86 – THE BEATLES : Help
Réincarnation ?
Je viens d’ouvrir un œil sans trop comprendre ce qui m’arrive, je suis morte, non ?
Je bouge, juste un peu, avec difficulté. Je suis dans ce qui semble être une chambre, il fait jour derrière les rideaux, c’est éblouissant. J’amène une main devant mon œil, elle est presque entièrement bandée, comme mon avant-bras. Je touche mon visage, toute la partie droite l’est aussi. Je touche ma peau avec un doigt, elle semble pansée de toute part.
Je laisse le temps à mon esprit embrumé de recoller les morceaux dans la douleur lancinante qui accompagne mon éveil. Après ce qui me semble être des heures, j’arrive enfin à m’asseoir. Je regarde autour de moi, je me trouve dans une chambre d’hôtel. Je suis habillée de vêtements amples, qui m’appartiennent, mais je sais que je suis recouverte de bandage, plutôt serrés d’ailleurs.
Hébétée, je regarde autour de moi, je sais ce que j’ai traversé, mais je ne veux pas me souvenir, pas maintenant, un jour, ou pas, une larme perle de mon œil. Je vois une boîte de comprimés sur la table de nuit, avec une feuille de papier en dessous. Lorsque je la déplie, mon regard se porte immédiatement en bas, elle est signée « Pim’s », le rapprochement se fait immédiatement avec la voix, celle dont je cherchais le propriétaire, puis je lis :
« Bonjour Valériane,
Il m’est impossible de te demander pardon après ce que tu as traversé avec tant de force et de courage. Pour la première fois de ma vie, j’ai prié pour que tu tiennes jusqu’au bout, parce que sinon, il m’aurait été impossible de te soustraire à la mort. J’en crevais, chaque jour.
Il n’y a pas d’autre façon de te le dire, mais tu es décédée pour la seconde fois, sauf que je suis le seul à le savoir et que j’emporterais ce secret dans ma tombe, même si c’est toi qui viens un jour la creuser.
Ce médicament que tu as trouvé, il te faut avaler un comprimé toutes les six heures pour t’éviter de souffrir. Ne te pose pas de question quant à celui qui t’a rafistolé, j’en ai fait mon affaire, il t’a remplacé, mais tu n’as pas besoin d’en savoir plus.
Tu trouveras toutes tes affaires dans une seule grande valise, avec ton ordinateur et ton téléphone, sans les mouchards.
Tu trouveras aussi de l’argent, ne te demandes pas d’où il vient, tu ne voudrais pas savoir, mais tu dois bien t’en douter, mais aussi un billet de train pour aller où tu veux.
Tu trouveras également un passeport avec une toute nouvelle identité. Tu n’aimeras pas le prénom, mais bon, tu le connais et tu l’as choisi, Valériane.
Il y a également un disque dur qui contient, tout.
La chambre est payée jusqu’à demain midi.
Avec tout mon amour,
Pim’s »
Je pose la feuille, ma tête est vide. Le téléphone sonne sur un décompte de six heures. Comme un robot, je prends un cachet, me dirige péniblement vers la salle de bain. Je remarque, sur le petit bureau, des comportes à boire et autres briques de jus de fruits. Gauchement, je remplie le verre en plastique, et lorsque j’ouvre ma bouche pour y déposer le médicament, je lâche le gobelet qui s’écrase dans le lavabo, et moi au sol. Je n’ai plus une dent vaillante. En touchant avec un doigt, il me reste les trois dents du fond en haut et en bas.
Je ne sais pas combien de temps je reste prostrée, mais quand la douleur se fait urgente, j’avale la pilule avec une paille. Je me suis à nouveau regardée dans la glace de la salle de bain, puis celle en pied du vestiaire, je ressemble à une momie, je me déplace comme une petite vieille. Je suis vivante, mais où puis-je aller ? C’est la question que je me pose pendant un long moment, excluant d’emblée mes parents. C’est alors que je fouille dans mon sac, que j’en sors, non sans difficulté, la carte de Stan.
Je la regarde, je pense à Gilbert, mais nous sommes le 03 septembre, il doit encore être chez ses enfants, puis je ne veux pas l’inquiéter ni le mêler à ça, moins encore qu’il me voit. J’essaye de parler, on dirait ma grand-mère sans son dentier avec la voix de Rambo. Ma gorge est douloureuse, l’élocution laborieuse, tant pis.
- Oui, j’écoute…
- Bé Boéma…
- …
- Bé Boéma… baibe-moa…
- …
- Bil be blait Ban, je me mets à pleurer…
- C’est vraiment toi Poéma ?
- Boui !
- Ce n’est pas une blague ?
- Baibe-moa Ban, be né eu oi.
- Dis-moi où tu es je viens te chercher tout de suite.
Tant bien que mal, je lui donne l’adresse figurant sur un dépliant, le numéro de la chambre, je suis toujours en Belgique, à Gand.
- OK, je suis là dans 90mn…
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