68 – CHRISTOPHER DAVID BOOTH : Ulterior Motives (Everyone Know That)

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Du côté des bikers, je n’en sais pas plus que pour le coffre. Enfin si, ils font aussi dans le film porno. Apparemment ils recrutent sans trop de problème dans leurs maisons closes allemandes et tournent d’ailleurs dans ce pays. Pim’s n’était pas avare de détails, jusqu’à ce qu’il me demande franchement de tourner pour leur société de production.

Ma réponse a bien évidemment été négative. Il l’a respecté, ce qui m’a d’ailleurs surprise, je pensais qu’il abuserait de sa position, mais non. Cependant, il y a réussi autrement. Sous prétexte de l’accompagner faire des achats pour sa moto dans un de leur magasin de moto allemand, nous nous sommes finalement rendus sur un tournage.

Nous n’étions pas arrivés qu’il a remis le couvert sur les belles carrières de nombres d’actrices dont certaines cumulent avec une activité d’escorte. Paraît-il que beaucoup de messieurs rêvent de coucher avec une star du porno… En résumé, il me dit, « deviens connue et ton avenir est assuré, tu seras demandée dans le monde entier ».

Tout cela pour dire quoi ; il avait préparé son coup quand il m’a dit qu’il n’avait pas de doublure « chatte » pour le film, qui se trouvait donc en péril, que ça allait leur coûter et tout et tout… Lui faire plaisir pour qu’il ait confiance en moi, c’est ce que je me suis dit pour me donner bonne conscience. Il y a donc des gros plans de mon arrière-train sur pellicule, mais pas de moi en entier, je m’en suis assurée… autant que possible…

Qu’est-ce que ça fait, rien de particulier tellement je suis occupée à veiller sur mon intégrité, mais Pim’s est ravi d’en remettre une couche ensuite ! Quant à savoir ce que je pense du porno, vu de mon côté, même si j’ai échangé avec l’actrice que je suppléais, rien. Tout ce qu’elle espère c’est en tirer un business prospère comme certaines comédiennes ou chanteuses qui ont fait quelques films avant de devenir célèbres. Beaucoup de postulantes pour très peu d’élues…

Tout ce que j’en retire, c’est autant de nouvelles lessiveuses pour blanchir leur argent sale, cinq magasins de motos et deux sociétés de production. De son côté, Dany n’a pas renouvelé, il avait dû avoir ce qu’il voulait…

De mon côté, alors que la boule au ventre grossissait à mesure que la date approchait, j’ai fait ce que font beaucoup afin d’oublier, je me suis plongée dans mon travail, courant d’un rendez-vous à l’autre et multipliant mes tenues sur le boulevard. Avec la belle saison qui approche c’est plus facile, la soubrette fait fureur, comme la tenue de pom-pom-girl, tout comme celles d’infirmière ou de danseuse de saloon, bien que le corset ne soit pas des plus confortable ou la traîne pratique !

J’aie finalement réservé les déguisements pour les vendredis et samedis, le reste de la semaine, c’est mini-minijupe et brassière avec un maquillage appuyé, mais surtout des lèvres dessinées façon ventouse.

Victor fait toujours parti de mes clients, la Passiflore est vraiment un endroit agréable !

A Monsieur 11h30 est venu s’ajouter Monsieur 12h30, dans le bureau d’à côté, avec les mêmes attentes et la même façon de s’exprimer, peu de mots, beaucoup de borborygmes. De l’argent facilement gagné, d’autant que je peux passer de l’un à l’autre sans attendre.

Je passe sur Monsieur Godemichet qui résonne toujours selon l’adage plus c’est gros plus ce doit être bon. Je n’en ai jamais rien retiré, d’où le conditionnel, sauf à me demander comment, même avec sa crème décontractante, ça arrive à rentrer. Je ne prévois jamais rien après lui car il faut du temps pour les chairs reprennent leurs places. Il m’a quand même fait beaucoup rire avec sa valise de phallus extraterrestres multicolores.

Quant à Monsieur Fantasmes, comment dire, je ne sais pas combien il en a en réserve, mais bon, on en est là :

- les toilettes publiques et les sanisettes (aussi dégoûtantes l’une que l’autre, et l’odeur !),

- les toilettes d’un bar, si petite que j’avais presque la tête dans la cuvette,

- celles d’un restaurant huppé, nettement plus grandes, et plus propres,

- dans celles d’un cinéma et dans la salle en pleine séance (une gâterie),

- dans un parc en pleine journée dans les fourrés, sur un banc à la nuit tombée,

- dans une impasse en début d’après-midi à quelques mètres d’une rue passante,

- dans le tram (une gâterie),

- dans une cabine d’essayage,

- dans le confessionnal d’une église,

- avec une prostituée de rue, il est venu sur le boulevard.

Comme il voulait pimenter ses récits avec quelques photos, il m’a dit qu’il payerait double. Après réflexion, je me suis dit qu’en raison des lieux et des positions, on ne verrait pas grand-chose. Avec son accord, de toute façon, c’était comme ça, j’ai mis ma perruque rouge et fait l’acquisition de grosses lunettes de soleil genre aquarium. Sur aucune pose je ne suis reconnaissable, je m’en suis assurée.

A tout dire, le frisson engendré était plutôt pas mal, on a par deux fois frisé la correctionnelle. D’abord dans le confessionnal dont on est sorti sous les gros yeux du vicaire qui venait nous chanter la noce sur l’air de je t’engueule. Là où je nous ai vu plutôt mal, c’est dans l’impasse où, pourtant plutôt bien dissimulés, nous nous sommes fait prendre par deux îlotiers de la municipale. Ils ont fermé les yeux en échanges d’une gâterie chacun, ce qui a ajouté « avec un flic » la liste des fantasmes.

Quand j’y ai repensé quelques heures plus tard, j’ai pris une grande claque dans la figure, qu’étais-je devenue ? J’avais fait une fellation à deux policiers, spontanément et avec le sourire. Pour eux j’avais dû être la meilleure des salopes, et pour mon client, la plus salope des putes. Je ne suis pas encore certaine de la réponse, celle à la vérité que je me dois d’admettre, celle que j’ai déjà évoquée de nombreuses fois…

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