Les péchés de l'amour

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  Theman ouvrit les yeux. Il s’éveillait doucement après avoir passé encore une nuit agitée. Une nuit pleine de réflexions. Proche de lui, allongée, se trouvait la femme responsable de l’agitation de ses nuits. Elle se nommait Valentine. Ses cheveux étaient bruns, et elle aimait les portées attachées en laissant de légères mèches devant son visage. Ses yeux bleus venaient compléter un visage fin et harmonieux. Son nez fin surplombait une bouche fine et souriante. Elle était de taille moyenne, fine. Alors qu’elle dormait tournée vers lui, Theman l’observait. Il voyait une femme parfaite, comblant toutes ses attentes. Il n’aurait jamais cru qu’un jour il serait au centre d’un couple si parfait avec une femme si attentionnée. Il était conscient que beaucoup devaient les envier. Mais il y avait un problème qui accompagnait les deux amants : Theman doutait.

Il était un homme ni trop jeune ni trop âgé. De taille standard et fine, il aimait prendre soin de sa silhouette. Ses cheveux, courts et coiffés, trônaient au sommet d’une tête élégamment fine, avec des traits agréables au regard. Ses yeux, sombres, étaient fixés sur sa partenaire. Une femme remarquable, mais qui n’empêchait pas son compagnon d’avoir des doutes sur leur futur à deux.

Le plus étrange dans tout cela est qu’il ne savait pas exactement pourquoi il doutait. Il était arrivé à un âge où la norme voulait que l’on concrétise des projets, une situation, un couple. Bientôt, selon les codes de la société, ils s’engageraient ensemble. D’une certaine manière, il l’avait toujours voulu, mais, arrivée au moment de concrétiser leur engagement, une peur était apparue. Il avait évidemment des sentiments pour Valentine, mais une chape de plomb invisible l’accompagnait sentimentalement.

  Il observa la belle femme à ses côtés. Elle dormait toujours paisiblement, sans se douter des pensées perdues de l’homme partageant sa vie. Il décida de se lever. Pris du désir soudain de sentir le vent, il enfila une tenue de sport et partit courir à jeun dans la forêt proche de leur habitation. Celle-ci était de couleur rouge.

Le temps était lourd, le soleil commençait doucement à briller, donnant au ciel une couleur de plus en plus chaude. Des nuages étaient déjà bien présents dans le ciel. Celui-ci était à peine visible. Un vent froid soufflait.

Theman courait à un bon rythme malgré la météo oppressante. Les arbres défilaient autour du sentier alors que l’humidité et le temps lui pesaient. Courir lui permettait de repousser des questions auxquelles il ne voulait pas répondre. Il arriva à un passage du sentier plus étroit, avec d’un côté des arbres serrés et de l’autre, un rocher sortant du sol et haut de trois mètres. Il passa comme à son habitude entre les deux sans ralentir le rythme, sans se douter de ce qui allait survenir. Alors qu’il arrivait au bout du passage, une ombre noire surgit à grande vitesse de sa gauche et le percuta de plein fouet, l’envoyant s’enfoncer dans les arbres.

  Il mit de longues minutes à s’éveiller. Il était en plein cœur de la forêt, hors du sentier. Son premier réflexe fut de regarder autour de lui, avant de se souvenir de ce qui l’avait percuté.

« Où est passé cet animal ? Je n’ai pas bien vu ce que c’était, mais il était lourd ! Mon Dieu, j’ai de la chance de n’avoir rien d’autre que des éraflures ! »

Autour de lui, les arbres très proches laissaient peu de place à la lumière. Il ne distinguait qu’un vague cheminement entre eux. Avant de se diriger vers celui-ci pour revenir au sentier, il passa sa main sur son corps afin de vérifier que tout allait bien. Quand celle-ci toucha son front, il ne put s’empêcher un cri : « Je saigne ! Je sens qu’il y a des égratignures partout sur mon front. Les branches ont-elles griffé mon visage à ce point ? Je me sens mieux maintenant, mais ces marques sanglantes sur mon front l’occupent dans toute sa largeur et sa longueur ! Elles ne me font pourtant pas souffrir plus que ça. Je dois rentrer au plus vite me soigner. Mais où est passé l’animal ? »

Son regard se promena tout autour, mais ne perçut pas de mouvement. L’animal n’était pas à ses côtés. Il remarqua qu’un vent s’était levé, comme une brise chaude. Il se mit debout, et se dirigea vers le cheminement au milieu des arbres obscurs. Le temps lui parut long sans qu’il ne vît pas de traces du sentier. Il commença à douter d’être sur le bon chemin. Il finit par arriver à un croisement. La confusion du jeune homme était totale désormais. Le chemin de gauche semblait long, mais plus lumineux, il lui parut plus facile. Celui de droite était encore plus sinueux que celui qu’il avait emprunté jusque-là. Il allait choisir celui de gauche, quand le cri d’un animal se fît entendre de ce côté. Il se dirigea vers celui de droite, craignant de rencontrer de nouveau l’animal imposant responsable de son égarement.

  Il marcha de longues minutes, toujours dans une obscurité ne faisant qu’augmenter. Soudain, au détour d’un changement de direction, il commença à percevoir plus de lumière. Au bout de quelque temps, la lumière était de plus en plus forte et il finit par voir une fin au sentier, le sortant de la forêt. Une fois les bois quittés, la surprise ne diminua pas : il était devant un lac. Stupéfait, n’ayant jamais vu ou pensé qu’un lac était ici, il en oublia de regarder plus autour de lui. Ce n’est que lorsqu’il remarqua le reflet dans l’eau du ciel qu’il leva les yeux. Il était totalement différent. Les nuages l’avaient progressivement quitté, dévoilant une couleur surprenante : le ciel était rouge. C’était un rouge qui respirait la passion de la vie. Theman était bouche bée devant le spectacle qui s’offrait à lui. Autour du lac, la forêt s’étendait. Il n’y avait d’autres issues que celle par laquelle il était venu. Il tomba à genoux devant la scène qui se tenait devant ses yeux éberlués. Le vent chaud continuait à souffler sur son visage meurtri.

De longues minutes semblèrent s’écouler sans qu’il ne bougeât pas. Soudainement, il perçut un mouvement proche de lui à sa gauche. Une fois de plus, il ne crut pas ses yeux. Un jeune homme se tenait devant lui, vêtu noblement d’habits d’un autre siècle. Sa stature droite imposait le respect. Ses cheveux sombres s’accordaient harmonieusement avec son visage fin. Celui-ci semblait compatissant avec un air de sincérité et de gravité qui se mélangeaient. Il semblait familier à Theman qui lui demanda : « Qui êtes-vous ?

Le nouveau venu déclara en ces termes :

“Ô toi, âme à qui, en ce jour j’apparais

Permets-moi de présenter mon humble personne

Je me nommais Roméo, l’amant de Vérone ma fin tragique obtint l’immortalité.

Approche et viens à moi : je serai ton guide.

À travers ces lieux, tu obtiendras des réponses

À condition d’être honnête et lucide

Peut-être que de ton front s’ôteront ces ronces

Une pour chaque péché existant,

En toi, l’amour peut apparaitre plus limpide

Si tu apprends les facettes des sentiments.”

  Si le jeune homme avait déjà été choqué, ce n’était rien comparé à ce moment. Il comprit pourquoi l’apparition lui paraissait si familière : il avait, comme tous, entendu parler de l’histoire tragique des amants Roméo et Juliette. Il comprit qu’il devait être dans un rêve à la suite de son choc avec l’animal. C’est pour cela qu’il voyait la scène devant lui avec un ciel si rouge.

“Tu as mentionné des ronces sur mon front, je n’en comprends pas la signification, demanda-t-il à son nouveau guide.

— Approche du lac, mon ami, et regarde ton propre reflet. Tu comprendras mieux. Une fois que tu assimileras pourquoi tu es ici, nous pourrons commencer ton chemin. Le lac nous sera essentiel”, annonça Roméo.

Theman s’exécuta et scruta son reflet. Une fois de plus, il n’en crut pas ses yeux. Ce qu’il pensait des plaies sur son front était en fait un motif complexe. Sept roses avec des ronces sanguinolentes ornaient son front en un motif semblable à une couronne. Mais elles ne saignaient pas, apparaissant juste d’un rouge vif.

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