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  Theman n’en revenait pas. Le motif sur son front, ces sept roses entrelacées de ronces, était si précis, si visible ! Il se tourna vers Roméo : “Pourquoi sont-elles apparues ? Comment puis-je me soigner ?

— Mon ami, ces roses représentent les différents péchés de l’amour. Tu doutes en ce moment de ton amour n’est-ce pas ? Nous sommes ici en un lieu qui te permettra d’y voir plus clair. Nous allons progresser à travers chacun de ces péchés, afin que tu comprennes toutes les choses qui, pour l’instant t’empêchent d’avoir une relation épanouie. C’est en les comprenant que tu pourras faire disparaitre ces plaies de ton front, et peut-être revenir vers le lieu d’où tu viens.

— Je dois être dans un rêve”, hallucina Theman.

Son guide l’invita d’un geste de la main. Roméo se déplaça au bord du lac circulaire. En le rejoignant, Theman sentit encore ce souffle chaud caractéristique de ce lieu.

“Nous allons à présent explorer le premier de tous les péchés. Suis-moi à travers l’eau.”

Il s’avança dans l’eau sans que celle-ci ne semble pas le mouiller. Theman hésita avant de le suivre.

— Je suis pris dans mes pensées, je souhaite me réveiller et faire disparaitre ces marques sur mon front. Si, en faisant tout ça, j’ai l’opportunité de faire disparaitre mes doutes amoureux, profitons-en ! » se motiva-t-il ?

Il pénétra à son tour dans le lac. Il ne sentit pas l’effet habituel mouillant de l’eau. Le niveau de l’eau arrivait à son cœur, il vit le ciel rouge tourbillonner et le décor changer, l’eau disparaissant. Il se trouvait à proximité de son guide devant un nouveau grand lac. Un ilot se trouvait sur celui-ci, et deux petites personnes semblaient dessus.

Roméo s’avança vers l’ilot, marchant sur l’eau. Theman en fit de même.

« Nous ne pouvons nous enfoncer dans le lac sans avoir compris les notions du précédent. Allons voir les deux pêcheurs. »

Theman fut surpris en arrivant sur place. Ceux qu’il avait pris pour deux petites personnes étaient deux adultes à genoux. Une marque à leur cou était rouge et sanguinolente. Ils étaient jeunes, bruns et se ressemblaient. L’un était un homme de la trentaine environ, les cheveux longs et habillés élégamment. L’autre était une femme, encore mieux élégamment vêtue. Ils semblaient tous les deux porter quelque chose sur leurs épaules tel un fardeau, les empêchant d’être debout. Ils se touchaient, essayaient de s’entrelacer, mais ne semblaient pas pouvoir se voir. Roméo prononça :

« Vois ici le plus pardonnable des péchés

Futile la raison comparée à l’amour

Aléatoirement, le cœur s’éprend un jour.

Les amants que tu vois ici agenouillés

Sont Marguerite et Julien de Ravalet

Toute leur vie, ils n’ont pu faire autrement

Désirant celui qui avait le même sang

Ils se voyaient cachés dans des lieux tels Fougères

Et finirent exécutes pour adultère.

On ne peut choisir qui notre cœur va chérir

Le but de tout amour devrait être la joie

On ne devrait faire des choix faisant souffrir

Eux n’ont pu, l’époque ne laissait pas la voie.

Prends le bon chemin malgré la douleur du choix

Quoique le bonheur s’en trouvera amoindri

Prends des décisions qui empêcheront le drame

Chanceux sont-ceux qui vivent pleinement leur vie

Nous ne pouvons que prier pour les autres âmes. »

  Theman prit le temps de réfléchir à ces paroles. Il sut ce qu’il devait en couter à Roméo de les prononcer. N’était-il pas un exemple parfait d’un amour interdit ? Il avait lui-même souffert d’un amour rendu compliqué par des conflits entre des familles rivales. Juliette et lui auraient très bien pu se trouver en ce lieu à la place du frère et de la sœur.

« Je comprends ton message ô guide, lui annonça-t-il.

— Oui, je le vois à tes yeux. As-tu déjà ressenti le désir d’une idylle surpassant les barrières ?

— Je le pense en effet. J’ai moi-même été très amoureux adolescent de ma professeure privée de Sciences. Je ne pouvais m’empêcher de la complimenter, d’apprécier son sourire et sa beauté. J’ai essayé de faire un jour une tentative de déclaration. Je compris à sa réaction qu’elle s’en doutait depuis longtemps. Elle rougit et ne dit jamais rien à ce propos. Mais son attitude changea, elle devint distante et bien plus froide.

— Et qu’en conclus-tu ? s’enquit Roméo.

— J’en conclus que, bien que cette histoire-ci soit de sens unique, la morale peut être appliquée à tous les cas. Premièrement, il ne faut pas confondre amour et désir. C’était le deuxième dans mon cas, et rien de bien concret ne serait survenu si mes avances avaient été reçues. Je n’aurais été que moins attentif et dérouté d’un chemin pour lequel je travaillais. Deuxièmement, si un amour cause de trop gros sacrifices, ne vaut-il pas mieux vivre pleinement sa vie ? Sinon, l’amour peut causer une amertume par les dégâts qu’il aura provoqués dans nos vies. Celles-ci sont des cadeaux dont il nous est demandé de les savourer pleinement », finit Theman.

Sur ces paroles, il sentit le courant d’air chaud souffler sur son visage. Il passa ses doigts à son front. Une des sept roses avait disparu.

« Tu as compris le sens de ce cercle, je t’en félicite, dit Roméo. Il est à mes yeux celui-ci qui est le plus excusable, car il est difficile de raisonner en amour. C’est pour ceci que les deux amants que tu vois peuvent se toucher et communiquer.

— Quel est le prochain cercle, ô guide ?

— Je t’en laisse la surprise. Suis-moi à travers le liquide. »

Ils laissèrent les amants derrière eux, plongeant dans le lac.

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