche également.
Ce qui fait aussi que mon activité d’escorte fonctionne plutôt bien, ce sont les actes que j’admets, comme ces derniers, de me faire claquer les fesses, sans retenue, et les joues, petitement, pour ne pas laisser de marques. Il y a aussi le fait de pouvoir avaler n’importe quel vit tout en léchant les testicules ou d’être ouverte à la pluralité, dans la limite de trois (et c’est tout !).
Juste un dernier, parce que je sais que vous vous posez la question depuis la lecture de mon annonce, s’agissant des jeux d’eaux, ou douche dorée si vous préférez. Non, ça ne me dérange pas d’uriner sur quelqu’un ou sur moi quel que soit la partie de mon corps, même dans ma bouche et d’avaler, il paraît que c’est sain ? Moyennant un très gros supplément, plus par dérision et afin de le dissuader, j’ai même laissé un client le faire dans mon vagin, la sensation est… bizarre…
Je vais arrêter là l’inventaire de mes prestations, juste afin que vous compreniez là où j’en suis, et si vous avez bien lu, je ne parle plus d’abricot ou de cerise. J’ai évolué vers des termes plus « adultes », mais aussi pour que vous compreniez que les mots du président ont fait sens. Ils en ont d’autant plus alors qu’avec ma langue je nettoie la selle de la moto de Pim’s du sperme de ses potes pendant que celui-ci me démonte l’arrière-train à sec.
En soi, ce n’est pas différent que d’avaler à la source ! Cependant, saviez-vous que le goût du sperme masculin peut changer, varier d’un homme à un autre. Je n’ai pas cherché à savoir pourquoi, ça n’a pas d’intérêt de toute façon, c’est seulement un constat. Mais comme parfois des questions stupides viennent me tirailler, il n’est pas impossible que j’en vienne à quérir la réponse sur la toile.
La dernière en date, et dans le genre débile, on ne fait pas mieux je pense. Mon premier client m’avait dit que j’avais dû en voir des kilomètres de bites, alors j’ai essayé de faire un calcul rapide, au bout de huit mois. En faisant une côte forcément mal taillée de quatre semaines par mois, six jours sur sept à raison de dix John par jour pour une moyenne de quatorze centimètres j’en suis arrivée à, en arrondissant, deux cent soixante-dix mètres.
Vous voyez ainsi le ridicule que peuvent avoir mes pensées, à tout le moins certaines, comme celle-ci, pouvant donner à réfléchir, voir faire peur, plus de mille neuf-cents hommes en huit mois alors que les doigts d’une main étaient de trop avant… Il n’en reste pas moins que je n’oublie pas ce qu’il y a derrière tout cela, le fait de pouvoir accéder au domicile du Pim’s, et surtout à son bureau, mais surtout au coffre qui se cache des étagères pivotantes, ou encore à son ordinateur.
Non, je n’oublie pas, car ce que je souhaite plus que tout, c’est retrouver le sens de ma vie antérieure, bien que j’en vienne régulièrement à douter que ce soit possible, surtout avec cette impression qu’ils épient tous mes faits et gestes.
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