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  Levant la tête au travers de l’habituel souffle chaud, Theman observait le nouveau lieu où il se trouvait. Roméo était à côté de lui. Le décor semblait différent des précédents cercles. Le ciel avait changé de couleur, quittant le rouge si caractéristique pour un noir marbré de lueurs violettes. Les arbres autour de l’eau semblaient plus sombres et menaçants. L’eau, quant à elle, inspirait la crainte des profondeurs par son aspect lugubre.

« Je me doute de tes pensées, le devança Roméo. Les prochains cercles seront identiques désormais. Nous sommes entrés dans la noirceur humaine. »

Il avança, marchant vers un ilot au centre du lac. Theman lui emboita le pas.

Arrivé au centre, Theman ne vit personne. Seuls quelques larges rochers se trouvaient au centre du monticule. Cependant, il entendait un souffle de l’autre côté de ceux-ci. Faisant le tour, il tomba nez à nez avec un homme asiatique, dont les membres s’étaient fondus dans la roche, ne laissant que son torse apparaitre à l’air libre. Ses yeux allaient dans toutes les directions, semblant ne pouvoir voir ce qui les entourait. Il avait la quarantaine, il était brun, et il portait l’uniforme des militaires japonais de la Deuxième Guerre mondiale. Une légère barbe et moustache ornaient son visage. Il avait des lunettes rondes. Roméo ne lui jeta qu’un bref regard avant de prononcer :

« Les lieux où nous allons désormais pénétrer

Sont les péchés les plus vils qu’on puisse produire

Là, peu importe leur ordre, la gravité

Est égale : tous devront longtemps repentir.

Nous sommes tous différents, il en est un fait

Ces différences nous rendent ainsi semblables.

Les manques de respect envers l’humanité

On conduit à nombre de crimes abominables.

D’Homme, cette chose ne mérite le titre

Seul le dégout me vient lorsque je pense à lui

Il a écrit de l’histoire un affreux chapitre

Vois le criminel que fut Shirô Ishii.

Il fut durant la Seconde Guerre mondiale

En charge de l’unité 731.

Ils commirent grand nombre d’actions

Pratiquant des actes, telle la vivisection

Refusant aux cobayes leur genre humain

Aujourd’hui, il partage leur sort de manière égale.

L’amour n’appartient pas à un unique plan ;

Ressentir de l’empathie envers son prochain

Est un chemin incontournable à chacun

Souhaitant vivre le plus pur des sentiments. »

  Le jeune homme prit le temps d’assimiler les sages paroles de son guide. Il observa l’homme fondu au rocher, et se rappela de tout ce qu’il entendit à propos des crimes contre l’humanité durant les guerres. Il se souvint que cet homme avait échappé au procès de Tokyo en passant un pacte avec certains haut placés de l’Armée américaine. Il put vivre le reste de sa vie paisiblement sans répondre de ses actes.

« Comprends-tu ce que ce cercle signifie ? demanda Roméo.

— Je le pense oui. Il symbolise l’amour que nous devons avoir pour nos semblables. J’ai moi-même manqué d’empathie. J’étais jeune, à un âge où la bêtise s’exprime sur les autres. J’ai vu des plus faibles que moi subir moqueries, violences et humiliations devant moi. Au lieu de m’interposer ou de leur tendre la main, je les ai ignorés, étant content de ne pas être à leur place. J’ai même parfois ajouté à leur supplice, propageant rumeur et moquerie. La peur d’être rejeté par les autres m’a ainsi fait agir, ainsi que le désir d’appartenir à la foule majoritaire. Une fois un certain âge passé, je compris mes erreurs et fis de mon mieux pour empêcher de telles situations autour de moi.

— Je comprends tes sentiments. Nous avons tout un jour regretté des gestes injustement durs envers d’autres.

— L’amour est un sentiment général. Ressentir de l’amour en est la plus belle facette. On ne peut aimer correctement quelqu’un sans être capable d’un minimum d’amour pour l’humanité ou le monde qui nous entoure.

Alors qu’il parlait, il sentit une cinquième rose disparaitre de son front.

— Tu as franchi une nouvelle étape, mon cher ami, déclara Roméo.

— Les suivantes seront-elles aussi sombres ?

— Elles seront d’un genre différent, mais puisent dans ce que l’homme peut faire d’horrible. Viens, avançons. »

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